Chers frères et sœurs, en ce 3eme dimanche de Carême, prions pour que nos cœurs s’ouvrent sans hésiter à l’amour de Dieu.
Qui est ce Dieu qui dans le livre de l’Exode se revèle à nous en disant “Je suis” ? Nous voyons bien dans le livre de l’Exode deux choses : d’une part la profondeur de ce Nom-là (Je suis), que nous avons peine à comprendre ; d’autre part dans la lecture qui nous est proposée aujourd’hui la compassion de Dieu, qui se laisse découvrir et un peu appréhender lorsque, voyant l’incompréhension et la peur de Moïse, il lui donne de bons conseils et le guide. Passe devant le peuple… lui dit-il !
Cette manière qu’a le Seigneur non seulement de se dévoiler mais de se faire connaître avec miséricorde à l’homme doit bien nous faire comprendre que le Seigneur ne nous demande pas des réflexions à n’en plus finir sur son identité. Il passe simplement dans nos vies par amour et attend la confiance qui permet tout. Il nous invite à faire un pas pour passer devant, il nous invite à l’abandon : ” passe devant… Emmène avec toi plusieurs des anciens… Prends en main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil et va. Moi je serai là devant toi..”. Voilà à quoi nous invite le Seigneur. Laissons-là les raisonnements tortueux et les calculs fastidieux : abandonnons-nous, et Dieu pourvoira à tout. Ce n’est pas une incitation au laxisme, mais une incitation à la vraie liberté qui est, comme il est dit dans l’Evangile, de chercher le Royaume de Dieu. Faisons confiance, mais cette confiance passe par l’épreuve, par la querelle du peuple avec Dieu dont Moïse est le premier destinataire : “pourquoi nous as-tu fait monter d’Egypte ? Etait-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ?”. Cette confiance passe même par le doute :”Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ?”.
Voilà, chers frères et soeurs le chemin qui conduit à l’espérance. Alors ne soyez pas surpris, chers amis, et vous les jeunes, si vous ne pouvez pas répondre à toutes les questions qui vous sont posées par vos copains et copines. L’espérance est au bout du chemin !
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Le Seigneur nous invite également, dans les lectures du jour, à la paix qui va de pair avec la foi grandissante qui nous a été transmise – et en temps de Carême il est bon de se rappeler l’importance de la foi, de l’espérance “qui ne déçoit pas”. Elle est le fruit de l’humilité dont les Pères du désert disaient qu’elle est la perle rare à conquérir. Elle est le fruit de l’amour de Dieu répandu dans nos coeurs par l’esprit saint qui nous a été donné. Tout est grâce, tout est don de Dieu, en commençant par son fils Jésus !
Comment entrer dans une démarche de foi ? Profitons de la grâce du carême, du sacrement de la réconciliation qui nous montre la miséricorde de Dieu ! Profitons de ce temps de préparation intense pour changer notre coeur. La nouveauté est au bout du chemin, nouveauté de nos vies à chacun d’entre nous. Nous parlons beaucoup de mode, de modernité, il faut être de son temps. Pour nous chrétiens, l’appel à la vie nouvelle est permanent. La vie dans l’esprit est la promesse d’une éternelle jeunesse !
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Enfin, en ce temps de Carême, j’aimerais rappeler le sens de l’ascèse chrétienne. Nous ne vivons pas à une époque où le mot ascèse plait. Pourtant, à nous chrétiens, il importe de rappeler l’importance de ce mot, et ce qu’il signifie, en paroles comme dans nos actes. Afin de bien faire comprendre pourquoi le christianisme n’est pas pour rien la religion de l’Incarnation ! Le sens de l’ascèse chrétienne n’est pas une mortification triste ; elle est un renoncement à un bien pour un bien plus grand. Le jeûne chrétien n’est pas une recherche de souffrance. Il est, ou du moins on peut le vivre comme une manière de comprendre à nouveau par notre corps le sens de cette nourriture qui nous est donnée chaque jour. Et combien se sent-on davantage incarné en prenant un repas maigre de jeûne, qu’avec un gros repas. Il faut retrouver la vertu de la sobriété â laquelle nous invite le Pape François dans son encyclique Laudato Si. Il faut retrouver le sens de l’Incarnation vraie, la joie de l’Homme vivant. il nous faut aller à la source d’eau vive qui ne se tarit pas. C’est cette source, c’est l’évangile qui permet la solidarité, l’amitié qui vous a réunis, chers Jeunes, ce matin à 10 H.
Il faut aussi préciser, en ce temps de Carême, que l’ascèse n’est pas seulement physique, elle est aussi intellectuelle. Elle est un recentrement sur l’essentiel, et donc une privation volontaire du superflu, de ce qui nous encombre pour ne pas dire nous envahit. On peut passer sa vie à lire, on peut passer ses journées à augmenter sa connaissance de l’actualité (Internet le permet toujours plus) : il faut refuser cela, pour aller à l’essentiel, à la rencontre de Dieu. Pourquoi ne pas renoncer à une demi-heure d’internet le soir, au profit d’une demi-heure d’oraison ou de lecture de la Bible ? Toute vraie conversion passe par des actes posés, réfléchis, voulus.
Cette recherche de la vraie vie passe par la rencontre avec nos frères et soeurs différents comme le fit Jésus avec la Samaritaine “Seigneur, donne moi de cette eau que je n’aie plus soif..”. Conduisons nos frères et soeurs à la source de la vraie vie pour que du fond de leur coeur ils puissent dire comme les Samaritains à la Samaritaine : “Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde.”
Dans la joie du Christ, frères et sœurs, soyons donc, par l’ascèse bien comprise et par l’humilité, des hommes et des femmes de Dieu, des hommes en paix, à la croisée des chemins, des ethnies, des religions, pour conduire nos frères d’une rencontre, ce ne sera peut-être pas auprès de la margelle d’un puits, à la source de la vraie vie, pour les conduire au Christ !
+ Georges Colomb