
Présentation générale des archives du diocèse de La Rochelle
Les archives historiques du diocèse de La Rochelle comprennent essentiellement deux parties :
Le fonds ancien, caractérisé par la cote Fa, qui regroupe l’essentiel des archives antérieures à 1800, provenant de l’ancien Evêché de La Rochelle, et pour une part bien plus modeste, de l’ancien Evêché de Saintes.
Le fonds moderne, réparti en 18 séries, et qui adopte la classification préconisée part l’association des archivistes de l’Eglise de France.
Le fonds ancien, malgré des pertes importantes, demeure considérable. Il concerne le diocèse créé par la bulle du pape Innocent X, du 6 mai 1648, à la demande de la régente. Le diocèse, dont la création était envisagée depuis le siège de 1628, regroupe l’ancien diocèse médiéval de Maillezais à l’Aunis, qui fut alors détachée de Saintes. Ce diocèse, d’une configuration bizarre, montait jusqu’à Vihiers et Cholet, aujourd’hui en Maine-et-Loire ; s’étirait en largeur de Tiffauges à Saint-Loup-du-Thouet, et comprenait Bressuire et Fontenay-le-Comte. Quelques pièces, dont les plus anciennes remontent au XVIe siècle, sont antérieures à la bulle de 1648, et concernent donc en principe le diocèse de Maillezais.
Le fonds ancien a été pour l’essentiel classé par le père Louis Pérouas, alors qu’il préparait sa thèse de doctorat sur «Le diocèse de La Rochelle de 1648 à 1724 ». La cotation établie par le père Pérouas a été respectée dans sa presque totalité. On lui a simplement ajouté le préfixe Fa qui caractérise maintenant le fonds ancien. Quelques pièces retrouvées depuis ont été intégrées à ce classement. Par contre, des travaux modernes, qu’il avait regroupés sous la
cote VII B, sous le titre « notes d’érudits », ont depuis retrouvé logiquement leur place dans la série Z du fonds moderne.
La sous-série Fa II – « Visites pastorales » – constituent vraiment ce que le père Pérouas désignait comme « le joyau
du fonds de l’évêché ». Elles s’échelonnent de 1624 à 1741, soit sur sept épiscopats, que désignent les cotes II A à II G. Cependant, quatre épiscopats sont surtout bien représentés : ceux de Jacques de La Guibourgère, Henri de Laval, Charles Frézeau et Etienne de Champflour (1648-1724). L’évêque ou ses délégués effectuent des visites dans les paroisses et les communautés religieuses, dont les comptes rendus conservés sont riches de renseignements de toutes sortes ; non seulement sur l’état de l’église et son mobilier, mais aussi sur le cimetière, les dévotions locales, les confréries, les écoles, les maladreries, les bénéfices ecclésiastiques subsistant dans la paroisse, aliénés ou non, la moralité du clergé, le degré de ferveur des habitants…
Il est à noter que les visites pastorales ont été intégralement microfilmées, et qu’elles sont consultables sous cette forme aux Archives départementales de la Charente-Maritime. On s’abstiendra donc de recourir aux originaux, fragilisés dans le passé par de trop nombreuses manipulations.
Le fonds moderne adopte un classement que l’on devrait aujourd’hui retrouver d’un diocèse à l’autre. Il ne semble pas nécessaire d’en décrire chacune des séries. Simplement, quelques éléments particulièrement riches méritent d’être mentionnés.
Rappelons que le diocèse reconstitué par le concordat de 1801 comprenait les départements de la Charente-Inférieure et de la Vendée. Cette situation dura jusqu’au rétablissement du siège épiscopal de Luçon en 1817, et même un peu plus tard, puisque le nouvel évêque de Luçon, Mgr Soyer, n’arriva qu’en 1821. Depuis lors, le diocèse de La Rochelle correspond exactement au département civil.
D’une manière générale, la période de l’Empire et de la Restauration, qui correspond à l’épiscopat de Gabriel-Laurent Paillou (1804-1826) est bien représentée. Cela vaut aussi bien pour les actes du Saint-Siège (série A), la réorganisation territoriale du diocèse (série C), l’état du clergé (série D), les actes des évêques (série E), que pour les séminaires : petits (1 H 2 et 1 H 3) et grands (2 H 1).
Au XXe siècle, trois épiscopats vont laisser des archives plus abondantes. Ce sont ceux de :
– Jean Eyssautier (1906-1923). Cet évêque, pris au sein du presbytérium diocésain au moment d’une crise grave (Séparation de l’Eglise et de l’Etat et succession difficile de Mgr Le Camus) a laissé le souvenir d’un saint homme ; et c’est avec vénération que ses papiers semblent avoir été conservés. Dans une période de grande précarité matérielle, il travailla à faire vivre l’Eglise après la Séparation.
