Homélie donnée par Mgr Colomb pour le 4e dimanche de l'Avent: Institution à l’acolytat de Louis Chasseriau à l’église Saint-Eutrope de Saintes

23 Déc 2017

Homélie donnée par Mgr Colomb pour le 4e dimanche de l’Avent: Institution à l’acolytat de Louis Chasseriau à l’église Saint-Eutrope de Saintes

 
 

C’est Dieu qui bâtit notre Eglise, nous sommes les humbles artisans de cette construction

Le roi David voulait construire un temple pour Dieu. Et voilà que loin de l’en remercier, Dieu  lui donne une sérieuse leçon d’humilité, suivie d’une grande promesse.
Le roi David, aussi grand soit-il, tient toute sa puissance de Dieu. “C’est moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau, pour que tu sois le chef de mon peuple Israël. ”  Tout ce que possède David, il le doit à Dieu. Et Dieu ne lui demande pas de lui construire une maison. On ne peut décider à la place de Dieu.  On ne peut assigner Dieu à résidence.  David se trompe quand il pense qu’il peut donner quelque chose à Dieu. Tout est don, pour David comme pour nous.
Plein de tendresse et de miséricorde pour les hommes, Dieu se révèle comme un père plein de bonté qui  veut faire sa demeure au milieu des hommes. Son projet pour le monde, il le dévoile à David : “Quand tes jours seront accomplis  et que tu reposeras auprès de tes pères, je te susciterai dans ta descendance un successeur,  qui naîtra de toi…Moi, je serai pour lui un père ; et lui sera pour moi un fils”. Chers frères et sœurs, nous sommes nous aussi des successeurs, des héritiers, de qui me direz-vous , Et bien de ceux qui nous ont transmis la foi, nous avons reçu le baptême…
C’est en Jésus que Dieu va pleinement visiter son peuple et accomplir les promesses faites à David. C’est par Jésus que nous savons que Dieu est un père miséricordieux qui veut sauver tous les hommes.
Dieu s’est engagé solennellement envers les hommes : “Avec mon élu, j’ai fait une alliance, j’ai juré à David, mon serviteur : j’établirai ta dynastie pour toujours, je te bâtis un trône pour la suite des âges.” Le “pour toujours” nous assure de la fidélité de Dieu.  Les promesses de Dieu vont bien au-delà de nos attentes. Là où David pouvait croire en l’assurance d’une dynastie royale pour lui et sa descendance, nous savons que la promesse s’adressait à tous les hommes  qui un jour, par le Christ, pourront l’appeler Père. Non pas un père à la manière humaine, faillible et fragile, mais un Père tout puissant d’amour et de miséricorde. C’est dans la fragilité humaine d’un petit enfant que s’accomplit la puissance miséricordieuse de Dieu. De même que ce n’est pas le roi David qui a construit une maison pour Dieu, ce n’est pas nous qui bâtissons l’Eglise, c’est le Seigneur, comme il nous l’a dit lui-même « Tu es pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ». Belle leçon d’humilité qui nous est adressée comme elle le  fut  au roi David, belle assurance car puisque c’est le seigneur qui construit, nous ne craignons rien, mais pour que grandisse et s’accomplisse l’ouvrage, comme le maçon obéit à l’architecte, il nous faut, à la suite de Marie obéir à Dieu.

Dieu se fait proche des hommes

Le projet d’amour de Dieu, conçu de toute éternité, s’est progressivement révélé  aux hommes.  Ce projet d’amour concerne tous les hommes, de toutes les époques. Voilà le mystère dont parle l’apôtre Paul.  Si nous nous mettons à l’écoute de la Parole de Dieu, si nous recevons cette Parole dans la confiance, nous comprendrons combien Dieu veut se faire tout proche des hommes.  Cette proximité est le signe de son amour. C’est dans la naissance de Jésus que cette proximité se révèle en plénitude. C’est dans la méditation, l’appropriation par le Baptisé de la Parole de Dieu que cette proximité avec Dieu s’accomplit de nos jours, c’est dans le sacrement de réconciliation qu’elle est rétablie lorsque nous nous égarons du chemin de la vraie vie et c’est dans l’eucharistie qu’elle trouve sa plénitude puisque le Seigneur n’est pas proche de nous, mais est en nous. Nous avons revêtu le Christ le jour de notre baptême comme le dit Saint-Paul et le Christ est en nous.… Quelle proximité avec les plus lointains sommes-nous capables de vivre ?

