Homélie donnée par Mgr Colomb pour la fête de l'Ascension à la cathédrale de La Rochelle

25 Mai 2017

Homélie donnée par Mgr Colomb pour la fête de l’Ascension – 25 mai 2017 – cathédrale de La Rochelle

 
Chers frères et sœurs,
La fête de l’Ascension, quarante jours après Pâques vient nous rappeler que notre foi repose sur la rencontre avec le Seigneur permise par le témoignage qui nous a été transmis par des générations de chrétiens depuis 2000 ans et que nous avons mission de transmettre.
Jésus, le Jésus de l’histoire, a vécu parmi nous, a parcouru les routes  de Galilée, a soigné, guéri, enseigné. Jésus a été condamné parce qu’il est le chemin, la vérité, la vie et que l’esprit du monde ne peut accepter cela. Le monde ne peut accepter de se laisser condamner, montrer du doigt par la vie d’un Juste, par son témoignage jusqu’au don de sa vie !
L’esprit mondain ne peut pas accepter qu’il soit vainqueur de la mort, qu’il soit plus fort que la logique de l’efficacité, de la force. Le monde ne l’accepte pas, le monde ne le comprend pas !
Les lectures de ce jour nous disent pourquoi ! Il fallait que le Jésus de l’histoire ressuscite, qu’il rejoigne le Père, pour que son esprit nous soit envoyé. Il fallait l’esprit pour que la mission ne soit pas circonscrite sur un territoire, pour un groupe donné, pour une ethnie particulière.
C’est désormais avec les yeux de la foi qu’il nous faut dialoguer avec Jésus, qu’il nous faut le prier, le suivre et c’est possible grâce à l’esprit de vérité, de force, de consolation qu’il nous envoie pour que, à notre tour, nous soyons ses témoins ici, à toutes les nationalités présentes dans notre diocèse et dans le monde entier.

Entre le visible et l’invisible

Nous vivons le temps de la foi 

L’esprit reçu pour la mission 

 

Entre le visible et l’invisible :

L’ascension de Jésus ressuscité est le jour où il disparaît au regard de ses apôtres. Comme eux, nous avons notre regard tourné vers le ciel. Mais nous sommes invités à regarder notre terre, le monde qui est le nôtre, tel qu’il est ; c’est le message de l’ange aux apôtres : « Pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? » Nous chrétiens, nous avons  nos racines dans le ciel ; nous savons que nous sommes de passage sur cette terre et que nous préparons notre rencontre avec un monde meilleur, avec la douceur de Dieu. Hommes incarnés dans ce monde comme le fut notre Seigneur, nous sommes aussi des hommes de foi parce que nous croyons au  Christ. Nous sommes des êtres en tension entre le visible et l’invisible, entre la terre et le ciel, entre le Jésus de l’histoire, d’une terre et le Christ universel qui nous a confié une mission : « Allez donc, de toutes les nations, faites des disciples… »

Nous vivons le temps de la foi :

Que d’aventures tout au long du temps pascal ! Le passage du fils vers son père n’est pas une partie de plaisir ; c’est toute l’histoire de l’humanité, toutes ses facettes qui nous sont présentées. Reniements, abandons, trahisons, mais aussi fidélité jusqu’au pied de la croix, témoignage de Simon  de Cyrène qui vient soulager la souffrance du seigneur, condamnation, violence, insultes tout au long de cet ultime chemin de foi, de croix, du Fils vers son père, de la vérité vers la vérité ! Et Jésus qui retrouve ses disciples le jour de la Résurrection qui vient les réconforter, vient faire tomber leurs doutes.
L’espérance que nous avons à transmettre à notre monde, c’est celle du matin de Pâques. Nous savons que nos contemporains la cherchent cette espérance. Ici, en dehors de l’Eglise, seul l’espoir d’un moment leur est proposé, l’enthousiasme d’un instant, la consommation passagère de ceci ou cela. C’est l’espérance de Pâques qui permet les grands élans, les belles aventures humaines, la fidélité dans l’adversité et la persécution.
Cette espérance, cette foi qui nous habitent, nous chrétiens, avec nos doutes parfois, sont le fruit de notre baptême. La foi est en chemin au fur et à mesure que nous feuilletons les pages de l’évangile, elle grandit chaque fois que nous recevons le pardon de Dieu au cours du sacrement de la réconciliation. Elle nous nourrit chaque fois que nous recevons le sacrement de l’eucharistie. Nous sommes des hommes de foi grâce à l’Eglise, à ses sacrements, à la Parole. Nous sommes les quêteurs et les guetteurs d’un monde nouveau, nous sommes tendus vers la beauté de l’éternité dont nous avons déjà un avant-goût !

L’esprit reçu pour la mission :

Il fallait que le Seigneur parte pour que l’Eglise serve, annonce, célèbre. Il fallait qu’il parte pour que l’esprit nous soit envoyé par le sacrement du baptême, de la confirmation, pour que nous soyons envoyés en mission à notre tour  dans le monde entier. L’Eglise est maîtresse en humanité, nous dit le concile, parce qu’elle est présente dans cette humanité, elle n’a de raison d’être que pour elle, elle est faite pour la mission, pour l’annonce de la parole, pour le témoignage de vie communautaire, fraternelle, qu’elle donne. Sans cesse elle doit se convertir, sans cesse elle doit connaître le monde pour l’aimer dans sa diversité, dans sa complexité, dans son péché.
Le monde nous appelle, le monde désespéré a besoin du message de Pâques, a besoin de l’amour de Dieu ! Qui portera à ce monde l’amour qui lui manque, l’amour qu’il ignore ? C’est évidemment l’Eglise, elle est faite pour cela et l’Eglise c’est le corps du Christ dont nous sommes les membres. Frères et sœurs, en ce jour de fête, exultons de joie parce que le Seigneur nous quitte pour mieux nous retrouver, un peu comme les parents se séparent de l’adolescent pour qu’il grandisse par les études accomplies, l’expérience acquise, le sport pratiqué. Tous ces exercices, toute cette pédagogie des parents, n’ont pas d’autre objectif que celui de voir grandir leurs enfants en maturité pour qu’ils deviennent autonomes, pour qu’ils puissent à leur tout fonder une famille. Le départ est bon, il n’éloigne pas, il rapproche. Le départ du christ, c’est la venue du temps de l’amour sans limite, de la foi, c’est le temps de l’universalité, c’est le temps de l’Esprit.
Seigneur, les évènements de ce monde nous font peur, la folie meurtrière endeuille des familles, des nations. Envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre ! Envoie ton esprit sur nous tous ici rassemblés et moi, qui ai été ordonné évêque il y a une année, garde moi fidèle et courageux dans la mission que le saint-Père m’a donnée dans le diocèse de La Rochelle et Saintes.
+ Georges Colomb
 

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