Homélie donnée par Mgr Colomb pour le 2e dimanche de Carême – 12 mars

12 Mar 2017

Homélie 2ème dimanche Carême 2017  donnée par Mgr Colomb en l’église de La Tremblade

 

IL EST HEUREUX QUE NOUS SOYONS ICI !

 On imagine l’instant extraordinaire vécu par les témoins privilégiés de la transfiguration. Jésus, leur Jésus, celui avec lequel ils marchent, celui qu’ils suivent devient soudain un être de lumière, transcendant en relation avec le Père et s’entretenant avec Elie et avec Moïse. Le monde s’arrête, moment d’ivresse, moment de grâce intense, moment de joie et nous comprenons bien Pierre qui veut poser ses bagages, il est arrivé, il voit la gloire de Dieu, il propose de dresser trois tentes, une pour chacun, pour qu’on soit bien avec le Seigneur ! Pourquoi partir, pourquoi chercher ailleurs ? Inutile ! Le bonheur est là, sur la montagne !
« Il est heureux que nous dressions trois tentes ». On comprend Pierre ! Ne ferions-nous pas la même chose ? N’avons – nous pas vécu ou ne vivrons-nous pas un instant magnifique donné par Dieu ? Instant de grâce suprême  où sa gloire apparaît dans la clarté du matin, sur un visage d’enfant, dans notre vie au moment de recevoir le sacrement de la confirmation, du mariage, de l’ordre, après avoir reçu du prêtre le pardon de Dieu ! Si vous êtes là aujourd’hui, si vous avez quitté d’autres lieux pour venir en homme libre dans la maison du Seigneur, dans cette église de la Tremblade, n’est-ce pas parce que vous aussi, vous vous êtes dit « Il est bon d’être ici dans la maison du Dieu, il est bon de recevoir sa grâce abondamment en communiant au corps du Christ, parce que l’Eglise est belle ! »
Sentiment d’accomplissement, sentiment de perfection, alors tout s’arrête, pourquoi chercher ailleurs ? La plénitude de l’amour du Père enveloppe Pierre Jacques et Jean et soudain l’annonce de la voix qui vient de la nuée « Celui-ci est mon fils bien aimé, écoutez le ! ».
Le Pape Benoît XVI a commenté ce passage de l’évangile sur la Transfiguration en disant :

  • « Lorsque l’on a la grâce de faire une profonde expérience de Dieu, c’est comme si l’on vivait quelque chose d’analogue à ce qui eut lieu pour les disciples au cours de la Transfiguration ; pendant quelques instants, On a un avant-goût de ce qui constituera la béatitude du paradis. Il s’agit en général de brèves expériences, que Dieu concède parfois, en particulier en vue d’épreuves difficiles. Toutefois, il n’est donné à personne de vivre “sur le Thabor”, tant que l’on se trouve sur cette terre. En effet, l’existence humaine est un chemin de foi et, en tant que tel, avance davantage dans l’ombre que dans la lumière et parfois d’intenses ténèbres. Tant que nous nous trouvons ici-bas, notre relation avec Dieu a lieu davantage dans l’écoute que dans la vision ; et la contemplation elle-même se réalise, pourrait-on dire, les yeux fermés, grâce à la lumière intérieure allumée en nous par la Parole de Dieu ».

Sachons goûter ces expériences de la présence de Dieu, écoutons  le !

ÉCOUTEZ-LE !

