Fête de l’Assomption de la Vierge Marie, homélie donnée à la basilique d’Orcival, diocèse de Clermont-Ferrand.
Homélie Fête de l’Assomption 15 Août 2018
Chers Frères et Soeurs,
« Mon âme exalte le Seigneur, Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ».
C’est avec toute l’Église que nous sommes invités à nous réjouir en ce jour de solennité ! La Vierge Marie, préservée de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée, corps et âme, à la gloire du Ciel et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils Jésus ! Telle est la Foi de l’Église proclamée solennellement le 1er novembre 1950 par le pape Pie XII.
Ainsi, la Vierge Marie a été associée à la vie, à la mort et à la résurrection de son Fils d’une manière proprement inimaginable. Celle qui se présente à l’Ange Gabriel comme «l’humble servante du Seigneur » est aussi celle qui proclame dans son Magnificat : «toutes les générations me diront bienheureuse ! ». Oui, toutes les générations proclament Marie bienheureuse, Elle qui est désormais avec son corps et son âme, c’est à dire avec toute sa personne, dans la joie du paradis, dans l’exultation du Ciel ! Dans le triomphe de Marie, nous admirons les merveilles que Dieu réalise dans une fragile humanité.
Chers Frères et Soeurs, toute l’histoire de Marie est une visitation. Se laisser visiter, entrer dans l’intimité, ce n’est pas toujours évident ! Ouvrir sa maison pour y laisser entrer quelqu’un qui ne vous quittera jamais ! Marie a eu ce « génie » de savoir ouvrir la porte et de ne jamais avoir peur de celui qu’elle accueillait dans sa vie. La visite est un art pour celui qui entre. Car Dieu ne veut pas seulement passer, il veut demeurer en nous. Son amour se donne et se livre sans aucun calcul. Il est sans retour.
En Marie, Dieu a trouvé la demeure idéale, une demeure où il était sur que tout l’espace serait disponible. Chez Marie il n’y a pas un lieu qui ne soit inaccessible à la présence de Dieu. Elle est une icône où resplendit la gloire de Dieu. Cette Gloire c’est d’habiter chez celui qui veut bien accueillir la présence de Dieu dans sa vie. En Marie nul obstacle à cette présence. Sa vie fut un immense OUI à la présence de Dieu. Marie devient ainsi créature et mère, en Jésus, d’un Dieu qui veut s’offrir à tout homme qui veut bien l’accueillir. Marie nous est offerte comme Mère pour que son fils puisse naître en chacun de nous. Car Marie s’est tellement laisser façonner par Dieu qu’elle ne retient rien : elle offre tout. Si elle retient son fils dans ses bras, c’est pour mieux l’offrir à cette humanité blessée et meurtrie par le péché. Contempler Marie c’est voir l’homme tel que Dieu l’a créé. Alors, frères et sœurs, aujourd’hui plus que jamais entrons à l’école de Marie pour apprendre ce qu’est le courage, la confiance, l’amour et l’espérance !
Nous sommes invités à la suite de Marie à rendre intelligente notre foi. Nous n’aurons jamais fini de comprendre le mystère de Dieu. Osons questionner notre foi ! N’ayons pas peur de ce travail car il nous rapproche de Dieu. Mieux nous connaîtrons Dieu et mieux nous l’aimerons en nos frères. Être à l’école de Marie, c’est se mettre en route avec Jésus, c’est être le témoin de son oeuvre de Salut. Avec Jésus nous sommes capables de passer de grandes épreuves. C’est ce que fait Marie en allant chez sa cousine Élisabeth. Rien n’est infranchissable avec Jésus. Et pourtant Marie a dû passer une épreuve infranchissable : celle de la mort de son Fils. Malgré la douleur insupportable de voir son Fils en croix, elle reste debout. Elle n’est pas assise, à genoux ou couchée, elle est debout ! Quel mystère ! C’est celui d’un Dieu qui nous
veut debout. Dieu désire que nous puissions faire face aux épreuves de la vie et que nous puissions, à la suite de Marie, laisser Dieu vivre en nous et refuser que la haine, la douleur puissent nous envahir.
