Homélie donnée par Mgr Colomb dimanche 31 mai 2020 – Pentecôte

31 Mai 2020

Ac 2, 1-11; Ps : 103, 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34 ; 1 Co 12, 3b-7.12-13 ; Jn 20, 19-23

Prière avec les Vierges Consacrées du diocèse

De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie

Le Christ ressuscité a quitté cette terre sur une promesse “vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous” (Ac 1,8). Comme un “violent coup de vent,” comme “des langues qu’on aurait dites de feu” le don de l’Esprit-Saint vient bousculer la vie des disciples au Cénacle, dépassant le cercle étroit de la pièce où sont rassemblés les Apôtres pour inonder de sa grâce les hommes de “toutes les nations sous le ciel”. Plus rien ne sera comme avant, ni pour les disciples, ni pour le reste de l’humanité. Dieu vient transfigurer le monde par son souffle de vie, faisant toutes choses nouvelles. Frères en humanité, les hommes entendent le message de Dieu, chacun dans sa langue. Le salut est ouvert à tous ! Le Christ est remonté vers le Père, il nous a laissé le monde à évangéliser !

Chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient.

Alors que le monde vit l’épreuve de la pandémie et que les hommes de toutes les nations sont frappés de stupeur, le message de la Pentecôte est un formidable message d’espérance. “Tous, nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu”, nous dit le récit des Actes des Apôtres. Il n’existe qu’une seule bonne nouvelle et cette bonne nouvelle, c’est Jésus lui-même, venu en notre chair pour accomplir la volonté du Père. C’est Jésus mort et ressuscité, retourné auprès du Père pour que l’Esprit Saint se répande sur la terre, révélant que tous les hommes sont frères, enfants d’un unique Père.

Le 14 mai dernier le Haut Comité, créé il y a un an pour la mise en œuvre du document sur la Fraternité humaine, pour la paix mondiale et la coexistence commune  signé en 2019, lançait un appel interreligieux à tous les ” frères croyants en Dieu, le Créateur ” et aux “frères en humanité partout dans le monde” à s’adresser à Dieu d’une seule voix pour demander la fin de la pandémie qui nous frappe.

Parler d’une seule voix, agir comme des frères, voilà ce que l’Esprit-Saint nous inspire.

A l’occasion de la bénédiction Urbi et Orbi pour la fête de Pâques si singulière que nous avons vécu en 2020, le pape François invitait l’humanité à vivre “une autre contagion” qui se transmet de cœur à cœur – parce que tout cœur humain attend cette Bonne Nouvelle. C’est la contagion de l’espérance.  La résurrection du Christ est “victoire de l’amour sur la racine du mal, une victoire qui ‘n’enjambe pas’ la souffrance et la mort, mais les traverse en ouvrant une route dans l’abîme, transformant le mal en bien : marque exclusive de la puissance de Dieu”.  Le pape ajoutait  “Ce temps n’est pas le temps de l’indifférence, parce que tout le monde souffre et tous doivent se retrouver unis pour affronter la pandémie…Ce temps n’est pas le temps des égoïsmes, parce que le défi que nous affrontons nous unit tous et ne fait pas de différence entre les personnes…Ce temps n’est pas le temps des divisions…Ce temps n’est pas le temps de l’oubli…” Dans le souffle de l’Esprit-Saint répandu sur toute chair à la Pentecôte, c’est bien cette solidarité, cette fraternité, cette unité de l’humanité qui se manifestent.

Comment vivons-nous concrètement cet appel ?

Ce souffle qui se répand, cette flamme qui nous éclaire plus qu’elle ne nous brûle, est source de vie, souffle qui vivifie, qui inspire, qui fortifie et stimule, donnant à tous les hommes de bonne volonté la force d’œuvrer en frères. Il faut réveiller en nous l’imagination dont nous avons fait preuve, nous européens, au lendemain du second conflit mondial, demande le pape François.

Il ne s’agit pas de répéter des choses acquises mais d’initier du nouveau, d’être créatifs et audacieux pour relever les défis du XXIème siècle dont la pandémie n’est qu’un aspect.

Puisque vote cloître, c’est le monde, chères amies Katia et Catherine, vous savez ce que signifie faire preuve d’imagination dans l’enseignement, l’écoute des jeunes, l’accueil des réfugiés, le soutien de nos frères chrétiens d’Orient, la catéchèse et Pauline Jaricot qui sera bientôt béatifiée trace pour chacune d’entre vous un chemin d’action et de contemplation.

Un monde à évangéliser 

La création gémit dans les “douleurs de l’enfantement ” mais “nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint”, enseigne l’apôtre Paul aux Romains (Rm 8, 22-23). Ce don de l’Esprit-nous permet, petit à petit, et si nous y consentons, de configurer ce monde aux désirs du Père, nous éloignant de l’indifférence, des égoïsmes, de la barbarie, pour manifester à tous les hommes le Salut que Dieu nous donne en Jésus Christ.

Vivons-nous, à titre personnel et en communauté,  dans notre paroisse, notre diocèse, notre Eglise, les fruits de l’Esprit dépeints par Pau l: la charité, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi ? (Ga 5, 22-23).  

Le 12 avril dernier le pape François appelait à mettre en pratique la charité, la recherche de la paix la douceur et l’amour du prochain en proposant l’abolition de la dette pour les pays les plus pauvres et le courage  d’un  cessez le feu mondial avec arrêt de la fabrication des armes (message de Pâques du 12 avril 2020)  

Certes, individuellement nous n’avons pas le pouvoir de décider de la remise des dettes, de la fin des armes, d’un cessez le feu mondial. Cependant, il appartient à chacun de nous, dans sa famille, dans son travail, dans ses loisirs, dans nos activités  variées”, de laisser  Dieu agir “en tout et en tous”.

Il n’est pas indifférent que le Christ, avant d’envoyer les disciples en mission et de répandre sur eux son Esprit, leur donne par deux fois sa paix.  Ce n’est que dans un monde en paix que l’homme peut progresser et que l’Evangile peut être annoncé et vécu. Nous en sommes loin, hélas ! Puisse cette Pentecôte 2020 être une nouvelle étape dans l’enfantement du monde nouveau. Prions avec Jean, dans le livre de l’Apocalypse : “L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ! » Celui qui entend, qu’il dise : « Viens ! » Celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement. Amen ! Viens, Seigneur Jésus !” (Ap 22,17-20).

+ Georges Colomb

Évêque de La Rochelle et Saintes

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