La résurrection, le grand mystère du Salut

4 Avr 2021

La révélation de la résurrection ? Elle a d’abord été donnée aux femmes, confie le père Jean Juhel, aumônier honoraire des armées, aux lecteurs d’Eglise en Mission. Celui qui a longtemps été élève du Père Jean Danielou, jésuite français, partage ici quelques réflexions tirées de ses cours avec le théologien et académicien.

Jean-Paul Sartre disait : « un mort n’a plus d’initiatives ». Or, après sa mise au tombeau, Jésus reprend l’initiative : il se fait voir vivant. C’est du Père Danielou, mon vieux professeur, que je m’inspirerai pour écrire ces quelques lignes.

Au cœur du christianisme, la foi en la résurrection est pour le chrétien « la réponse aux problèmes derniers de la condition humaine, ce qui concerne les abîmes de la mort et du mal. Elle en représente l’aspect le plus scandaleux pour la condition humaine. Elle s’insère dans la trame des événements de l’histoire humaine. Elle est en même temps irruption de Dieu qui introduit une discontinuité dans cette histoire et nous fait passer à un autre plan ». 

Aujourd’hui, une tentation commune est de remettre en question une part de la réalité historique de la résurrection corporelle du Christ et par le fait même la réalité eschatologique (qui concerne la fin des temps, ndlr) de la résurrection de nos corps.

Le témoignage essentiel des femmes

Dès l’origine, la question du tombeau vide a suscité des contestations. Le fait même pose question : l’historicité de l’épisode et les explications qu’on y donne. Les quatre évangélistes attestent cette venue des femmes au tombeau. Matthieu et Marc parlent tous deux de Marie de Magdala et de l’autre Marie, mère de Jacques et de Salomée. Jean, pour sa part, ne nomme que sainte Marie-Madeleine (Jn 20, 1).

Selon le théologien allemand Martin Hengel, il y a un groupe de femmes que Jésus a constitué durant sa vie publique à côté du groupe des apôtres. Ce sont ces femmes que nous trouvons au tombeau : des femmes « guéries de maladies » (Lc 2, 3), miraculées ou converties, comme Marie de Magdala, et d’autres femmes de la famille de Jésus. Toutes ces femmes étaient au service de Jésus et à l’ensevelissement regardent à distance. Elles sont les principaux témoins du tombeau vide.

Ces femmes représentent un certain parallèle avec le groupe des apôtres : Marie de Magdala tiendrait ainsi, selon Hengel, un rôle pareil à celui de Pierre par rapport au groupe des apôtres. Au 4e siècle, Pierre d’Alexandrie, évêque d’Alexandrie et un Père de l’Eglise, explique que la foi de l’Eglise repose à la fois sur Simon Pierre, que Jésus a appelé Kephas (le roc), et sur Marie de Magdala, dont le nom ‘Madeleine’ signifie la forteresse. Les deux groupes ont eu accès à la réalité historique de la vie du Christ : les apôtres, la tradition officielle, et les femmes, la tradition mystique.

La révélation de la résurrection a donc d’abord été donnée aux femmes. « N’ayez pas peur ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où l’on l’avait déposé. Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : ‘’Il vous précède en Galilée’’. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit » (Mc 16, 6-7). On trouve une formule semblable chez l’évangéliste Matthieu (28, 6) qui ajoute « ressuscité comme il l’avait dit ». La foi en la résurrection est fondée sur la parole de Dieu, annoncée par Jésus lui-même, et sur le témoignage des écritures.

Un événement décisif de l’histoire sainte

Pour un Juif du temps de Jésus, le terme « résurrection » signifie trois choses : d’abord, qu’il s’agit d’une action divine, ensuite, que c’est l’homme tout entier dans son âme et dans son corps qui redevient vivant, et enfin, que les temps messianiques sont arrivés. L’humanité du Christ est délivrée de la mort et de la condition mortelle : il y a passage à une nouvelle vie. Voilà l’événement décisif de l’histoire sainte.

Par ailleurs, on peut s’attarder sur une présente pour le moins étonnante : celle des Anges. Elle signifie que Dieu et son Royaume sont présents dans le Christ. Les Anges constituent le rayonnement intelligible de Dieu et de la cour céleste : le rayonnement de la gloire, puisqu’ils sont manifestés par la robe blanche et l’éclair. Ce sont les serviteurs du dessein de Dieu, chargés d’un ministère. Ils appartiennent à un monde céleste mais toutefois bien créé. Les anges sont des serviteurs et des messagers. Ils sont d’une sphère irréductible de la réalité. Saint Thomas dit que les anges sont des créatures personnelles en-deçà de Dieu et au-delà de l’homme.

Ainsi donc, le Christ reprend l’initiative : il se fait voir, quand il veut, où il veut. Pierre, avec les Onze, sera le témoin éminent de la résurrection. Cela lui confère une autorité personnelle distincte du collège apostolique. On peut également noter l’apparition à Jacques, qui est de la famille de Jésus et chef de la communauté judéo-chrétienne. Il faut bien repérer la continuité du Christ avant et après sa résurrection. Le Christ est le même hier et aujourd’hui. Cette réalité du Christ est inconstatable (Ac 4, 20) : « on ne peut pas oublier ce que nous avons vu et entendu ».

L’objet du témoignage porte sur la réalité physique du corps ressuscité : « Voyez mes mains, touchez-moi », rapportent d’une même voix saint Jean et saint Luc dans leurs évangiles respectifs. Enfin, dans les actes des apôtres, on lit que le ressuscité a partagé la vie des apôtres : il mangé et il a bu avec eux. Le grand professeur Cullman a souligné l’importance des repas du ressuscité avec les apôtres. La résurrection du Christ reste le grand mystère du Salut.

Père Jean Juhel

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