Recevant en audience les délégations péruvienne et italienne, artisanes de la crèche inaugurée avec le sapin ce vendredi 10 décembre place saint-Pierre, ainsi que la représentation de la Nativité installée en Salle Paul VI du Vatican, le pape François a rappelé le sens profond de ces symboles de Noël.
«Les personnages de la crèche, réalisés à partir de matériaux et de vêtements caractéristiques de ces territoires, représentent les peuples des Andes et symbolisent l’appel universel au salut», a affirmé François, rappelant que Jésus est venu sur terre «dans le concret d’un peuple pour sauver tout homme et toute femme, de toutes cultures et nationalités». «Il s’est fait petit pour que nous puissions l’accueillir et recevoir le don de la tendresse de Dieu».
Le sapin, un signe du Christ
À côté de la crèche se trouve le majestueux épicéa des bois d’Andalo, dans le Trentin. «Je salue la délégation qui est venue de là-bas : les autorités, les prêtres, les fidèles accompagnés de Mgr Lauro Tisi, que je remercie pour ses paroles. Ce soir, à l’issue de la cérémonie officielle de remise des clés, les lumières décorant l’arbre seront allumées», a déclaré le Pape, évoquant le sapin comme un signe du Christ, l’arbre de vie (cf. Ap 2,7), un arbre auquel l’homme n’avait pas accès à cause du péché (cf. Gn 2,9).
«Mais avec Noël, la vie divine s’unit à la vie humaine. L’arbre de Noël évoque donc la renaissance, le don de Dieu qui s’unit à l’homme pour toujours, qui nous donne sa vie. Les lumières du sapin rappellent celles de Jésus, la lumière de l’amour qui continue de briller dans les nuits du monde», a poursuivi l’évêque de Rome.
«Chers amis, voilà ce qu’est Noël, ne le laissons pas être pollué par le consumérisme et l’indifférence», a lancé le Pape, considérant que ses symboles, en particulier la crèche et l’arbre décoré, «nous ramènent à la certitude qui remplit nos cœurs de paix, à la joie de l’Incarnation, à Dieu qui devient familier: il vit avec nous, il rythme nos journées d’espérance».
Ne pas faire l’expérience d’un faux Noël commercial
L’arbre et la crèche nous introduisent dans l’atmosphère typique de Noël qui fait partie du patrimoine de nos communautés: une atmosphère de tendresse, de partage et d’intimité familiale. «Ne faisons pas l’expérience d’un faux Noël commercial! Laissons-nous envelopper par la proximité de Dieu, par l’atmosphère de Noël que l’art, la musique, les chants et les traditions apportent à nos cœurs», a-t-il exhorté.
Et le Pape d’assurer qu’à Noël, Dieu se révèle non pas comme «celui qui est en haut pour dominer», mais comme «celui qui s’abaisse, petit et pauvre, pour servir»: cela signifie que pour lui ressembler, le chemin est celui de l’abaissement, du service. «Pour que ce soit vraiment Noël, n’oublions pas ceci: Dieu vient être avec nous et nous demande de prendre soin de nos frères et sœurs, surtout les plus pauvres, les plus faibles et les plus fragiles, que la pandémie risque de marginaliser encore plus. Car c’est ainsi que Jésus est venu au monde, et la crèche nous le rappelle», a-t-il enfin conclu.
Au fil des ans, Noël est devenu le festival de l’hyperconsommation et de l’individualisme. Nombreux sont ceux qui désirent vivre cette fête davantage en cohérence avec le message originel de la célébration de l’Incarnation : sobriété, simplicité, convivialité. Voici quelques idées pour se préparer à vivre la Nativité autrement.
Un Noël plus solidaire
N’attendez pas. Pour faire de la fête un vrai moment de partage, mieux vaut s’y mettre dès le début de décembre. Et quoi de mieux que l’Avent, justement un temps d’attente et de mise en route, pour se préparer intérieurement… ou en termes de logistique ?
