Homélie donnée par Mgr Colomb dimanche 24 février , 7ème dimanche du temps ordinaire

25 Fév 2019

Homélie donnée par Mgr Colomb dimanche 24 février , 7ème dimanche du temps ordinaire

 
Chers frères et Sœurs,
Jésus dans son enseignement, après le message des béatitudes, nous dit comment s’applique très concrètement, dans notre vie, ce message. Il nous invite à l’imiter sur le chemin de l’amour véritable en aimant comme il nous a aimés (Jn 13,34). En ce 7ème Dimanche du temps ordinaire, il nous rappelle trois vérités :
L’amour est gratuit – L’amour n’a pas de limites – L’amour déploie sa puissance dans la faiblesse.
L’amour est gratuit, ainsi Dieu nous aime malgré notre péché. Il nous pardonne, nous en faisons l’expérience : c’est l’agapé, l’amour gratuit, créateur, qui ne s’appuie pas sur une attente (Lc 6,34), qui nous renouvelle, qui donne la vie, c’est l’amour de David pour Saül, fait de respect pour l’Oint de Dieu et d’affection…, c’est l’amour qui,  aux époux, permet la fidélité grâce au pardon. C’est cet amour qui n’attend pas que l’autre soit aimable pour l’aimer : mais qui est premier, qui prend l’initiative en aimant celui qui n’est pas aimable afin qu’il puisse le devenir. Nous savons bien que pour pardonner, il faut soi-même avoir bénéficié du pardon ; nous savons bien que sans l’amour de nos parents, nous ne saurions pas aimer ; nous savons bien que les lieux privilégiés de l’amour sont ceux qui permettent les relations gratuites parce que là où est la gratuité, là est la grâce de Dieu ! Les sciences sociales nous apprennent que la plupart des personnes retenues en détention ont manqué de cet amour gratuit qui est le privilège d’une famille unie…L’amour gratuit consiste à visiter des détenus à Saint-Martin de Ré ou ailleurs…
Aimer l’autre car il est aimable, cela est bien : mais les païens le font (Lc 6,32). La vocation chrétienne va plus loin sur le chemin de l’amour véritable. Jésus nous le dit: « Aimez vos ennemis» (Lc 6,27). Pour cela, il nous invitera à prier pour celui qui est réellement notre ennemi, ou le plus souvent que l’on considère comme tel (Mt 5,44), afin de changer son cœur et le nôtre, pour préparer la rencontre et la communion à retrouver : c’est-à-dire prendre comme médiateur Dieu, qui en son fils, nous fait frère de notre ennemi, sauvé comme nous, par lui. Tu es aimé de Dieu gratuitement, aime comme lui, gratuitement (Mt 10,8). Aimer ainsi, comme Dieu le fait, dépasse nos propres forces: c’est une grâce à demander pour l’accueillir. Pierre en fera l’expérience (Jn 21,15-18). N’allons pas penser que nous n’avons pas d’ennemi ! L’ennemi, c’est celui qui nous contrarie pour de petites choses, ce n’est pas celui qu’on veut voir disparaître, c’est celui que nous calomnions, contre lequel on dit du mal ; nous faisons tellement de mal par la parole, les commérages, la jalousie… les regards, les silences complices par manque de courage…
L’amour n’a pas de limites ; comme Jésus aime les pécheurs et les appelle à la vie : Matthieu (Mt 9,9), Marie-Madeleine (Lc 7,48), Zachée (Lc 19,5), la femme adultère (Jn 8,11), le jeune homme riche (Mc 10,21), le Bon Larron
(Lc 23,43), nous devons aimer. Au dernier soir, il lavera les pieds (Jn 13,1-17) de Pierre qui le reniera, de Judas qui le trahira. Il aime chacun de nous : la brebis perdue (Lc 15,4-7). Il ne compte pas pour savoir s’il en manque une : il connaît et appelle chacune par son nom (Jn 10,3), il s’aperçoit de l’absence de celle qui manque… L’amour sans limite peut consister à parrainer un enfant avec l’association « Enfants du Vietnam, Enfants du Mékong ou d’autres.. »  Pour vérifier notre capacité d’aimer, interrogeons-nous : est-ce que notre communauté chrétienne est repliée sur elle-même ? Est-ce que nous nous contentons d’être bien entre nous, entre gens qui se ressemblent ou bien, est-ce que nous accueillons la diversité d’opinions politiques, de générations, de milieux sociaux ?
L’amour déploie sa puissance dans la faiblesse (2 Co 12,9). Jésus s’est montré vulnérable sur la croix parce qu’il est doux et humble de cœur, (Mt 11,29). Douceur et humilité sont deux béatitudes que nous avons à mettre en pratique. Le Seigneur ne fait jamais l’éloge de la vulnérabilité, de la faiblesse, de la fragilité pour elles-mêmes. Il nous invite à la charité qui se donne à des êtres fragiles, qui se déploie à travers nos faiblesses. L’amour est désarmant parce qu’il est désarmé : il a les traits de l’innocence d’un enfant sans défense qui conquiert son entourage par son sourire, il a les traits de la vérité devant des juges, devant Ponce Pilate. L’amour est le visage visible du Dieu invisible (Col 1,15), il est le visage meurtri sur le linge de Véronique. L’amour nous pousse vers l’autre, pour se donner et pour recevoir, pour se laisser atteindre : amour de l’époux et de l’épouse. Il nous appelle à nous exposer à celui qui est la source de l’amour, comme le fruit qui doit, pour mûrir, être exposé aux rayons du soleil. La prière est le lieu privilégié de l’apprentissage de l’amour, du mûrissement de la grâce en nous, elle est silence et écoute. Aimer, c’est se donner soi-même à la suite de notre Seigneur, l’amour qui se déploie dans la faiblesse, c’est celui de Saint-Maximilien Kolbe qui donne sa vie pour sauver celle d’un père de famille à Auschwitz. Aimer, c’est être fidèle jusqu’au pied de la croix à la suite de Marie.
Frères et Sœurs, L’amour ne se paye pas de mots. Quand il se donne pleinement, à l’heure de sa passion, Jésus se tait : «il n’ouvrait pas la bouche» (Is 53,7), exposant son visage «qui n’avait plus figure humaine» (Is 52,14) aux outrages des pécheurs. Dans la société violente et souvent vulgaire dans laquelle nous vivons, soyons, chers amis chrétiens, des témoins de cet amour, car lui seul vaincra les maux de notre société. Ne soyons pas timorés, annonçons le de manière claire et forte : l’amour, c’est Dieu fait homme en Jésus qui a versé son sang pour nous dans le silence du don parfait, l’amour c’est personne d’autre que lui.  Ainsi soit-il !
+ Georges Colomb
Évêque de La Rochelle et Saintes

À découvrir aussi …

7 octobre : prions pour la Paix !

7 octobre : prions pour la Paix !

Le 7 octobre, une journée de prière, de pénitence et de jeûne pour implorer la paix en Terre Sainte : c'est l'appel lancé par le patriarche latin de Jérusalem, et par toute l'Eglise, un an après le massacre perpétré par le Hamas dans le sud...

lire plus