Homélie donnée par Mgr Colomb pour l'appel décisif des catéchumènes le 18 février

19 Fév 2018

Homélie donnée à l’abbaye de Sablonceaux, par Mgr Colomb pour le 1er dimanche du carême, appel des catéchumènes.

Vous êtes membres de la grande famille de Dieu

Dieu attend l’homme, avec patience, dans la confiance. Jamais il ne désespère de lui, jamais il ne nous abandonne.  Chacun d’entre nous aujourd’hui, et plus particulièrement, vous, chers amis catéchumènes qui franchissez  la dernière marche vers le baptême, nous pouvons dire avec l’évangéliste Marc : “Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche”. Cette proximité du salut par le baptême vous remplit de joie. Vous recevrez l’esprit saint, l’esprit divin. C’est une grâce, c’est un don pour un nouveau départ dans la vie, c’est une vocation qui est mise en vous, vocation de baptisé…
 
L’Alliance de Dieu avec les hommes concerne l’humanité toute entière, sous toutes les latitudes, à toutes les époques. De manière très personnelle, elle se manifeste dans l’aujourd’hui de nos vies. “Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous….Oui, j’établis mon alliance avec vous”Gn.9, 8-15, avec chacune et chacun de vous, aujourd’hui.  Dieu nous a créés, hommes et femmes, pour que nous vivions en communion avec lui, pour que nous partagions l’intimité même de sa vie. Le Seigneur, par le sacrement de l’eucharistie sera non seulement proche de vous, il sera en vous. Finie la solitude, finie l’indifférence. Ches amis, vous n’êtes pas des numéros, pas seulement des citoyens, vous n’avez pas seulement un statut dans la société dans laquelle vous vivez, vous êtes enfants de Dieu avec la dignité de prêtre, prophète et roi, comme le rappelle la liturgie du baptême. Cette grâce de Dieu ne vous donne pas des droits, elle vous donne des devoirs ! Votre devoir, c’est d’accueillir dans la famille, c’est-à-dire dans l’Eglise dont vous ferez partie, ces amis que vous côtoyez au travail ou ailleurs, ces personnes inconnues que vous croisez régulièrement, voire les membres de votre propre famille. Il faut le faire intelligemment et en respectant la liberté, la conscience de chacun. L’Eglise ne grandit pas par prosélytisme, nous a dit le Pape François. Elle grandit pas attraction. C’est votre foi, l’espérance qui vous habite, l’amour que vous donnerez qui seront attrayants et conduiront sur le chemin de la vérité ceux qui ne connaissent pas encore le Christ. Ils le rencontreront grâce à vous ! Vous serez de bons disciples et par conséquent de bons missionnaires !
 

Parce que vous avez vu le visage du Seigneur, son regard se poser sur vous ou vous avez entendu son appel…

Rencontrer Dieu, accepter de se laisser approcher par lui, c’est faire l’expérience d’un nouveau départ,  c’est entrer dans une vie nouvelle, à la suite de nos pères dans la foi, Noé, Abraham, Moïse, à la suite des Rois et des prophètes, à la suite de Jésus le Christ. L’histoire sainte continue de s’écrire dans et par vos vies. Vous avez rencontré le Seigneur après avoir fait le deuil d’un être cher, après une succession d’épreuves dans votre vie, dans le silence d’une église, de tant de manières ! Vous êtes les héritiers d’une belle tradition qui depuis 2000 ans voit dans l’homme une créature de Dieu faite à son image et à sa ressemblance, l’homme qu’il faut protéger, faire grandir, défendre dans sa dignité.
Le regard de Dieu s’est posé sur vous, et vous vous êtes laissés regarder. C’est un regard plein d’amour et de miséricorde. A vous maintenant d’ouvrir les yeux sur vos voisins, dans votre cité, sur ce vaste monde. Le Seigneur a besoin de vous. Il en a appelé 12, puis bien d’autres pour transmettre aux générations qui se succèdent le trésor de la foi en Dieu qui permet de réussir sa vie, ce qui est beaucoup plus difficile que de réussir dans la vie ! Prenez la vie qu’il vous donne, et à votre tour, donnez la généreusement, la vie dans l’esprit. Alors vous verrez l’humanité autrement, le monde autrement, et d’une autre manière, votre place dans ce monde qui passe. Toute chose devient nouvelle en Jésus-Christ.
Guidés sur le chemin de la foi, vous avez dit avec le psalmiste : “Seigneur, enseigne-moi tes voies,
Fais moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve”.(Ps : 24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9)

Et vous avez reconnu celui qui vient vous sauver !

Soutenus dans votre démarche par un conjoint, un ami, une amie, par la méditation de la Parole de Dieu, par la rencontre avec des frères et sœurs de communautés chrétiennes rassemblées pour prier, célébrer et vivre en Christ, toujours devancés par l’Esprit Saint, vous reconnaissez désormais en Jésus le Juste, le Sauveur, celui ” à qui sont soumis les anges, ainsi que les Souverainetés et les Puissances” (1 P 3, 18-22). Vous reconnaissez celui qui peut tout parce qu’il a tout donné, celui qui peut sauver l’humanité parce qu’il est mort, seul, pour tous !
Aujourd’hui l’Eglise vous appelle, au nom du Christ. Votre joie, celle de vos parrains et marraines, celle de vos familles est une joie sans équivalent. Elle est celle qui est donnée quand on se sait aimé, pardonné, accueilli et sauvé. Elle est précieuse car elle n’a été rendue possible que par le don du Christ qui “a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit” ((1 P 3, 18-22).
Cette joie est aussi le fruit d’un combat spirituel consenti. A la suite de Jésus, vous allez connaître la tentation, le doute. Conduits dans des déserts qui ne sont pas de sable, mais qui sont au cœur de nos vies quotidiennes, vous vivrez le combat perpétuel des hommes en proie aux tentations et au mal.  Vivre en chrétien dans notre monde sécularisé oblige à des choix, impose des attitudes parfois à contre-courant de la pensée dominante. Il faut être courageux pour être chrétien, il ne faut pas ignorer, voire renier le Christ dans une société tantôt indifférente, tantôt hostile.
Le temps du Carême dans lequel nous entrons ensemble va vous permettre d’apprécier la patience de Dieu, la joie du partage, la paix que procurent la prière et la réconciliation avec Dieu, avec nos frères et soeurs.  Le combat spirituel fait partie de la vie du croyant.  Il ne doit pas vous faire peur, vous ne devez pas l’ignorer.  L’Eglise  vous accompagne et vous soutient. Elle sera toujours à vos côtés, dans vos paroisses, des mouvements, par la lecture spirituelle de la Parole de Dieu et des grands textes du magistère, grâce aux sacrements et à la vie fraternelle qui suscitent la solidarité entre frères. Elle ne sera pas seulement à vos côtés, vous serez en elle puisque vous allez devenir membre du corps du Christ.
Comme l’écrit Saint-Pierre dans sa lettre : “Le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ.” Cette conscience droite, cet engagement, c’est ce qui vous anime. Nous en sommes les témoins. L’Eglise est fière de vous accueillir pour être avec vous sur ce chemin nouveau, chemin de la vraie vie que vous empruntez. Aimez l’Eglise, elle est le corps du Christ. Bonne marche, chers amis, vers le sacrement du baptême !
+ Georges Colomb
 

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