Homélie du dimanche 26 avril 2020 – 3e dimanche de Pâques

26 Avr 2020

Ac 2, 14.22b-33 ; 1 P 1, 17-21 ; Lc 24, 13-35

” À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain”

Tournant le dos à Jérusalem deux disciples marchent vers Emmaüs. Accablés de tristesse, ils échangent sur les récents événements, sur la mort de celui qu’ils ont cru être l’espérance d’Israël et sur les témoignages de celles et ceux qui le disent ressuscité. Ils tentent de comprendre ce qu’aucune intelligence humaine ne peut concevoir. Il faut la grâce, l’œuvre de l’Esprit-Saint, pour qu’enfin leur cœur et leur intelligence s’ouvrent aux mystères de la foi. Aujourd’hui nous sommes ces disciples. Nous traversons des épreuves que nous n’avions pas même imaginé. Confinés, séparés les uns des autres, éloignés des sacrements et de l’Eglise, nous pouvons nous sentir abandonnés. Il nous faut traverser l’épreuve, laisser notre cœur s’ouvrir à la grâce, pour comprendre enfin que Dieu marche avec nous.

Traverser l’épreuve

Pierre a traversé l’épreuve. Lui qui a renié le Christ, lui qui s’est enfermé par crainte des juifs, le voilà debout au milieu de l’assemblée. C’est un homme transformé par la grâce de Dieu. Il a compris que pour entrer dans l’intelligence des mystères de Dieu il faut se dépouiller de ses certitudes humaines.

Le messie de Dieu n’est pas un chef militaire. Il n’est pas venu pour restaure sur terre la royauté de David. C’est un messie crucifié, ressuscité dont le Royaume se situe bien loin de la terre de Palestine. Pierre  a pleuré, il a prié, il s’est laissé touché puis il est entré dans le chemin du Salut par la grâce de l’Esprit-Saint.

Ce n’est certainement pas sur les forces humaines que nous pouvons compter à l’heure de l’épreuve ! Troublés, parfois même terrifiés ou révoltés, nous nous sentons seuls, abandonnés de nos frères et de Dieu. La prière des psaumes nous enseigne pourtant, qu’à l’heure de l’épreuve, l’attitude juste c’est la confiance. “Je garde le Seigneur devant moi sans relâche” si je veux tenir le cap ! Car Dieu n’abandonne pas ses amis, ceux qui ont fait de lui leur refuge.

C’est en Dieu que nous trouvons la force.  C’est Dieu lui-même qui nous donne de reconnaître dans l’homme livré et supplicié, le Christ ressuscité qui nous libère de la mort et du péché. S’adressant à des juifs et à des païens, Pierre retrace à grands traits l’histoire du Salut. « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins ». “Le sang précieux”, celui d’un agneau sans défaut et sans tache”, nous a rachetés. Quand Pierre nous demande de vivre dans la “crainte de Dieu”, ce n’est pas pour que nous vivions dans la peur, le repli et l’angoisse. La crainte de Dieu c’est cet amour filial qui, au contraire, nous fait vivre dans la confiance. Oui, ayons confiance dans les épreuves, tout a été accompli dans le sacrifice de la croix ! Dieu marche avec nous.

Dieu marche avec nous, il nous offre sa présence, car la résurrection ne va pas de soi !

Nous sommes ces disciples sur la route et, comme eux, nos yeux aveuglés vont s’ouvrir. Relire les prophètes, et nous avons le temps de le faire en ce moment, c’est relire l’histoire de la présence de Dieu au milieu des hommes, de sa longue patience, de se fidélité à l’Alliance. Quand nos yeux s’ouvrent enfin, quand notre cœur brûle en nous, nous sommes prêts à reconnaître le Christ vivant dans la fraction du pain, dans l’Eucharistie, dans les sacrements, nourriture pour la route des hommes. Dieu est avec nous, y compris dans la peine, le doute, la peur et l’enfermement.

Dieu nous relève, car la gloire de Dieu c’est l’homme debout.  Dieu nous envoie. Après Pierre, dans la longue chaîne des disciples missionnaires, nous sommes appelés à nous lever. “À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain”. Oui, le monde attend de nous ce témoignage. Le monde est malade de l’absence de Dieu et il n’en est pas conscient, alors que celui-ci se donne en nourriture pour tous les hommes.

Nous sommes tellement habitués à dire que Jésus est ressuscité que c’est devenu presque banal pour notre esprit et notre intelligence. Jésus est ressuscité, cela va de soi. Nous avons du mal à comprendre que pour un certain nombre de nos contemporains, parfois très proches, la résurrection
Or, la résurrection échappe à la raison humaine et au bon sens. On ne revient pas de la mort. 

On ne peut pas dire si simplement « Jésus est ressuscité, cela va tout seul ». Car cela ne va pas tout seul ! Nous voyons que même les disciples qui l’ont connu, le reconnaissent et peuvent toucher son corps, n’osent y croire. Ils sont dans la joie mais ne croient pas encore. Nous aussi, nous devons entrer dans cette joie et cette crainte des disciples qui découvrent Jésus ressuscité. Il est juste de ne pas oser y croire, parce que c’est inimaginable.

C’est pourquoi le Christ, pour aider les disciples et nous aider à surmonter cette difficulté de la foi en la résurrection, offre sa présence.

Comprendre la résurrection à travers la Parole et l’Eucharistie

La foi n’est pas provoquée et entretenue par un évènement que nous expérimentons par les sens, mais par la découverte et la connaissance du sens de cet évènement. Le sens de la rencontre que les disciples font du ressuscité jaillit lorsque Jésus leur explique que sa résurrection est l’accomplissement des Écritures, de la Loi et des prophètes.
Quand ceux qui connaissent ces prophéties, parce qu’ils les ont entendues depuis leur enfance ou bien au cours de leur vie commune avec Jésus, quand ceux-ci comprennent que les événements qui se sont déroulés accomplissent ce qui avait été annoncé, ils saisissent alors que celui qui est devant eux est vraiment le Messie, le Sauveur. Savoir ce qui devait arriver ne permettait pas de reconnaître que c’était effectivement arrivé. Il fallait quelque chose de plus : la Parole de Dieu qui nous ouvre l’esprit à l’intelligence des Écritures, c’est-à-dire à la foi et l’Eucharistie qui est cette présence mystérieuse de Jésus ressuscité dans son Eglise.

C’est pourquoi, croire à la Résurrection est une affaire qui ne va pas de soi. Elle trouve son sens plénier et son apogée dans ce que nous célébrons ici sur ces deux tables : la table de la Parole qui nous permet de comprendre un petit peu ce mystère et la table de l’Eucharistie qui nous unit à ce mystère. L’une sans l’autre n’a pas de sens et celui qui pense communier seulement au corps du Christ sans avoir goûté au prime abord à la Parole de Dieu dans la 1ère partie de la messe, celui là n’a rien à ce que la messe nous offre.

« Le même Sauveur que la Parole de l’Écriture nous met sous les yeux dans son humanité en nous le montrant sur tous les chemins qu’il a parcourus sur la terre habite parmi nous caché sous l’apparence du pain eucharistique, il vient à nous tous les jours comme pain de Vie. Dans ces deux aspects [Parole de l’Écriture et Pain Eucharistique], il se fait proche de nous et sous ces deux aspects il désire que nous le cherchions et que nous le trouvions. L’un appelle l’autre » (Edith Stein, Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix).

+ Georges Colomb

Évêque de La Rochelle et Saintes

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