Homélies données par Mgr Colomb pour la nuit de la Nativité et le jour de Noël

26 Déc 2018

Homélies données par Mgr Colomb pour la nuit de la Nativité et le jour de Noël

 
Homélie Messe de la nuit
Saisis d’une profonde allégresse, les chœurs angéliques ont fait résonner les cieux de joyeux cantiques en cette douce nuit de la Nativité. Leur chant est un écho lointain à la prophétie d’Isaïe : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Un Enfant nous est né, un Fils nous est donné[1] ». Mettant fin à la tyrannie de l’ignorance et du péché, Dieu a envoyé son propre Fils dans le monde pour nous réveiller de nos torpeurs, nous délivrer de nos illusions, nous stimuler à la conversion. Tout en cette nuit respire un parfum de paix et nul n’est exclu de la joie qui vient réchauffer nos cœurs, y susciter de saintes aspirations et nous inviter à adorer le nouveau-né de la crèche. C’est de la révélation du Fils éternel dans la chair que le roi David prédisait : « dans mon ravissement, la nuit est devenue une lumière[2] ». Laissons-nous ce soir enseigner par la nuit, qui, dans le langage mystique, est chargée d’un sens paradoxal : elle est d’abord le lieu du recueillement, de l’intimité avec Dieu, du silence des sens et de l’esprit, si propice à la paix intérieure ; mais elle est aussi un lieu de conquête pour la lumière qui est le Christ et c’est de ce second aspect dont je souhaiterais vous entretenir.
La lumière a resplendi dans le monde pour dissiper trois types d’obscurités : 1) celle de notre péché ; 2) celle de notre ignorance ; 3) celle de nos faiblesses.

  • JÉSUS EST L’AGNEAU DE DIEU QUI ENLEVÉ LE PÉCHÉ DU MONDE. « Bien-aimé, écrit saint Paul dans la première lecture, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ[3]». Jésus vient réconcilier l’humanité blessée par le péché d’Adam avec le Créateur et Maître de l’univers, rendre à sa beauté première la création. Il est la sainteté même et de sa présence émane une puissante force de conversion. Que cette nuit de Noël fasse revivre en nous la pureté de l’innocence baptismale ; que l’Enfant Jésus répande en nos âmes le zèle pour la maison de Dieu, le goût du bien, le sens de la gratuité, l’esprit de bonté et de mansuétude. Laissons-nous toucher par la pureté, l’humilité, la pauvreté de ce Nouveau-né, qui défie l’orgueil, la tyrannie, l’insolence d’un monde arrogant livré au péché et au désespoir.
  • JÉSUS EST LA VÉRITÉ QUI ILLUMINE LE MONDE. Aux bergers comme aux Mages, c’est dans un halo de lumière que les anges annonciateurs de la Nativité se manifestent : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». La lumière de Bethléem est un guide très sûr pour mieux connaître et aimer Jésus ; en ce jour, le Sauveur du monde se révèle à nous sans grande majesté, mais dans la pauvreté et la nudité de la crèche. Si les anges apparaissent aux pasteurs de Judée, c’est pour leur apprendre à voir avec les yeux du cœur cet essentiel que, souvent, nous ne parvenons pas à distinguer, surpris par l’enchaînement incessant des préoccupations, des projets, des tâches diverses et variées du quotidien, les exigences du métier, les nécessités sociales ou familiales… Si nous sommes venus nombreux ce soir pour entourer l’Enfant Jésus, peut-être est-ce par tradition, par curiosité, par mondanité… mais c’est surtout parce que nous pensons que nous avons quelque chose à apprendre auprès de la crèche ; que l’abaissement du Fils de Dieu contient un mystère riche d’enseignement et de grâces. Ne repartons pas sans nous être ressourcés auprès de Jésus ; ne repartons pas sans prendre la résolution de venir le voir plus souvent, de l’honorer désormais de notre présence chaque dimanche et de le prier chaque jour ; ne repartons pas sans le désir de rendre nos vies plus conformes à ses lois, plus réceptives à son amour et de propager dans notre société malmenée par le mal, la lumière reçue avec abondance.
  • JÉSUS EST LE BON PASTEUR QUI RÉPARE NOS FORCES. Il nous reçoit tels que nous sommes, avec notre histoire, nos infidélités, nos pauvretés et misères spirituelles : en ce jour béni de Noël, nul ne doit être écarté de la divine lumière qui guérit les infirmes, apaise les âmes tourmentées, console les affligés, affermit les justes. Sommes-nous pécheurs ? Allons donc à Bethléem nous exposer au rayonnement bienfaisant de cet Enfant qui, sous de chétives apparences, nous purifie de nos souillures et nous revêt de sa miséricorde. Saint Jean écrit que « la lumière a relui dans les ténèbres et que les ténèbres ne l’ont pas reçue[4]». Aujourd’hui, ne permettons pas que ce malheur assombrisse l’étoile de Bethléem : convertissons-nous ! Allons trouver le prêtre pour demander la remise de nos fautes, puis, purifiés, approchons-nous sans crainte de l’Eucharistie où comme jadis dans la mangeoire d’une pauvre étable, se tient caché le Roi des cieux. Cette troisième lumière qui guérit, conforte et sanctifie est toute intérieure. C’est dans le secret de l’âme que Dieu accomplit en cette douce nuit le plus important de sa mission. Ne pleurons pas sur les malheurs du monde, le triste spectacle d’une société gagnée par l’individualisme, sans prendre des résolutions à l’échelle de notre vie. La conversion intérieure est le premier pas qu’il nous faut faire pour vivre l’évangile en vérité et l’annoncer à nos frères.

