Comme chaque année au moins de juin, les prêtres du diocèse étaient invités le lundi 16 juin à une journée fraternelle pour découvrir un lieu du diocèse.
Cette année, ils ont pu découvrir Pons : l’église Saint-Vivien où ils ont célébré la messe auprès de Notre-Dame de Recouvrance, et l’hôpital des pèlerins sur la voie de Saint-Jacques de Compostelle. Ils se sont ensuite rendu à Jonzac où ils ont visité le château.
Homélie pour la journée fraternelle des prêtres
Ce matin, de manière heureuse pour notre rencontre, la Parole du Seigneur nous rejoint à travers les propos de l’Apôtre Paul, qui évoque de manière très forte son ministère apostolique (2 Co 6, 1-10).
Il y a cette affirmation de Paul :
En tout, nous nous recommandons nous-mêmes comme des ministres de Dieu.
Une autre traduction dit :
Ce qui nous permet de nous présenter comme de vrais ministres de Dieu, c’est notre vie entière.
En tout. Notre vie entière.
Pour notre ministère, il ne s’agit pas seulement d’une fonction, avec seulement des tâches à accomplir ou même des actes du culte à faire, et nous serons quittes.
Non, le ministère, c’est toute la vie de celui qui est devenu apôtre, car il a été saisi lui-même par le Christ (pour reprendre une expression de Paul), voulant faire de toute son existence un don, une consécration au Christ Jésus. En ce sens, le pape Léon XIV, tout récemment, s’est adressé au clergé de Rome :
Je vous le demande avec le cœur d’un père et de pasteur: engageons-nous à être des prêtres crédibles et exemplaires! Nous sommes conscients des limites de notre nature et le Seigneur nous connaît profondément; mais nous avons reçu une grâce extraordinaire; un trésor précieux dont nous sommes ministres, serviteurs, nous a été confié. Et la fidélité est demandée au serviteur. Aucun de nous n’échappe aux suggestions du monde et la ville, avec ses mille propositions, pourrait aussi nous éloigner du désir de vie sainte, provoquant un nivellement par le bas où les valeurs profondes de la vie de prêtre se perdent. Laissez-vous encore attirer par l’appel du Maître, pour ressentir et vivre l’amour de la première heure, ce qui vous a poussé à faire des choix importants et des renonciations courageuses. Si ensemble nous essayons d’être exemplaires dans une vie humble, alors nous pourrons exprimer la force rénovatrice de l’Evangile pour chaque homme et pour chaque femme.
Et puis dans ce passage, saint Paul partage ensuite son expérience d’apôtre dans sa réalité faite d’ombre et de lumière. Et cela ne peut que nous rejoindre bien évidemment.
Ce que nous pouvons noter, ici comme ailleurs dans les écrits de saint Paul, ce sont les dispositions intérieures qui sous-tendent l’action de l’apôtre et il est bon de nous les rappeler :
- Pour Paul, la priorité de l’action du Seigneur en tout domaine est une conviction première de l’apôtre. Et cela apparaît dès la première ligne de ce passage : il se qualifie de coopérateur de Dieu. Il ne fait que coopérer à l’oeuvre de dieu. Il n’est pas maître de la pastorale, prétendant savoir ce que sera l’Eglise à partir des courbes et des statistiques. Le Seigneur agit, et il nous faut reconnaître et annoncer cette oeuvre de Dieu. Et il n’est pas étonnant que la prière soit très présente chez Paul, à travers l’action de grâce et la louange.
- La deuxième attitude est celle du combat pour le Christ. Comme tout chrétien mais avec encore plus d’exigence pour l’apôtre, son combat fait partie de sa vie. Il est dit dans notre lecture :
Nous nous présentons avec les armes de la justice pour l’attaque et la défense.
« Comme un bon soldat du Christ » (2 Tm 2, 3), « mène le bon combat, celui de la foi » (1 Tm 6, 12) « recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. » (1 Tm 6, 11). Un combat d’abord intérieur, toujours à reprendre contre tout ce qui nous empêche de nous donner, de répondre pleinement à notre vocation. Mais il y a aussi des oppositions que nous pouvons connaître dans notre ministère, qui nous demandent courage et persévérance.
- Troisième attitude intérieure que Paul souligne face à toutes les épreuves rencontrées, c’est l’espérance. Non pas l’optimisme. Cette espérance pascale donne à l’apôtre l’assurance de n’être jamais séparé de l’amour du Christ quelles que soient les épreuves rencontrées, et même la mort. A la première ligne de la Première Lettre à Timothée, Paul se présente comme apôtre du Christ Jésus notre espérance. L’apôtre est appelé à nourrir en lui cette espérance qui vient du Christ, et à la partager, d’abord aux chrétiens qu’il a la charge de rassembler au nom du Christ.
Enfin, dans ce passage, il y a ces dernières phrases avec leur dimension paradoxale qui parlent encore de la vie de l’apôtre, cette vie qui peut – ou plutôt qui devrait – interroger. En effet :
On nous croit tristes, et nous sommes toujours joyeux ;
pauvres, et nous faisons tant de riches ;
démunis de tout, et nous possédons tout.
Quel est le secret de l’apôtre ?Nous savons bien où il se trouve, c’est le Christ, notre richesse, notre tout. Alors accueillons encore cet appel de l’Apôtre Paul, en priant les uns pour les autres. Ne laissons pas sans effet la grâce reçue du Seigneur.
Amen