Homélie donnée par Mgr Colomb pour l'ordination sacerdotale de Luca Astolfi et Louis Chasseriau

22 Juin 2019

Homélie donnée par Monseigneur Georges Colomb pour l’ordination sacerdotale de Louis Chasseriau et Luca Astolfi, samedi 22 juin en la cathédrale Saint-Louis, La Rochelle

Nombres XI, 11-12 ; 14-17 et 24-25    2 Corinthiens, IV, 1-2 et 5-7   Jean XXI, 15-19

L’ordination sacerdotale de Louis et de Luca représente pour l’Eglise diocésaine une grande joie : aujourd’hui, répondant à l’appel de notre Père des cieux, ils reçoivent, par l’imposition des mains de leur évêque, la plénitude du sacerdoce de Jésus-Christ pour continuer sa mission sacerdotale de maître, de prêtre. Ils deviendront collaborateur de l’évêque, pasteur au service du peuple de Dieu. L’Eglise, ici réunie, les porte dans sa prière et je me permets d’adresser à leurs parents, à leur famille et à leurs amis, mes remerciements pour l’affection et le soutien qu’ils témoignent à leur égard. A la lumière des textes liturgiques que nous venons d’entendre, interrogeons-nous quelques instants sur le sens et la beauté de la vocation sacerdotale : qui est le prêtre ? Comment rend-il le Seigneur présent au cœur de notre monde ? Quel message le prêtre peut-il nous apporter, que nous soyons baptisés ou non ?

Le prêtre est constitué médiateur entre Dieu et les hommes

Le prêtre est un intercesseur

Le prêtre est un témoin des merveilles de Dieu pour les hommes

1)    Le prêtre est constitué médiateur entre Dieu et les hommes. Aujourd’hui, Louis et Luca ne reçoivent pas seulement une grâce sacramentelle, mais un caractère, c’est-à-dire une marque indélébile dans leur âme qui les conforme pleinement à Jésus-Christ. Ils sont établis prêtres pour l’éternité. Le prêtre n’est pas à proprement parler le Christ. Ses nombreuses imperfections lui rappellent chaque jour que c’est avec humilité et action de grâces qu’il doit accomplir sa mission auprès de ses frères. Saint-Paul dans la Lettre aux Corinthiens nous le rappelle : «Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin qu’il paraisse que cette souveraine puissance de l’Evangile vient de Dieu et non pas de nous». Et pourtant, le prêtre est un « autre Christ », selon l’expression consacrée ! Chers amis, vous rendrez Jésus présent dans le monde, par l’annonce de sa parole, l’exemple de vos vertus et les grands actes de la vie sacramentelle. C’est vous qui infuserez dans l’âme du nouveau-né et chez les adultes la vie divine au jour du baptême ; c’est vous qui remettrez les péchés au nom de Dieu, ne vous lassez pas d’être miséricordieux, comme nous y invite le Saint-Père ; c’est vous qui rendrez Jésus présent dans la sainte eucharistie, avec son corps, son âme et sa divinité. En étant fidèle à la prière des heures, vous offrirez à notre Seigneur, les joies et les peines de l’humanité. Vous Soulagerez les malades, les personnes handicapées avec l’huile sainte, et sachez que les visiter, ce n’est pas perdre son temps.

A travers votre ministère, le sacrifice des fidèles sera rendu parfait. Représentant de Dieu auprès de son peuple, le prêtre est également le représentant attitré de l’Eglise auprès de Dieu : cette double mission est l’élément constitutif de sa médiation. C’est pourquoi, vous devrez chaque jour offrir vos prières, vos sacrifices, vos renoncements pour l’Eglise et le monde entier, afin de faire descendre sur nous une pluie de grâces et une abondance de bénédictions.

