Les professeurs doivent apprendre aux élèves à devenir « libres, responsables et sachant vivre avec les autres », a estimé Claude Thélot le 31 août 2020 à La Rochelle. Haut fonctionnaire et éminent spécialiste des questions d’éducation, il a été invité, à la veille de la rentrée scolaire, à prendre la parole devant le personnel éducatif de l’ensemble scolaire Fénelon-Notre-Dame.
L’éducation est un sujet que maîtrise parfaitement cet ancien élève de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole nationale de la statistique et de l’administration économique (ENSAE). Claude Thélot a même été appelé à présider la Commission du débat national sur l’avenir de l’école, entre septembre 2003 et décembre 2004. C’est dire si le parterre de professeurs avait en face de lui un véritable spécialiste de l’éducation.
Plus qu’un art, plus qu’une science, l’éducation est une « construction collective », a rappelé en préambule le sociologue français. Puisque certains parents paraissent parfois se « désintéresser » de la croissance intellectuelle de leur enfant, et face au constat accablant que près de « 25% des jeunes se trouvent en échec scolaire », les professeurs doivent prendre conscience de la grande « responsabilité » qui leur incombe. Surtout au lendemain de la crise du COVID-19 dont il s’agit maintenant de rattraper les conséquences sur l’apprentissage scolaire.
Pour Claude Thélot, l’école a un objectif primordial : elle doit permettre d’éduquer les jeunes à devenir « libres, responsables et sachant vivre avec les autres ». Et son honneur et de « faire réussir tous les élèves ». D’ailleurs, a martelé l’ancien inspecteur général de l’INSEA et directeur de l’évaluation et de la prospective au ministère de l’Education nationale, le professeur est le « spécialiste de la réussite des élèves ».
La crise sanitaire a mis en lumière trois grandes tendances, a observé Claude Thélot : le « distanciel » s’est amplifié, les « inégalités » se sont creusées et « l’isolement » s’est précisé. Face à cela, a-t-il remarqué, il s’agit de « changer les pratiques éducatives » pour permettre à tous de s’en sortir avec un « socle commun », indispensable selon le polytechnicien pour « réussir sa vie ».
Ce socle commun, quel est-il ?
Pour Claude Thélot, c’est clair : il faut enseigner en priorité la langue française, mais également les mathématiques et les sciences afin de permettre de « se former au raisonnement » et d’être en mesure d’apprendre à cette jeunesse, la première à être intégralement formée sur écran, à « distinguer le réel du virtuel ». Les sciences, a-t-il renchéri, permettent également d’enseigner à discuter sans se battre et à clore des discussions sans humiliation.
Dans cette ligne, les professeurs doivent éduquer leurs élèves à vivre ensemble, a encouragé Claude Thélot. Ils doivent « former les futurs citoyens » à comprendre les institutions qui l’entourent, les former à discuter, à écouter et à s’exprimer. Rien de tel pour cela, a-t-il prodigué, que d’organiser des débats ou de simuler des procès.
Enfin, a imploré le haut fonctionnaire, les professeurs doivent tout faire pour rendre impossible la triche. Mais pour cela, « ne trichez pas vous-mêmes, leur a-t-il demandé : arrivez à l’heure, rendez les copies dans les temps, soyez exemplaires ! ». Car les élèves doivent pouvoir s’identifier aux professeurs et ainsi mettre en pratique l’adage biblique selon lequel il faut faire aux autres ce que l’on aimerait qu’ils nous fassent. PAD