Demandons avec confiance à la sainte Vierge qu’elle dispose nos cœurs à recevoir l’Enfant nouveau-né, comme jadis elle l’emmaillota de langes. Ces langes qu’il veut faire resplendir de sa vie, de sa vérité, de ses grâces, ce sont nos âmes. Accueillons avec action de grâces et émerveillement Dieu dans nos demeures ; prions Notre-Dame pour qu’elle établisse fermement dans nos existences le règne de ce Roi d’humilité afin que nous puissions unir nos voix à celles des chœurs  célestes : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ».
 
[1] Isaïe, IX, 1 et 5.
[2] Psaume.
[3] Tite, II, 11-13.
[4] Jean, I, 5.
 

Homélie Messe jour de Noël 2018

Cette nuit, comme jadis à Bethléem, Jésus-Christ est venu établir sa demeure au milieu de nous. Tel est le joyeux message qui, chaque année, revit dans nos cœurs, dans nos familles, dans notre société : « La terre a vu la victoire de notre Dieu. Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez[1] ! » Oui, que l’univers tout entier proclame la renaissance du jour et l’entrée de l’humanité dans une nouvelle ère, une ère de grâce, de miséricorde et de paix. Approchons-nous avec confiance de l’Enfant de la crèche : sous de modestes apparences, Dieu se manifeste à tout homme de bonne volonté. La liturgie de la messe du jour de Noël nous invite à recevoir avec profit la visite de l’Enfant Roi ; à recevoir, non d’une manière égoïste et stérile, mais pour annoncer au monde entier la bonne nouvelle du salut. C’est sous le signe des pasteurs de Judée que l’Eglise nous enjoint aujourd’hui dé témoigner sans peur, sans calcul, sans réserve, que Jésus, vrai Dieu et vrai homme, est le Sauveur de nos âmes, qu’il est la source de toute joie authentique et de toute paix durable.