2)    MEDIATEUR, MAIS AUSSI INTERCESSEUR : Le prêtre est un intercesseur. Vous avez, chers Louis et Luca, pour double mission d’amener Dieu aux hommes, et de conduire les hommes à Dieu. Comme Moïse, la charge des âmes pourra parfois vous peser et vous interrogerez alors le ciel avec angoisse : « Pourquoi, Seigneur, avez-vous fait ce mal à votre serviteur, et pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce à vos yeux, pour que vous ayez mis sur moi la charge de tout ce peuple ? Je ne puis pas, à moi seul, porter tout ce peuple ; il est trop pesant pour moi ». Vous vous souviendrez alors que ce n’est pas vous qui avez choisi de devenir prêtre, mais que vous vous êtes contentés de répondre librement et généreusement à une invitation de Dieu. Or, le Très-Haut est un Dieu d’amour et de sagesse : jamais il ne demande l’impossible à ceux qui l’aiment, mais, avec l’envoi en mission, il offre une multitude de secours et de grâces. Par sa docilité et sa bonté, Jésus continue à agir et à se manifester dans le monde. Le ministère du prêtre contient un prodigieux mystère d’effacement devant l’action bienfaisante du Sauveur. Saint-Paul nous le rappelle dans la lettre aux Corinthiens : « Revêtus de ce ministère selon la miséricorde qui nous a été faite, nous ne perdons pas courage. Car ce n’est pas nous-mêmes que nous prêchons, c’est le Christ Jésus, comme Seigneur ». Lorsqu’il nous confie de grands projets, Dieu ne nous laisse jamais seuls. Dans la solitude et le silence de votre quotidien, vous trouverez deux puissants soutiens : la présence de Dieu, que vous aurez plaisir à retrouver dans l’oraison et la louange ; la charité fraternelle qui vous rappellera que votre sacerdoce prend place dans une église particulière où s’aident et se soutiennent les nombreux acteurs de la vie diocésaine. Considérez les prêtres comme vos frères, sans vous faire la peau les uns les autres, selon l’expression du pape, considérez l’évêque comme un père. Soyez proches du peuple de Dieu, de tous, dans la grande diversité de notre Eglise. Le Seigneur renouvellera pour vous ce qu’il fit pour Moïse : « Je prendrai de l’esprit qui est sur toi et je le mettrai sur eux, afin qu’ils portent avec toi la charge du peuple, et tu ne la porteras plus toi seul… ». Vous pouvez compter sur le soutien de tous les acteurs pastoraux du diocèse, sur la prière de nos soeurs clarisses qui vous attendent pour  célébrer l’une de vos premières messes chez elle.

3) MEDIATEUR, INTERCESSEUR ET AUSSI TEMOIN :    Le prêtre est un témoin des merveilles de Dieu pour les hommes. Tout dans votre attitude, dans vos paroles, dans vos pensées et vos actions, doit respirer la bonne odeur du Christ. Vous avez pour mission de faire rayonner la joie et la paix de la résurrection dans un monde souvent triste et maussade, une société désenchantée, un environnement législatif qui porte une culture de mort et qui méconnaît, pour sa perte, la vérité libératrice de l’évangile. Dieu « a fait luire sa clarté dans nos cœurs, pour que nous fassions resplendir l’éclat de sa gloire, qui brille sur la face du Christ ». Le triple propos de chasteté, de pauvreté et d’obéissance qui accompagne votre consécration représente souvent un non-sens aux yeux du monde. Mais l’Eglise y voit au contraire l’expression la plus manifeste de l’amour exclusif que la personne consacrée rend à son Créateur et Sauveur. Comme saint Pierre au lendemain de la Résurrection, vous devez, cher Louis, cher Luca, témoigner aujourd’hui de la foi, de l’espérance et de la profonde charité qui vous habitent. Au Christ qui vous demande si vous l’aimez vraiment, répondez à chaque instant de votre vie dans l’exercice de votre ministère, par vos mérites et votre fidélité aux exigences de l’Evangile : « Seigneur, vous connaissez toutes choses, vous savez bien que je vous aime ». Cette donation implique certes bien des renoncements et des sacrifices, mais elle manifeste surtout l’exigence d’un bonheur plus grand, plus durable : la recherche de Dieu et du bonheur éternel. «En vérité, en vérité je te le dis, quand tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas». N’ayez pas des sentiers inconnus, n’ayez pas peur d’être des signes de contradiction, ne cherchez pas à plaire aux hommes, aux majorités, aux medias et aux puissances financières ou occultes qui les soutiennent. Cherchez à plaire à Dieu en faisant vivre en vous la liberté de l’esprit. Ne recherchez pas la popularité facile. Ne tombez pas dans les pièges de la mondanité. Le mot prêtre vient du grec et signifie : ancien, vieillard. Il évoque donc la maturité humaine et la sagesse spirituelle que l’Eglise attend de ses pasteurs. Or, saint Paul nous indique ici que c’est dans l’exercice de la docilité et de la patience que réside l’essentiel de cette sagesse. Dans notre quête du bonheur, Dieu nous demande de marcher à sa suite dans la joie et la docilité ; il nous conduit parfois sur les sentiers escarpés de la vie, là où nous ne voudrions pas nous rendre. Et pourtant, sans cesse, sa main nous guide et nous rassure. Qu’elle affermisse aujourd’hui Louis et Luca dans la grâce et que, par l’intercession de Notre-Dame, celle de Saint-Louis, celle du Bienheureux Jean-Baptiste Souzy et des martyrs des pontons de Rochefort, ils deviennent pour l’Eglise et pour le monde, de saints prêtres, fervents, humbles, patients, compatissants, proches de tous, fidèles à l’Eglise, fidèles à Rome.

+ Georges Colomb

Évêque de La Rochelle



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