 Oui, Chers Amis, il nous faut comme Marie, écouter la Parole de Dieu ! La Vierge Marie elle-même, tout en étant de toutes les créatures celle qui est la plus proche de Dieu, a marché jour après jour comme dans un pèlerinage de foi nous dit un beau texte du Concile, la constitution Lumen gentium, n. 58, conservant et méditant sans cesse dans son coeur la Parole que Dieu lui adressait, aussi bien à travers les Saintes Ecritures qu’à travers les événements de la vie de son Fils, dans lesquels elle reconnaissait et accueillait la voix mystérieuse du Seigneur.
Au cours de ce  temps du Carême, écoutons le Christ, comme Marie le fit. Ecoutons sa Parole. Écoutons le dans les événements mêmes de notre vie. Ecoutons  nos frères, en particulier les petits et les  pauvres, dans lesquels Jésus lui-même demande notre amour concret. Ecouter  le  Christ  et le suivre, voilà le secret du bonheur, qui conduit à la plénitude de la joie et de l’amour.
Après nous avoir présenté, dimanche dernier, les tentations de Jésus au désert, l’évangile aujourd’hui nous montre Jésus transfiguré, portant des vêtements resplendissants ! Considérés ensemble, ces deux épisodes anticipent le mystère pascal : la lutte de Jésus contre le tentateur annonce le grand duel final de la passion, tandis que la lumière de son Corps transfiguré anticipe la gloire de la Résurrection. D’une part nous voyons Jésus pleinement homme, qui partage avec nous jusqu’à la tentation, d’autre part, nous le contemplons Fils de Dieu, qui divinise notre humanité. Ainsi, les lectures de ces deux dimanches nous offrent  toute la beauté et la vérité de la vie chrétienne, qui consiste essentiellement dans le mystère pascal : passage de la mort à la vie.
La montagne – le Thabor comme le Sinaï – est le lieu de la proximité avec Dieu. C’est le lieu élevé, par rapport à la vie de tous les jours. C’est le lieu de la prière, comme  ici dans cette église où l’on peut être en présence du Seigneur, comme Moïse et comme Elie qui apparaissent aux côtés de Jésus transfiguré et parlent avec Lui, le Seigneur, ici, est présent et il n’est pas seul, il est entouré et adoré  par le peuple chrétien, chacun vient en ce lieu pour planter sa  tente.
Mais De quoi parlent-ils à Jésus, Moïse et Elie ? L’évangile de Matthieu ne le dit pas, il y fait allusion (Ne parlez de cette vision à personne avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts), mais  celui de Luc nous le précise au chapitre 9, ils parlent de son départ, c’est-à-dire de « l’exode » qui l’attend à Jérusalem, c’est-à-dire de sa Pâque. La Transfiguration est un temps de prière intense : en priant, Jésus se plonge en Dieu, s’unit intimement à Lui, adhère avec sa volonté humaine à la volonté d’amour du Père, et ainsi la lumière l’envahit et la vérité de son être devient visible : Il est Dieu, Lumière née de la Lumière. Les vêtements de Jésus aussi deviennent blancs et éclatants. Cela fait penser au Baptême, à la confirmation, à la robe blanche que revêtent les néophytes. Celui qui renaît dans le Baptême est revêtu de lumière, anticipant la vie au ciel, que l’Apocalypse représente par le symbole des robes blanches (cf. Ap 7, 9.13). C’est le message essentiel de cet évangile d’aujourd’hui : la transfiguration est une anticipation de la résurrection, mais celle-ci suppose la mort. Jésus manifeste sa gloire aux Apôtres, afin qu’ils aient la force de faire face au scandale de la croix, et comprennent qu’il faut passer à travers de nombreuses tribulations pour atteindre le Royaume de Dieu. La voix du Père, qui retentit du ciel, proclame Jésus comme son Fils bien-aimé, comme lors de son baptême dans le Jourdain, en ajoutant: “Ecoutez-le”. Pour entrer dans la vie éternelle il faut écouter Jésus, le suivre sur le chemin de la croix, en portant dans son cœur, comme Lui, l’espérance de la résurrection. Nous sommes sauvés dans l’espérance !
La vie missionnaire, la vie monastique, la vie de prêtre diocésain, c’est aussi l’expérience du Mont  Thabor, la rencontre du Seigneur, l’écoute de son appel, c’est la joie, la plénitude du bonheur, une sorte de transfiguration. Puis vient le temps du départ en mission dans le diocèse,  pour un autre pays, l’épreuve de la vie dans un environnement  inconnu dont il faut découvrir les secrets. Parfois il faut apprendre une langue, pour certains, ce sont les palmes du martyre et pour tous, c’est la promesse de la béatitude, de la résurrection. L’évangile de ce jour nous invite à vivre notre foi dans l’instant présent, prendre le temps avec le Seigneur, l’écouter pour vivre d’espérance sur nos « Thabors » puis descendre de la montagne pour vivre d’amour !
Rendons grâce à Dieu pour ces tentes plantées dans notre diocèse, nos belles églises, tentes des voyageurs de l’Evangile qui font une halte avant d’être envoyés en mission (Allez dans la paix du Christ..). Aimons nos églises, aimons notre Eglise !
+ Georges Colomb

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