La question des origines du baptême

8 Jan 2022

L’Eglise célèbre ce dimanche le baptême du Seigneur, et clôt, par cette fête, le cycle de Noël.

Le baptême de Jésus dans le Jourdain constitue pour les quatre évangélistes la manifestation — « l’épiphanie » — la plus importante, au tout début de la vie publique du Christ (Mt 3, 13-17 ; Mc 1, 9-11 ; Lc 3, 21-22 ; Jn 1, 29-34). En outre, cet événement de la vie de Jésus, considéré comme un point de départ essentiel (cf. Ac 1, 22), est d’une grande plénitude : non seulement il évoque la mort de l’Agneau de Dieu (cf. Lc 12, 50) et notre propre « plongeon » dans sa mort, par le sacrement du baptême, mais surtout il souligne la source et la portée trinitaire de la mission du Serviteur souffrant.

Jésus n’a pas besoin du baptême de Jean Baptiste qui était signe de repentir, lui qui est sans péché, ni d’un don de l’Esprit, puisqu’il est le Fils de Dieu depuis toujours et possède donc l’Esprit en plénitude. Mais, par ce signe, Jésus s’est solidarisé avec nous et nous fait don du baptême : c’est Lui qui baptise dans l’Esprit pour que nous soyons “un” avec lui dans son humanité ressuscitée.

La question de origines du baptême chrétien

” Pourquoi les premiers chrétiens ont-ils choisi l’immersion dans l’eau ? Quels étaient leurs motifs pour faire du baptême leur rite d’admission ? Et par quel processus la formalisation du rite s’est-elle accomplie ?

Pour trouver une réponse à la question de l’origine, la théologie chrétienne a surtout essayé de la faire remonter à l’initiative de Jésus lui même : il aurait institué le baptême. Il est pourtant très difficile de trouver des repères utilisables dans les évangiles. Il ne parait pas probable que Jésus ait baptisé lui-même ou qu’il ait ordonné à ses disciples de le faire. L’historicité de deux passages qui l’affirment dans l’évangile de Jean (Jn 3,22 et 4,1) semble très douteuse. Par la suite, on a souvent renvoyé à la fin de l’évangile de Matthieu où Jésus dit : “Allez, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit”. Ce commandement est pourtant attribué non au Jésus historique, mais au Christ ressuscité apparaissant à ses disciples. Il paraît évident que l’auteur a voulu rattacher un usage liturgique déjà existant dans son Eglise à un commandement donné par le Christ après sa résurrection, dans le but de le légitimer.

Reste la donnée – probablement historique- que Jésus a été baptisé lui-même par Jean-Baptiste au Jourdain. Il est vrai que, surtout dans les périodes plus tardives, cette scène a constitué le modèle du baptême chrétien, mais il est plus probable que cela ait été le cas au début du christianisme et, de toute façon, le baptême n’a jamais été une simple copie de celui que Jésus avait reçu.

Pour résumer, tout indique que le baptême chrétien a été essentiellement une création des premières communautés chrétiennes. Une création presque immédiate cependant puisque Paul, au début des années 50, rapporte qu’il a baptisé quelques Corinthiens (1Co 1,14-16) comme une évidence dont il n’a pas besoin de rappeler la nécessité. Cela dit, il est important de remarquer que les rites ne sont (presque) jamais inventés de toutes pièces comme le seraient des pratiques entièrement neuves et originales. Ils sont presque toujours le résultat d’assemblages inventifs dans lesquels on utilise des traditions rituelles existantes, non pour les copier simplement, mais en les transformant et en les adaptant pour les approprier à de nouveaux contextes. Cela vaut pour les rituels liturgiques des premières communautés et c’est aussi le cas pour le baptême chrétien”.

Gérard Rouwhorst (Ecole de théologie de Tilburg) – Extrait de “Après Jésus, l’invention du christianisme” Albin Michel

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