Par où commencer ? Avant tout, partez des besoins des associations plutôt que de vos propres idées ou envies. De nombreuses structures, parfois même des paroisses, organisent des réveillons solidaires avec les personnes isolées. Pour y voir plus clair, prenez contact avec les associations les plus proches de chez vous, pour identifier leurs besoins : bénévolat, don d’argent, de nourriture, vêtements ou jouets ? Votre démarche sera ainsi plus productive.
Au-delà de l’aspect associatif, les initiatives individuelles sont aussi les bienvenues, telle que la confection d‘un calendrier de l’Avent inversé. Au lieu de contenir un petit chocolat, l’initiative invite à faire un geste solidaire par jour : un petit sacrifice, de l’aide à un inconnu…
« Et le week-end, il y a un petit cadeau spirituel et une invitation à un moment de qualité le dimanche, explique Solveig, une jeune maman. Noël est l’occasion de faire plaisir à ceux qu’on aime, mais pour ceux qui ne peuvent pas se le permettre, j’ai voulu profiter de l’Avent pour offrir un peu de mon temps, de l’argent et des produits de première nécessité à ceux qui en ont besoin. Ça permet aussi de me préparer intérieurement à la fête de Noël. » Attention, là encore, mieux vaut toujours se renseigner avant sur les besoins réels des personnes, pour que la générosité soit vraiment attentive, et pas écrasante.
Un Noël plus écologique
Guirlandes électriques, papier cadeau, surconsommation… Tous les ans, la fin du mois de décembre est sujette à beaucoup d’excès, qui ont des répercussions directes sur le plan écologique. Or, de nombreuses alternatives plus durables existent. Engagées dans une démarche zéro déchet, des familles ont voulu l’appliquer à leur façon de fêter Noël. Et cela commence… par le papier cadeau qu’il est possible de remplacer par d’immenses sacs en tissu, ou des boîtes en carton.
Pour lutter contre l’accumulation sous le sapin et la surconsommation, il peut aussi être intéressant de reconsidérer ce que l’on s’offre : cadeaux dont la fabrication et les matières premières sont de qualité afin qu’on les conserve plus longtemps ; cadeaux immatériels comme des places de concert ou un “bien-être” ; cadeaux utiles plutôt que des gadgets, en demandant aux uns et aux autres de quoi ils ont vraiment besoin…
D’autre part, les produits de seconde main s’imposent de plus en plus dans la façon de consommer des Français, ce qui limite l’empreinte carbone des objets – tout en étant plus économique.
Un Noël plus spirituel
Et parce que l’Avent sert avant tout à se préparer intérieurement à la fête de Noël, l’incontournable calendrier de l’Avent peut être une belle façon de vivre un temps spirituel (du moment qu’il ne se limite pas à la découverte de chocolats !). Les éditions de l’Emmanuel ont, par exemple, édité un calendrier Fratelli tutti, inspiré de la dernière encyclique du pape François. Les applications de prière YouPray et Hozana proposent également un petit temps spirituel par jour pendant les quatre semaines qui précèdent Noël.
Certaines abbayes invitent aussi les volontaires à venir passer quelques jours pour se préparer à la naissance du Christ. Après une année de pause Covid, une soixantaine de monastères en France et en Belgique accueillent des jeunes pour vivre des week-ends spirituels et de ressourcement, jusqu’au 18 décembre. Nom de l’opération : Break au monastère.
Quant au soir de Noël, pourquoi ne pas ouvrir sa table à ceux et celles, autour de nous, paroissiens seuls, voisins isolés, pour une soirée chaleureuse, sous le signe de la joie et du partage ?
“En 2016 déjà, nous avions souhaité inviter une personne isolée, mais aucune association n’avait de contact à nous donner. Nous avons pourtant ajouté un couvert à notre table de fête. A la messe, un homme s’est assis à côté de nous. Nous l’avons invité. Il a fondu en larmes : c’était un prêtre en retraite, très ému de vivre ce moment chaleureux avant de regagner son Éhpad. Cette année, nous aimerions participer en famille au réveillon du 31 décembre organisé par les Petits Frères des pauvres, avec des personnes âgées. » (Témoignage de Charlotte et Jean-Jacques)