  • JÉSUS EST LE SAUVEUR DES HOMMES. Sa mission commence dès le berceau : en sa chair, le Fils éternel de Dieu reconquiert l’humanité blessée par le péché d’Adam. Marie assume à ses côtés une mission de premier plan : elle est la mère du Rédempteur, la Nouvelle Eve, celle par qui la vie renaît dans le monde. Deux aspects peuvent être considérés dans l’œuvre de l’Incarnation : sa dimension rédemptrice, qui constitue la réparation de la faute originelle ; sa dimension salvifique qui élève l’homme à un plus haut degré de connaissance, d’amour et d’intimité avec Dieu. Jésus-Christ a assumé la nature humaine, non seulement pour la purifier, mais encore pour la conduire à une plus ample participation au mystère de la vie divine. « À bien des reprises et de bien des manières, écrit saint Paul dans la deuxième lecture, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes[2]». Nous sommes membres du Christ et le Christ est membre de l’humanité : voilà pourquoi nous héritons des libéralités et des tendresses du Père. L’Incarnation est le premier volet de notre transformation ; si nous voulons vivre selon l’évangile, il nous faut apprendre à recevoir de tout cœur la lumière de Bethléem, à écouter, en silence, ce que nous dit le Verbe fait chair, à nous rendre tout disponibles et tout enseignables.
  • JÉSUS EST NOTRE JOIE. Quelle tendresse, quel réconfort, quelle joie, émanent de ce nouveau-né ! Venons à la crèche et, comme les bergers et les mages, adorons en silence l’Homme Dieu. Jésus ne descend pas de la droite du Père les mains vides ; il vient chargé de dons précieux, mais saurons-nous les recevoir ? Ces dons, ce sont des grâces d’illumination pour mieux comprendre les mystères de la foi, des grâces de forces pour porter au monde le message de l’Evangile, des grâces de conversion pour que nous mettions nos pas dans les pas du Seigneur. Toutes ces faveurs embaument l’âme de la joie de la crèche qui est une joie simple, dépouillée, spirituelle, mais combien plus authentique que les plaisirs factices de cette vie et les illusions de notre société, hélas gagnée par l’indifférence et l’individualisme. Exposons à la lumière de Noël les grandes souffrances de notre temps : la guerre, la faim, la misère qui sévissent dans certains pays du monde ; la misère spirituelle de notre Europe déchristianisée ; la solitude et le drame du péché qui peuvent nous accabler ; les lois iniques qui décomposent la cellule familiale ou bafouent le don précieux de la vie, menacée du début à la fin. Aujourd’hui, faisons le pari de la lumière : acceptons de considérer en vérité notre destinée et de rechercher le bonheur à partir d’une interrogation saine et libre de tout calcul : qui suis-je ? Où vais-je ? Quel sens donner à ma vie ? Quelle place accorder au Seigneur dans mon quotidien ? Quelle place accorder à mon frère, à la France, mon pays, à l’Europe, union de nations aux racines chrétiennes ?
  • JÉSUS EST LE PRINCE DE LA PAIX. Au terme d’une telle démarche spirituelle, nous ne pouvons que trouver la paix, qui est l’inévitable dénouement de toute joie chrétienne. «La paix, dit saint Augustin, est la tranquillité de l’ordre». C’est dans le repos de l’esprit et de la volonté, dans la tranquillité des sens et de l’imagination que l’homme parvient à se redécouvrir et qu’il apprend à se posséder pleinement. Ne soyons pas dupes de l’image que le monde nous renvoie de nous-mêmes, image qui, continuellement, entretient en nous la course au progrès, une agitation fiévreuse et inquiète quant à nos apparences, notre devenir, les états de notre conscience. Aujourd’hui, pensons à communiquer la paix de Noël à ceux qui nous entourent et qui souffrent ; faisons le, non par des discours et de grands projets sociaux, mais par la prière et l’amendement de nos vies, en vivant intégralement le message de paix apporté par le Christ Sauveur, ainsi que nous y invite Isaïe dans la première lecture : « Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut, et vient dire à Sion : Il règne, ton Dieu[3] ! »

Je vous souhaite à tous, chers frères et sœurs, une sainte fête de Noël. En ce temps béni, tenez-vous près de Notre-Dame et laissez la lumière du Nouveau-né irradier votre existence. Recevez puis donnez : soyez les messagers de la bonne Nouvelle qui, par l’Incarnation du Fils unique du Père, se propage aujourd’hui dans le monde, messagère de paix et d’allégresse. Que les cadeaux échangés en famille, entre amis, apportent l’amour de Dieu, la douceur et la paix de la nuit étoilée de Bethléem, à ceux qui les donneront et à ceux qui les recevront. Joyeux Noël !
 
[1] Psaume 97, 3-4.
[2] Hébreux, I, 1.
[3] Isaïe, 52, 7.


+ Georges Colomb
Évêque de La Rochelle et Saintes

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