La mobilité au cœur des préoccupations du Secours catholique

9 Nov 2015

Photo : Jean Chalié, délégué diocésain du Secours catholique de Charente-Maritime ; Catherine Baril, trésorière ; Thérèse Lecroart, président départementale. (@ : Service com, diocèse 17) 

Le Secours catholique a publié son rapport statistique annuel jeudi 5 novembre. Il met l’accent sur les difficultés de mobilité des personnes démunies. Un problème important dans un département rural comme la Charente-Maritime, qu’il combat avec ses armes.

Pour Thérèse Lecroart c’est une évidence, la mobilité est un « vrai problème en Charente-Maritime ». « C’est un département rural. Dans les campagnes, il n’y a pas beaucoup de transports en commun. Il faut un véhicule pour se déplacer mais tout le monde n’a pas les moyens d’en avoir un. »
A l’occasion de la publication du rapport statistique annuel national du Secours catholique sur le thème de « la fracture mobilité » jeudi 5 novembre, la présidente de la délégation de Charente-Maritime a donné une conférence de presse dans les locaux de l’association à Aytré. Elle était accompagnée de Jean Chalié, délégué diocésain et de Catherine Baril, trésorière.
Ces acteurs de la solidarité savent combien les difficultés de mobilité peuvent être des facteurs aggravants de la pauvreté. En particulier dans les zones rurales et « hyper rurales » au sud et à l’est du département. Et ils n’ont pas manqué de le rappeler.
« Ces lieux sont de plus en plus désertés par La Poste, les services de proximité, les médecins, les commerces… sans parler du faible nombre d’emplois », précise Thérèse Lecroart. Autant de services auxquels les personnes à faibles revenus peinent à accéder, faute de moyens de locomotion adaptés. Résultat : « Elles s’isolent socialement ». Et s’enfoncent toujours plus dans la précarité.
Le rapport statistique 2015 indique que 56% des bénéficiaires des aides du Secours catholique ont moins de 60 ans et n’ont pas de voiture. 69% sont au chômage, et 4% seulement bénéficient d’une formation professionnelle.
Dans l’éditorial de ce même rapport, Véronique Payet et Bernard Thibaud, respectivement présidente nationale et secrétaire général, détaillent le quotidien de ces personnes « privées de voitures, parfois sans permis », « exposées à la précarité » :
« Elles effectuent leurs trajets à pied, vont chercher les transports en commun même lorsqu’ils sont éloignés », écrivent-ils. « (…) Contraintes pour effectuer leurs courses, rechercher un emploi, mener des démarches administratives et se soigner », elles « se démènent jusqu’à l’épuisement, parfois même jusqu’au découragement ».
Pour combattre cette « fracture de mobilité », le Secours catholique de Charente-Maritime et ses 540 bénévoles répartis en 27 équipes locales agit de manière pratique et stratégique. 20% des aides qu’il attribue sont des aides à la mobilité qui prennent entre autres la forme de « bons d’essence », d’aides à la réparation des véhicules ou de microcrédits.
La moitié des microcrédits servent à acheter des voitures. Leur demande est en hausse constante. « Les banques ne prêtent plus aux personnes qui n’ont pas de CDI », déplore Catherine Baril. Un problème quand on sait que les emplois intérimaires, en principe plus accessibles aux personnes peu qualifiées, nécessitent de nombreux déplacements.
L’association caritative promeut auprès des personnes qu’elle accueille ou rencontre des solutions susceptibles de favoriser leur mobilité. Parmi elles : les « garages solidaires », le « Taxi Mouettes », ou les navettes gratuites mises en place par certaines communes ou inter communes.
Sensibiliser les élus aux problématiques de mobilité est un autre axe de travail majeur du Secours catholique. La période est propice à cela étant donné l’approche des élections régionales (décembre 2015) et la constitution des nouvelles grandes régions.
Regrettant que des services comme Blablacar ne soient accessibles qu’aux détenteurs de cartes bancaires, l’association souhaiterait également appuyer des initiatives de covoiturage « accessible à tous ».
Sur les 12 000 personnes qu’elle a aidées l’an dernier en Charente-Maritime, 30 % étaient des hommes seuls. Beaucoup avaient moins de 25 ans. « Certains enchaînent des contrats de travail temporaires et précaires liés au tourisme saisonnier sur le littoral et sur les îles. »
Le Secours catholique est convaincu que l’urgence, face à ces publics, est de « créer du lien social ». Cela passe aussi par l’aide à la mobilité.
O.S.

Plus d’infos…

Rapport statistiques 2015 en Charente-Maritime
La « fracture mobilité » sur le site internet du Secours catholique national

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