– Quel est, pour vous Monseigneur, le résultat le plus important de la Conférence qui vient de se tenir à Lourdes ?
Cette assemblée des évêques nous a permis de prendre les moyens pour que nous puissions espérer et dire « Plus jamais cela » tout en sachant que le mal est présent dans le cœur de l’homme. Toutefois notre Église s’engage à réparer les crimes et délits commis dans le passé. Les mesures prises visent à écarter toute faiblesse institutionnelle, toute compromission par le silence. L’Intérêt des victimes est le maître mot des orientations prises. Les décisions que nous avons prises sont le fruit de notre prière et de notre disposition aux appels de l’Esprit.
– Que retenir des dispositions matérielles envisagées pour les réparations et comment notre diocèse va-t-il s’impliquer ?
Notre diocèse s’engagera , comme tous les diocèses de France, pour la réparation, pour la prévention par la formation et la nouvelle organisation de la vie de notre Église dans bien des domaines. Des groupes de travail vont être mis en place au niveau national. Ils associeront prêtres, évêques et fidèles laïques. Des décisions ont été prises. Une demande va être transmise au Saint-Père pour qu’il nous apporte son aide.La réparation au plan financier ( qui est un aspect de la réparation) se fera en abondant un fonds. Pour cela, la CEF va faire un emprunt. Trop de silence pendant des décennies a permis à des clercs et à des laïques en mission de briser des vies. Le temps de l’omerta est fini. La vérité et la justice ont plus de place que la sauvegarde de réputations ! Évêques, prêtres, et religieux, notamment ceux qui ont été condamnés sont invités à participer en abondant ce fonds. Des évêques ont commencé à donner l’exemple. L’ Église est le peuple de Dieu tout entier. C’est dans la communion, dans les épreuves comme dans les joies partagées que nous vivrons ensemble le renouveau auquel nous sommes tous invités. Nous avons commencé à vivre ce renouveau à Lourdes avec des victimes, avec nos frères éprouvés par la vie qui nous ont fait entendre leur voix pendant deux jours. Nous sommes sur le bon Chemin , riche de la diversité de notre Église (hommes, femmes, riches, pauvres), conscient de la chance qui nous est offerte de travailler ensemble toujours plus et toujours mieux en associant davantage les fidèles laïques à la réflexion et à l’action. La présence des femmes dans les séminaires qui existe déjà dans certaines maisons apportera la finesse du discernement féminin à la formation des futurs prêtres.
– Enfin, comment avez vous vécu personnellement cette conférence exceptionnelle ?
Je suis arrivé inquiet sur notre capacité à prendre des décisions et au fil des jours, à force d’échanges, d’explications, nous avons progressé sur le chemin de la communion à la recherche de la vérité qui est exigeante, mais qui libère ! J’ai quitté Lourdes ce lundi 8 novembre le cœur en paix. J’ai le sentiment que nous n’avons pas manqué le rendez-vous de notre Église avec l’histoire. Je me réjouis aussi que, après les constatations contenues dans le rapport Sauvé, la CIIVISE ait été mise en place. Puissions-nous, ensemble, apporter nos compétences, notre bonne volonté, notre prière pour que vienne et s’accélère le temps du Renouveau. Nous venons de fêter nos frères les saints qui nous invitent à les rejoindre. Prenons au sérieux le défi de la sainteté !
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