Lettre de Mgr Colomb à l'occasion de la fête de saint Joseph

20 Mar 2020

Ce jeudi 19 mars Mgr Colomb a adressé un courrier aux prêtres, diacres, religieuses et religieux, Laïques consacré(e)s et à tous les acteurs pastoraux ainsi qu’aux responsables des services diocésains, à tous les fidèles.

Chers frères et sœurs, chers amis,


Comme vous le savez, je suis de retour de la visite ad limina depuis cinq jours. Cette visite qui est un pèlerinage auprès des apôtres Pierre et Paul, colonnes de l’Eglise, de leur successeur, le Pape François, n’est pas seulement un pèlerinage, c’est un temps de rencontre, de visite, de dialogue, d’écoute, d’échanges.

Nous étions, la semaine dernière, une trentaine d’évêques appartenant aux diocèses de l’ouest de notre pays. Les provinces représentées étaient : Bordeaux, Poitiers, Tours, Rennes, Rouen.
Quelle surprise ne fut pas la nôtre de constater que Rome était une ville presque déserte, magasins fermés, restaurants fermés, peu de circulation routière et pédestre, distance respectée entre les passants dans les rues !


Notre pèlerinage a commencé le lundi matin par la messe à la basilique Saint-Pierre, auprès de la tombe de l’apôtre Pierre. Nous nous sommes rendus, ensuite, auprès du Saint Père au palais apostolique. La rencontre a duré plus de deux heures, un record selon certains commentateurs ; elle s’est terminée par une franche poignée de mains et un petit cadeau du pape. Après un accueil fraternel et chaleureux, le successeur de Pierre nous a laissé la parole et nous avons pu dialoguer sur de multiples sujets en respectant les consignes d’hygiène sanitaire déjà mises en place en Italie (l’espace entre chacun d’entre nous était au moins d’un mètre). Le Pape François a toutefois fait une entorse aux consignes en nous serrant la main !
La visite auprès des préfets de congrégations et dicastères qui étaient entourés de leurs collaborateurs eut lieu au palais apostolique, dans la salle Bologna.

Nous n’avons pas eu à nous déplacer, ce sont les cardinaux qui l’ont fait, à l’exception de la rencontre avec certains préfets, notamment lors de la visite à la congrégation chargée des églises orientales. Cette façon de procéder, inhabituelle, selon les plus anciens parmi nous, nous a fait gagner du temps et a permis que les journées soient bien chargées en
rencontres qui se sont succédées.
Il faut reconnaître que la partie pèlerinage de notre déplacement a été gênée par la pandémie. Comme vous avez pu le lire dans la presse, nos voisins italiens ont mis en place le confinement avec une semaine
d’avance sur nous, en France. Dès le mardi 10 mars, deuxième jour de notre visite ad Limina Apostolorum, les célébrations dans les basiliques furent interdites. C’est pourquoi, nous n’avons pas pu effectuer notre pèlerinage à Saint Paul Hors les Murs, Sainte Marie Majeure, Saint-Jean de Latran.
Nous sommes rentrés en avance sur l’horaire prévu, puisque les derniers à quitter la ville éternelle l’ont fait vendredi 13 mars ; L’un d’entre nous, Mgr Emmanuel Delmas, évêque d’Angers, a été testé positif à son retour en Anjou et nous avons été invités au confinement avant le discours présidentiel.

Je demeure à l’évêché et fais cette expérience de retraite forcée, comme chacun d’entre vous, comme nos compatriotes. Il me semble que notre vie sociale, notre vie familiale ne se passeront pas de la même manière, une fois que nous aurons surmonté cette épreuve sanitaire qui frappe tous les pays du monde.
Pour les croyants confinés, les temps de prière peuvent être plus longs, les parents et enfants se parlent plus longtemps. Nous faisons l’expérience qu’il est possible d’être heureux en étant chez soi, qu’il est
possible de penser aux autres, de téléphoner aux personnes isolées, de susciter des gestes de solidarité en étant chez soi. Nous approfondissons sans doute la dimension personnelle de notre foi.


Ma pensée va en priorité aux frères et sœurs qui sont victimes de l’épidémie, aux malades, aux défunts, à leurs familles touchées dans leurs affections. Pensons aussi aux résidents des EHPADS privées des visites des êtres chers qui les aiment, à ceux et celles qui risquent de perdre leur emploi durablement, aux artisans, commerçants, chefs d’entreprise qui voient disparaître leurs clients et s’effondrer le chiffre d’affaires qui leur permet de faire vivre leur entreprise. N’oublions pas dans notre prière tout le personnel médical et les forces de l’ordre, les militaires, les fonctionnaires des différentes administrations, notamment ceux de la cellule de crise de nos préfectures. Enfin sachons obéir aux autorités qui nous invitent à plus de discipline pour le bien commun, comme nous y invite Saint-Paul dans sa lettre à Tite (Tite 3,1-7). La liste serait longue de tous ceux et celles qui sont éprouvés et qui sont au service de leurs concitoyens !
Ce défi médical qui nous est adressé, arrive en période de carême. Ce temps liturgique nous est donné pour nous préparer à accueillir la Lumière et la Joie pascales dans nos vies. Ne faut-il pas lire cet événement, cette épreuve, comme un signe des temps qui rejoint l’intuition de notre pape exprimée dans Laudato Si ? Je veux parler de cette invitation à une vie plus sobre, plus simple, à davantage de solidarité, de respect de la création, des créatures et notamment de l’homme, de nous-même, de nos frères et sœurs. Puisse cette pandémie nous faire mettre le doigt sur la dimension cosmique de notre vie. Tout est lié, c’est le maître mot de Laudato Si, le respect de l’environnement avec les échanges économiques, la vie sociale, la justice, la place de l’homme dans la société, le respect de sa dignité, celui
de la vie. C’est ce que nous appelons l’écologie intégrale. Que notre prière, dans ces monastères invisibles que deviennent nos résidences, soit nourrie par ce monde fragile qui se montre à nous. Nous pensions peut-être que, à l’heure de la mondialisation, devenus citoyens du monde, nous étions
capables de tout maîtriser et voici que la grande peste contemporaine vient frapper à notre porte et nous fait découvrir l’homme, tel qu’il est, un être fragile, capable de peur, d’angoisse, de panique, mais aussi capable d’espérance lorsqu’il place sa foi en Dieu, lorsque qu’il écoute les messages de l’esprit comme Saint-Joseph le fit dans un songe.


Nous approchons petit à petit de la semaine sainte qui se clôture par la Pâque du Seigneur. Nous ne savons pas aujourd’hui, si nous pourrons être rassemblés dans nos églises comme nous aimons à le faire. Si ce n’est pas le cas, prions ensemble chez nous, restons en communion. Sachons mettre à profit internet et les autres médias pour partager la prière. De nombreux prêtres et animateurs en pastorale le font pour tous les âges, notamment auprès des plus jeunes auxquels la foi ne doit cesser d’être transmise. En ce qui me concerne, je m’efforce de vous adresser des messages par RCF et notre site diocésain. Sachez que ma prière est pour vous, que la mission continue et que nous serons demain encore et toujours des frères et sœurs qui auront grandi dans l’amour de Dieu, de notre Eglise et de cette humanité à laquelle nous appartenons.

+ Georges Colomb
Évêque de La Rochelle et Saintes

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