Homélie pour la messe de la Vigile pascale

11 Avr 2020

Chers frères et Sœurs

Résurrection et mission

Au cours de cette vigile pascale, nous sommes en communion spéciale avec nos frères et sœurs catéchumènes. Le confinement retarde leur baptême et celui de plusieurs milliers d’adultes dans notre pays. Mais avec eux, nous nous consolons car nous savons qu’ils continuent à chercher Dieu et ils nous invitent à en faire autant.

Cela fait plusieurs années que leur quête de sens, d’absolu, a commencé et elle les a conduits à Dieu par la rencontre du Christ. La prière en union avec eux dont nous avons célébré l’appel définitif lors du deuxième dimanche de carême nous rappelle notre situation personnelle. Nous sommes nous aussi des chercheurs de Dieu. Certes, me direz-vous, nous l’avons déjà trouvé, puisque ce soir, nous sommes rassemblés, d’une manière particulière en raison du confinement, mais rassemblés tout de même par la même foi, la même espérance, le même amour, dans la dispersion. Nous sommes dans la situation des communautés clandestines qui, dans tel ou tel pays où les chrétiens sont persécutés, se cachent pour célébrer la résurrection du Seigneur.

Nous sommes confinés chez nous, mais nous savons que le Seigneur nous a demandé de nous aimer les uns les autres. Il ne nous a pas demandé d’avoir peur des autres, mais de nous aimer ; il ne nous a pas demandé de nous enfermer dans nos maisons, mais de partir à  la suite de Marie-Madeleine et de l’autre Marie, en Galilée, dans la Galilée d’aujourd’hui, dans tous ces aréopages qui ignorent le Christ. Il est frappant de constater qu’ils sont nombreux dans notre France, fille aînée de l’Eglise. Le livre de Jerôme Fourquet, « L’archipel français », nous montre que la culture chrétienne est répandue sur un îlot de l’archipel et pour la foi, qu’en est-il ?

Ce constat nous montre l’ampleur de la mission qui nous attend. La bonne nouvelle de cette vigile pascale c’est que la résurrection du Seigneur s’accompagne d’un envoi en mission « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront », dit Jésus ressuscité aux femmes. Toutes les lectures méditées au cours de cette célébration nous montrent que Dieu est toujours pour l’homme l’inouï, l’inattendu. Il nous précède toujours là où nous ne l’attendons pas.

Avant de devenir chrétiens, nos amis catéchumènes n’attendaient  pas les bonnes nouvelles que la parole de Dieu méditée au cours de cette vigile pascale nous rappelle : l’héritage de la création qu’il nous faut protéger, l’amour qui interdit le sacrifice humain, le Dieu qui libère de l’esclavage en terre étrangère. Ils ne savaient rien du Dieu de tendresse et de miséricorde qui veut vivre au milieu de nous, faire sa demeure parmi ses enfants, les hommes ; ils ne savaient rien du projet d’amour manifesté en Jésus Christ, Sagesse éternelle du Père.

L’évangile, qu’ils ont découvert, est une bonne nouvelle parce que la vie divine rejoint l’homme, parce que ce dernier a la liberté de choisir entre deux voies : rester replié sur soi, ses peurs, ses petites ambitions, ses petits calculs, ses revendications, ses jalousies ou bien suivre le Christ sur le chemin exigeant, mais rempli de signification pour notre vie personnelle, pour les grandes décisions de la vie quotidienne, pour le vrai bonheur qui ne s’achète pas, mais que l’on trouve en suivant le Christ. Nos amis ont rencontré le Christ, leur vie en a été changée et ils seront bientôt baptisés. Faisons comme eux, ne nous lassons pas de chercher le Christ. Nous le connaissons un peu tout de même, par la lecture de l’évangile, la prière, le pardon qu’il nous donne lorsque nous le lui demandons, l’eucharistie, l’adoration qui nous permet de vivre avec lui dans l’intimité, le service de nos frères.

Les paroles de l’ange aux femmes «je sais que vous cherchez Jésus le crucifié», c’est à nous qu’elles s’adressent en cette nuit unique. Car bien souvent il nous arrive de chercher le crucifié au lieu de chercher le ressuscité. Nous avons accompagné Jésus sur les routes, nous avons vu ses miracles, nous en avons peut-être bénéficié et, pendant ces jours saints, nous avons assisté au procès, déjà un peu en retrait, prêts au reniement à cause de la peur, cette peur si familière à l’homme. Nous avons suivi Jésus portant sa croix et assisté, impuissants,  à sa passion et à sa mort. Avec l’homme mis à mort sur le bois de la croix,  c’était tous nos espoirs qui étaient crucifiés. Nous avons contemplé dans le corps supplicié toute notre misère, tout notre péché. Notre cœur s’est brisé quand la pierre du tombeau a été roulée, quand la tombe s’est refermée.

Mais, notre foi nous donne une liberté éclairée par l’esprit saint reçu le jour de notre baptême, celui de notre confirmation. C’est cette vraie liberté qui nous libère de la peur et nous ouvre à une vie plus belle, une vie donnée à l’exemple de notre Seigneur, une vie où l’amour, le pardon, la recherche du bien commun ont la première place. Nous nous abandonnons à son mystère pascal. Et nos cierges dressés au cœur de la nuit deviennent le signe de la victoire du Ressuscité, lumière de notre vie de Baptisé reçue de lui, lumière qui, seule, peut déchirer la nuit de notre vieille humanité, blessée et promise à la mort. Le tombeau est vide parce que Le Seigneur n’a pas besoin des aromates préparés pour un mort selon la tradition juive, il a besoin de l’offrande de nos vies, de notre cœur, il a besoin que nous le cherchions, que nous le trouvions, que nous le suivions. C’est la grâce de Pâques que nous fêtons au cours de cette nuit. Nous ne sommes pas abandonnés, le Seigneur est ressuscité. Alleluia !

+ Georges Colomb

Évêque de La Rochelle et Saintes

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