Lors de la journée fraternelle organisée à la maison diocésaine à Saintes, mardi 14 septembre, l’évêque s’est adressé aux prêtres du diocèse.
“Pour vous partager quelques réflexions sur l’exercice de notre ministère presbytéral aujourd’hui, comment ne pas évoquer d’abord notre contexte social et précisément le constat de notre situation minoritaire ?
Ce constat nous oblige, au sens positif du mot, à renouveler notre manière de vivre notre ministère . Notre société est de plus en plus déliée de ses repères et de ses racines chrétiennes . Au sein de celle-ci, les catholiques vivent leur suite du Christ, dans cette situation de réelle minorité : 2%, si l’on s’en tient aux pratiquants réguliers. Parler de minorité, c’est faire un constat . Ici, il ne s’agit ni de s’en lamenter, ni de s’y complaire.
Dans cette situation, les catholiques peuvent être eux-mêmes influencés par les valeurs, les normes choisies et mises en avant constamment par cette société ; Ils peuvent être aussi parfois tentés par le repli sur eux-mêmes. Pour vivre en chrétien, l’héritage culturel ou familial ne suffit plus, les habitudes ne tiendront pas face aux conformismes sociaux du moment .
Dans ce contexte, je voudrais donc souligner, ce matin, l’importance de deux aspects de notre ministère :
Nourrir spirituellement les fidèles
Comme pasteurs, nous sommes appelés aujourd’hui à porter une attention particulière à ce qui nourrit spirituellement les chrétiens rassemblés . Pour cela, je pense au temps à préserver dans notre semaine, pour préparer nos homélies . Je pense aussi à la place que nous accordons dans la vie de nos paroisses et aumôneries, à des propositions, pour renforcer et approfondir l’enracinement des chrétiens dans le Christ : groupes de prière sous toutes ses formes, adoration eucharistique, journée de récollection pour les temps forts liturgiques (avent, carême), école de prière pour les enfants, pèlerinage paroissial, proposition du sacrement du pardon, par des permanences régulières, enseignements pour donner des repères pour la vie intérieure, mais aussi pour soutenir l’accompagnement spirituel des enfants par les parents, etc…
N’hésitez pas à vous impliquer pour mettre en valeur ce type de propositions, pour tout simplement ,de manière fondamentale, remettre le Christ au centre . Il est notre seul appui . C’est le temps de la foi !
Une foi à approfondir, à nourrir ! Pour les chrétiens, que nous voulons servir, voilà la seule source de leur assurance :
– assurance et persévérance dans la foi
– assurance et audace dans la désir de partager cette foi à d’autres .
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle notre démarche synodale missionnaire est d’abord un cheminement spirituel à vivre personnellement , mais aussi ensemble, pour nous stimuler et nous enrichir mutuellement de nos propres expériences spirituelles. Face à ce défi énorme de l’évangélisation, il nous faut sortir de nos logiques simplement humaines, liées à nos statistiques, nos analyses sociologiques, à notre organisation, ces logiques humaines où nous passons notre temps à nous regarder nous-mêmes, à nous comparer, à nous juger !
Il n’y a et il n’y aura de renouvellement, de renouveau pour l’Eglise, que par ce que l’on pourrait appeler sa réforme spirituelle, venant de la conversion intérieure de chacun . Celle-ci peut seule renverser les habitudes, les résignations, les crispations et surtout elle donne cette formidable liberté intérieure, pour inventer de nouveaux chemins pour la mission et pour nous recevoir du Père comme des frères.
Favoriser la vie fraternelle
Ici , avant tout, rappelons nous que la vie fraternelle, pour les chrétiens, n’est pas simplement une option sympathique,. Elle est l’expression même de la foi chrétienne dans un lieu. Quand des personnes deviennent chrétiennes par le baptême, une fraternité apparaît. L’exercice de notre ministère doit favoriser la vie fraternelle, particulièrement aujourd’hui :
Entre les chrétiens : cette vie fraternelle effectivement expérimentée est une belle dimension de l’attractivité de l’Eglise : accueil des familles, des jeunes et enfants, accueil et intégration des catéchumènes devenus néophytes, connaissance mutuelle entre pratiquants par des temps gratuits de rencontres et de fêtes. Beaucoup d’initiatives sont à prendre, comme moyens d’accentuer cette vie fraternelle, toujours ouverte à d’autres .
Entre les prêtres : en participant aux invitations faites par le diocèse au presbyterium (lundi saint, sortie fraternelle, session pastorale de 5 jours dans un autre diocèse, retraite sacerdotale, formations). Ces temps sont à prévoir et privilégier dans nos plannings , car vivre la fraternité sacerdotale ne peut se faire que dans la rencontre de l’autre, du confrère, qui est forcément différent. Depuis cette rentrée, nous avons souhaité demander aux jeunes prêtres de se réunir, en rejoignant une fraternité, comme lieu de partage, de prière et de convivialité. Localement, des propositions existent déjà (repas, partage, etc…) mais nous avons à poursuivre pour inventer des formes nouvelles de vie fraternelle ( vie commune en équipe, mais aussi collaborations pour la mission, en prenant en compte les charismes de chacun.
Gardons nous de toute volonté d’autonomie. Notre ordination nous a intégrés dans un presbyterium, autour de l’évêque. En outre, la communion fraternelle va de pair avec la mission . Cela est vrai pour nos communautés chrétiennes comme pour notre presbyterium.“