Des hommes sans conscience ont égaré le peuple mais Dieu veille. Il voit et entend la misère de son peuple. Il se porte à son secours. Cette promesse nous parle aujourd’hui ! Dieu n’abandonne jamais les hommes et la sollicitude du Christ est pour nous aujourd’hui comme elle le fut jadis pour ceux et celles qui étaient “comme des brebis sans berger”. Homélie de Mgr Colomb du 18 juillet 2021, 16e dimanche du temps ordinaire.
Ce que Jésus veut nous offrir, c’est un endroit où nous pourrons nous reposer, une terre sûre où nous referons nos forces, un abri sûr pour nous préparer à la mission et nous ouvrir au monde. Quel type de baptisé, de pasteur, sommes nous ? Quelle est la priorité de Dieu pour nous ? Sans doute, est-ce que la paix et la justice règnent sur terre et que les hommes soient dans la joie. “Par sa chair crucifiée, nous dit saint Paul, [Jésus a détruit ce qui divisait les hommes], le mur de la haine”. Jésus est celui qui, seul, peut rassembler les hommes. Il est le seul à pouvoir réaliser l’unité du genre humain, non pas autour d’un projet ou d’une idéologie, mais autour de sa personne.
Nous avons vu comment il s’est porté lui-même au-devant des hommes de son temps pour leur annoncer le royaume et les guérir. Nous avons vu comment il a formé les apôtres et les disciples avant de les envoyer à leur tour guérir et enseigner les foules. Quand ils reviennent fatigués par la mission c’est à Jésus qu’ils font le récit de leurs rencontres. Et Jésus les invite à se mettre à l’écart, à prendre du recul. Peut-être, est-ce ce recul là que les pasteurs égarés n’ont pas su prendre ? Cet indispensable repos qui refait les forces du cœur et de l’âme. C’est dans le silence et la prière que Jésus lui-même rejoint le Père pour un cœur à cœur. A sa suite, il nous appartient de savoir prendre le repos nécessaire, non pour un repli solitaire mais pour nous préparer aux missions à venir.
Sommes-nous saisis de compassion ?
On est frappé de voir que Jésus ne parvient pas très longtemps à mettre ses apôtres à l’abri de la foule. “Les prés d’herbe fraîche” semblent bien difficiles à atteindre ! La foule se fait pressante car elle a faim et soif. Comme nous aujourd’hui, elle se heurte aux limites et aux errements d’un monde finissant. Elle veut entendre une parole qui fasse sens, une parole qui libère et réconforte. Elle veut voir de ses yeux les gestes qui sauvent. Elle veut voir les prémices du royaume.
Dieu, en Jésus, ne se dérobe pas. Laissant les disciples reprendre des forces, il va au-devant de ces foules perdues et il se donne sans compter, il se donne tout simplement car il faut sauver ce qui était perdu ; c’est pour cela qu’il est venu sur terre. Il ira jusqu’au don de sa vie que nous vivons dans chaque eucharistie, dans chaque sacrement.
C’est cette Bonne nouvelle qui doit être annoncée au monde d’aujourd’hui, la compassion de Dieu et son amour infini. Nous sommes envoyés pour porter l’espérance aux hommes de notre temps, pour leur dire que, malgré les errements de quelques-uns, Dieu appelle, Dieu sauve et réconcilie les ethnies, les croyants de toutes les religions qui le cherchent, lui, le seul vrai Dieu qui a envoyé Jésus, l’unique médiateur.
Saint Paul le rappelle, les hommes sont devenus proches par le sang du Christ. L’Eglise, épouse du Christ, ouvre ses bras pour accueillir ceux qui ont faim et soif de justice, de paix et de vérité. Soyons ces hommes nouveaux que nous sommes devenus par le baptême, ne soyons pas frileux devant la nouveauté, osons les initiatives, fruits des intuitions vérifiées dans la prière et l’échange avec nos frères et sœurs qui, avec nous, annoncent l’évangile.
+ Georges Colomb,
Evêque de La Rochelle et Saintes
Lectures du jour : Jr 23, 1-6; Ps : 22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6; Ep 2, 13-18; Mc 6, 30-34