Dieu attend notre consentement

Dieu a rendez-vous avec l’humanité. L’Ange vient visiter une toute jeune fille dans une bourgade reculée, Nazareth pour que s’accomplisse le mystère de l’Incarnation. On aurait pu penser qu’un lieu plus prestigieux, Jérusalem par exemple, et une personne de plus grande importance auraient été plus appropriés pour l’accomplissement des promesses du salut. “La  joie du salut a commencé dans la vie quotidienne de la maison d’une jeune fille de Nazareth” relève le pape François (homélie du 25 mars 2017 à Milan)… Quels sont nos rendez-vous avec l’humanité ?
En Marie, Dieu montre sa capacité à rejoindre tous les hommes, où qu’ils se trouvent.  Aucun lieu n’est trop petit, trop reculé, trop défavorisé. Dieu pénètre partout pour apporter le Salut. A Marie, la toute jeune fille de Nazareth, il fait la grâce d’attendre son consentement. Il en a besoin. Sans ce consentement, rien n’est possible !
L’amour ne force personne, Dieu est amour. Marie reste libre de dire non. Joseph restera libre de quitter Marie. Nous sommes libres d’accepter ou de refuser l’amour que Dieu nous offre. Marie, au nom de nous tous, au nom de l’humanité en attente du sauveur, donne son consentement: “Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole.”
C’est notre consentement que Dieu attend aujourd’hui.  Il ne veut pas nous faire peur. Il sait notre faiblesse et veut nous pardonner pour nous conduire sur le chemin de la vie. Il attend que nous consentions à cela, nous laisser sauver. Une fois notre “oui” donné, même si, dans notre faiblesse nous pouvons souvent nous raviser et revenir sur notre parole, une fois notre “oui” donné et redonné, tout devient possible. “Rien n’est impossible à Dieu” dit l’Ange à Marie.  Par le “oui” de Marie, c’est l’humanité toute entière qui voit s’ouvrir le salut.  Ne nous laissons pas voler l’espérance, ne nous laissons pas voler la joie, saisissons nous des dons de Dieu pour notre salut et celui de l’humanité.
Louis, tu vas recevoir dans quelques minutes le ministère de l’acolytat. C’est dans la plus totale liberté que tu as choisi de répondre à l’appel du Christ et de l’Eglise pour te préparer au sacerdoce.
Lors du dernier pèlerinage à l’Ile Madame tu as reçu le lectorat. Avec l’acolytat, tu franchis une nouvelle étape vers le diaconat, avant l’ordination sacerdotale.  Tu es entré dans le projet de Dieu pour toi, soutenu par ta famille, tes amis, les prêtres et diacres, les religieuses et religieux rencontrés au long de ta vie. Soutenu par l’intercession des martyrs des pontons de Rochefort, par celle de St-Eutrope, tu enracines ton Oui dans cette terre de Charente maritime, ta terre, comme Marie l’a enraciné en Galilée.
Je vais te remettre la patène et le calice afin que tu assistes les prêtres au  service de l’autel.  Si les ministères institués sont une  étape vers le diaconat et le sacerdoce, ils sont aussi un appel pour toi à vivre plus intensément de la Parole de Dieu, à la recevoir chaque jour dans la confiance et la joie pour y discerner, avec l’aide de l’Esprit, la volonté de Dieu pour toi-même et pour le monde. Appel aussi à entrer plus intimement dans le mystère de l’Incarnation et de la Rédemption que nous célébrons à chaque eucharistie. En ce temps de Noël,  Marie sera pour toi un modèle. Humblement elle a su recevoir l’annonce si mystérieuse de l’Ange pour se faire “servante du Seigneur”.  Sa vie durant, dans l’humilité et la confiance, elle méditera en son cœur le mystère de l’Amour de Dieu qui a pris chair en elle.
A l’image du “oui de Marie, notre “oui” à Dieu, chacun selon notre vocation particulière, ouvre sur des horizons infinis. Il ouvre une brèche qui laisse ruisseler l’amour de Dieu pour ce monde. Nous devenons les alliés de Dieu. Écoutons  le pape François : “Comme hier, Dieu continue à chercher des alliés… il continue à parcourir nos quartiers et nos routes, il rejoint tous les lieux à la recherche de cœurs capables d’écouter son invitation et de l’incarner ici et maintenant…  Dieu continue à chercher des cœurs comme celui de Marie, disposés à croire même dans des conditions tout à fait extraordinaires.” (Homélie de la Messe à Milan 25 mars 2017).
Relayons cet appel de Dieu, particulièrement auprès des plus jeunes. Montrons leur,  par la joie qui transpire dans nos vies,  la beauté de l’engagement au service de l’Eglise. Si les vocations sacerdotales nous semblent moins nombreuses aujourd’hui que par le passé, c’est peut-être simplement à cause de la faiblesse de nos « annonciations ». Finissons-en avec les complexes démodés, cessons de raser les murs, soyons fiers d’être des chrétiens, des disciples missionnaires, parce que notre fierté est pour le Christ et nous la vivons dans l’humilité et le courage à la suite de Marie.
Que par toute ta vie,  cher Louis,  tu portes témoignage de la beauté de l’Appel, de la force de l’Amour de Dieu, de la possibilité de répondre “oui”, ce oui qui fait de toi un allié de Dieu selon la belle expression du pape François, car “Rien n’est impossible à Dieu.”
+Georges Colomb
Évêque de La Rochelle et Saintes
 

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