Marie est une femme qui a répondu OUI à Dieu avec ses limites et ses fragilités. Un OUI qui a pu s’épanouir sur une terre bien préparée où le péché n’a pas eu de prise. Cette terre a été préparée par Dieu mais aussi par tout un peuple. Marie est l’héritière d’une foi multiséculaire. Nous même, notre terre de France, le diocèse de Clermont, tout spécialement ici à Orcival, nous avons été préparés par la foi reçue jusqu’à aujourd’hui pour pouvoir vivre de Dieu, pour que chacun d’entre nous vive de Dieu. Sur une parole, à une demande de Dieu, Marie fait confiance et dit oui. Et nous, frères et sœurs, quelle réponse allons nous donner aux demandes du Seigneur ? Lorsque Marie retourne vers Dieu c’est toute l’humanité qui avait perdu le chemin de Dieu qui retourne vers lui. Tout homme est invité à la suite de Marie à dire une seule parole qui lui ouvre le ciel. Cette parole c’est : OUI !
Le OUI de Marie au matin de l’Annonciation inaugure les temps nouveaux du salut, c’est à dire les temps de la foi, les temps de l’accueil en plénitude de la Parole de Dieu et de la révélation de son dessein miséricordieux. Désormais, parce que Dieu s’est incarné, le démon, la mort et le péché se savent vaincus. Ce combat avait été préfiguré dans l’Ancien Testament par la figure de Judith qui sauva Jérusalem menacée par l’envahisseur. Ce combat annonce celui que le Christ a mené depuis le premier instant de sa conception humaine dans le sein de Marie, jusqu’à sa passion, sa mort et sa résurrection. C’est même pour ce combat que le Christ est venu sur la Terre. Ce combat est aussi celui de l’Église qui est à l’image de Marie, combat qu’elle mène depuis sa fondation, au matin de la Pentecôte. Ce combat est aussi celui que nous avons nous-mêmes à mener depuis que nous avons reçu l’esprit de vérité le jour de notre baptême. Combat contre le péché sous toutes ses formes, combat pour la justice du royaume et la vérité de l’Évangile. Et c’est justement dans ce combat que la Vierge Marie nous assiste.
Son assomption ne l’éloigne pas de notre pauvre condition, bien au contraire ! Elle n’est indifférente à aucune de nos détresses. Elle est de tous nos combats, puisqu’elle nous assure de la victoire, si nous sommes fidèles à son exemple. Demandons lui la grâce d’une conversion réelle et profonde de notre coeur, Elle qui est le recours de ceux qui n’ont plus d’espoir, Elle qui est le secours de tous les Chrétiens, Elle qui nous offre le réconfort de sa présence et le secours de son intercession toute puissante !
En cette Solennité de l’Assomption, pourquoi ne pas lui demander un surcroît de grâces pour nous aider à vivre encore plus fidèlement notre vocation de Chrétien. Si nous sommes tentés par le doute et le découragement, comment n’aurions-nous pas une place toute spéciale dans son coeur, puisqu’elle connaît chacune de nos détresses. Elle qui a vu mourir son propre fils, Elle nous aide puissamment dans notre pèlerinage de la foi. Aucune créature n’a autant souffert, aucune créature n’a autant aimé, aucune créature n’a participé à ce point à la rédemption du monde. Personne n’a coopéré à ce suprême degré au salut de tous les hommes, que la Vierge Marie.
Voilà pourquoi nous sommes invités, comme l’apôtre Saint Jean, à prendre Marie chez nous, à lui offrir la demeure de notre cœur, à la recevoir comme notre Mère dans l’ordre de la grâce, comme notre éducatrice. C’est Elle qui tout à la fois nous montre et nous apprend le chemin du Ciel ! Vierge Marie, avec Saint-Jean Paul II affirmons, « Totus tuus », Je suis tout à toi !
Marie est désormais au ciel, partageant la Gloire de Dieu. Pourtant elle n’est pas absente de notre vie. Dieu nous l’a donnée pour quelle soit notre Mère et marche à nos cotés. Alors n’ayons jamais peur de nous tourner vers elle. Elle est le chemin le plus solide pour retrouver Dieu lorsque nous nous égarons.
Marie apprends-nous à chanter et à vivre ton cantique d’Action de grâce pour que notre vie soit toujours un don que nous recevons de Dieu, « Mon âme exalte le Seigneur, Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur» !
Amen !