Archevêque de Poitiers, Mgr Pascal Wintzer a donné une conférence sur l’éducation, la transmission et la culture jeudi 20 mars 2014 à Saintes. Elle était proposée par le diocèse dans le cadre du chantier Educ’Avenir 17 de la démarche Baptisés, semeurs d’Evangile.
« Eduquer dans une société sécularisée et pluriculturelle ». Tel était le thème de la conférence qu’a donnée Mgr Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers, jeudi 20 mars au théâtre Geoffroy Martel de Saintes. Un rendez-vous proposé par l’Eglise catholique de Charente-Maritime dans le cadre de sa démarche diocésaine « Baptisés, semeurs d’Evangile », et plus particulièrement du chantier Educ’Avenir 17, qui invite les catholiques à réfléchir et faire des propositions concrètes autour de l’éducation.
Dans un monde et une société en pleine mutation (mutations sociales, économiques, culturelles, spirituelles, morales, etc.), « bien éduquer » apparait comme gageure à de plus en plus de parents, grands-parents et autres éducateurs, chrétiens ou non. En quoi le modèle éducatif assuré par l’école a-t-il profondément changé ces 40 dernières années ? Quelle est la place de l’enfant au sein du système scolaire et de la famille d’aujourd’hui ? Quelle place accorder aux nouvelles technologies (Internet et réseaux sociaux) dans l’éducation des jeunes ? En quoi le langage et la culture peuvent les aider à sortir d’eux-mêmes pour devenir des acteurs sociaux soucieux du bien commun ? Quoi, comment et à l’aide de quels sources et quels supports enseigner aujourd’hui ? Et enfin, quelle place le spirituel et le religieux sont appelés à avoir dans l’éducation du jeune d’aujourd’hui ?
C’est à ces questions qu’a répondu l’archevêque de Poitiers, en se livrant à un exposé à dimension historique, philosophie et sociétale, citant des auteurs tels qu’Emile Durkheim, Charlotte Delbo, Laurence Devillers, Marcel Gauchet, ou Alain Finkielkraut. Pour Mgr Wintzer, l’éducation de l’enfant est aujourd’hui marquée par une « individualisation radicale ». En figurant au premier rang de ses objectifs, l’épanouissement personnel et la préoccupation égalitaire contribuent à faire du jeune « un enfant roi ». Un individu dont les ambitions ne se résument parfois qu’à « être heureux à chaque instant », et « célèbre », à l’image des stars éphémères de la téléréalité.
« Eduquer, c’est apprendre à savoir dire non à son enfant. Il faut lui proposer des repères et lui poser des contraintes qu’il devra respecter », a insisté Mgr Wintzer, soulignant l’importance de bien distinguer les rôles, les sexes et âges de chacun. Si apprendre nécessite de « sortir de soi » pour se confronter au groupe et à terme devenir adulte et citoyen, le rôle des parents consiste à accompagner cette dynamique. Mais cela ne peut être l’apanage des parents. « La transmission des savoirs doit être au cœur du système éducatif », poursuit l’intervenant, s’inquiétant des difficultés des jeunes à acquérir les fondamentaux du savoir, en particulier la lecture et l’écriture.
Parce qu’elle permet la compréhension, l’expression, la conceptualisation et l’abstraction, la maîtrise du langage doit, pour le conférencier, avoir un rôle prépondérant dans l’éducation. Et l’écrit une place privilégiée, car, à l’inverse de certaines idées répandues, « l’écrit permet la maîtrise de l’oral ». A l’heure de l’Internet et ses écrans de toutes tailles, de l’infobésité et du Big data, Mgr Wintzer a fait l’éloge de l’apprentissage progressif, par la lenteur, via le livre et la littérature notamment. Il a en outre souligné l’importance d’une éducation à la vie intérieure, passant par l’éveil à la spiritualité et aux valeurs chrétiennes.
Après la conférence du père Théobald (théologien) sur la « transmission » en novembre 2011 à La Rochelle ; celle du père Petitclerc (prêtre, éducateur spécialisé et écrivain) sur « le rôle d’éducateur » en mars 2012 à La Rochelle ; puis le rassemblement Educ’Festiv de juin 2012 à l’Abbaye de Sablonceaux (1.200 à 1.300 participants), les catholiques de Charente-Maritime ont eu jeudi 20 mars 2014 une occasion supplémentaire de poursuivre leur réflexion d’éducateurs.
OS