Chers amis,
Notre Évêque m’a demandé d’accompagner les initiatives œcuméniques diocésaines. J’y réponds dans la confiance. Cette année encore, la semaine de prière pour l’unité des Chrétiens sonne pour nos communautés comme une invitation renouvelée à nous déplacer vers nos frères séparés afin de les rencontrer.
“Rencontrer” est le verbe le plus employé en cette période de pandémie puisqu’il est comme l’émanation d’un souhait universel qui habite tant de cœurs. Dans toutes les communautés chrétiennes, cette période sanitaire reste un temps d’épreuve durant lequel chacune et chacun a pu expérimenter tout à la fois un manque réel dans sa vie liturgique, mais aussi éprouver des carences humaines pesantes.
Je vous invite donc à faire de cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, l’espace non pas d’un colloque théologique mais bien celui d’une visitation familiale. Ressentir le besoin de prier ensemble ne peut évacuer ce que la nature réclame, c’est à dire des occasions de rencontres pour se connaître.
Dans cet esprit de rencontre, le jeudi 21 janvier à 12h15 en l’église St Sauveur de la Rochelle, puis le vendredi 22 janvier à 16h30 en la chapelle Ste Eustelle de Saintes, des temps de prière seront organisés comme manifestation d’un vivre ensemble, sans oublier les liens fraternels entre Catholiques, Orthodoxes et Réformés nourris localement. Avant tout, il nous incombe en amont de demeurer en frères dans l’Amour. Le Seigneur Jésus en saint Jean ” Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance » (Jean 15,1-17) nous convoque à l’amour mutuel et cela ne peut faire l’économie d’un vivre avec. Ce passage en St Jean est le thème choisi cette année pour alimenter cette semaine de prière.
Le 9 décembre dernier le pape François poursuivant sa catéchèse sur la prière, mettait en évidence que la prière est souvent un cri vers Dieu, et que ce cri était l’expression de l’attente. Peut-être cette semaine de prière pour l’unité serait-elle l’occasion d’une transformation, celle de désirer manifester un demeurer “ensemble” dans l’amour, par ce cri priant que nous ferions monter vers le Seigneur, un cri que nous porterions au nom de toute l’humanité au cœur d’une situation sombre, tels les veilleurs du psaume 129 qui attendent l’aurore pour clamer, à la suite des premiers Chrétiens, la Lumière Victorieuse, le Christ Soleil des Nations.
Demeurer dans l’Amour “ensemble” se traduit aujourd’hui par prier dans un cri unanime, ce qui produit d’aimer “vivre ensemble” dans la prière unanime. L’unité des disciples du Seigneur Jésus Christ n’est donc pas un nivellement par le bas de nos traditions ecclésiales mais bien un exercice de persévérance dans la reconnaissance mutuelle qui s’enracine dans un même Amour, celui pour le Seigneur et celui pour les hommes (Mt 22,34-40). Le fruit en abondance dont il est question en saint Jean est condition d’une habitation commune, celle d’où jaillit l’Église sur la Croix, cette demeure dans laquelle toutes et tous nous sommes aimés, celle de Son Amour, c’est l’Amour du Cœur Miséricordieux du Christ.
Voilà l’unité à laquelle nous pouvons collaborer avec nos sœurs et nos frères en cette période pandémique puisque l’Amour de Dieu a été répandu en nous par l’Esprit Saint (Rm 5,5). Que notre prière commune devienne cri d’attente et manifestation universelle de la présence du Saint Esprit. Que notre persévérance dans un vivre ensemble plongé dans l’Amour devienne le moyen d’une alliance authentiquement fraternelle. La constance évangélique du “marcher ensemble” au quotidien est certes moins manifeste que l’illusion d’un liturgique ponctuel, mais elle reste le chemin de la rencontre vraie. L’unité n’est possible que si nous sommes unis personnellement au Cœur du Seigneur dans lequel seulement ce vivre ensemble est possible .
Père Hardouin + Délégué épiscopal à l’œcuménisme