– Louis Liagre (1939-1955). Il correspond à l’épanouissement de l’Action catholique. Les papiers de l’évêque ont été largement conservés. Ils regroupent les actes de son magistère (1 E 7 à 1 E 9), la correspondance de ses collaborateurs (8 F 3 à 8 F 5), les mouvements d’apostalat de laïcs, et en particulier l’Union des Catholiques d’Aunis et de Saintonge (3 K 4 à 3 K 7), ainsi que les différents mouvements d’action catholique (sous-série 4 K). S’y ajoutent de volumineuses archives privées (sous-série 3 Z).
– Xavier Morilleau (1955-1963). Si l’action de cet évêque passe pour avoir été moins novatrice, il n’empêche qu’une grande partie de la correspondance des collaborateurs de l’évêque est conservée et classée (8 F 6 à 8 F 19). Comparativement, l’épiscopat d’Eugène Curien n’a laissé que fort peu d’archives.
Dans d’autres domaines, on notera parmi les causes de béatification, celle des prêtres des pontons de Rochefort : la sous-série 7 G I ne compte ainsi pas moins de quarante cartons contenant une documentation abondante sur le sujet. La cause, qui à ce jour n’a pas abouti, de Marie-Eustelle Harpain comprend cependant cinq cartons (7 G II).
La série Z (documentation historique) est forcément très disparate. On y relève pourtant maintes études intéressantes qui sont restées partiellement ou totalement inédites : les recherches de l’abbé Brodut sur Tonnay-Charente et son canton ; celles de Mgr François Ducoux sur l’activité des prêtres clandestins sous la Révolution, et sur les écoles congréganistes au XIXe siècle ; ou bien encore les recherches effectuées entre 1854 et 1871 par les abbés F. E. Cholet et Th. Grasilier sur le théologien médiéval Jean de La Rochelle, et qui constituent toujours pour les spécialistes du sujet une source à consulter.
La série P, constituée de versements effectués par les paroisses, est évidemment fort disparate elle aussi. On y relève, comme particulièrement intéressantes, les archives versées par la paroisse de Marans qui ne compte pas moins de 35 cartons.
Moins anciennes, mais également fort intéressantes, sont les archives versées par les paroisses de Benon, Charron et Saint-Xandre, ainsi que par les différentes paroisses de La Rochelle (Cathédrale, Saint-Sauveur, Saint-Nicolas et
Saint-Jean).
A noter aussi, provenant de la paroisse Saint-Eutrope de Saintes, quelques vestiges des archives de l’ancien prieuré clunisien, arrachés à la charrette des révolutionnaires qui les conduisait au feu !
On est par contre frappé par la pauvreté des séries O (officialité) et S (cultes non catholiques), cette dernière comprenant surtout des certificats d’abjuration.
Au total, c’est donc un fonds, certes disparate, mais riche de beaucoup d’atouts qui s’offre à l’attention des chercheurs. Nul doute que dans l’avenir, des universitaires et des étudiants de l’université de La Rochelle ou d’ailleurs auront recours à ces archives dont la consultation s’avère indispensable pour toute étude approfondie portant sur l’histoire religieuse de nos provinces d’Aunis et de Saintonge au cours des quatre derniers siècles.
Yves Blomme
archiviste diocésain
Conditions de consultation
Les archives diocésaines sont consultables à la maison diocésaine, 6 allée du Séminaire, 17100 Saintes.
Elles sont fermées les jours fériés et pendant les mois de juillet et d’août, ainsi du 25 décembre au 1er janvier.
Il est nécessaire de prendre rendez-vous avec l’archiviste diocésain : blommeyves@gmail.com – 06 40 07 94 16
Il est recommandé d’effectuer au préalable une recherche sur le catalogue en ligne (ci-dessous), afin de repérer à l’avance les cartons dont on souhaitera avoir communication.
Le nombre des lecteurs est limité par le nombre de places qu’offre la salle de lecture.
Les cartons sont remis un seul à la fois.
Il est permis de prendre des notes, ainsi que de photographier les pièces d’archives sans l’aide d’un flash.
Il existe aussi un service de photocopies payantes, mais on préférera toujours prendre des clichés en salle, au moyen de son propre appareil.
Il est absolument interdit de sortir quelque document que ce soit des archives. Cette disposition vaut également pour tous les ouvrages de la bibliothèque, ainsi que pour les revues.
Au cas où il serait nécessaire de faire effectuer une reproduction par un professionnel dans son atelier, une autorisation écrite de sortie exceptionnelle devra être demandée et obtenue de l’archiviste.
Les cartons classés « Diffusion restreinte » ne peuvent être communiqués qu’avec l’autorisation de l’archiviste.
Les cartons classés « Confidentiel » ne sont pas communicables, sauf à obtenir une autorisation exceptionnelle de Mgr l’Evêque, du vicaire général ou bien de l’archiviste.
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