Homélie donnée par Mgr Colomb le dimanche 21 mai à l'église Saint-Sauveur de La Rochelle

21 Mai 2017

Transmettre notre foi en toute liberté

Nous sommes envoyés pour témoigner   

C’est l’Esprit de vérité et non l’esprit mondain qui nous donne la force de vivre en témoins du Christ

 
 
 


Transmettre notre foi en toute liberté

Nous nous interrogeons souvent dans différents lieux de vie, lieux de prises décisions, sur la mission, la transmission de notre foi. Les lectures de ce jour nous montrent que la bonne nouvelle se répand en dehors de Jérusalem, en d’autres lieux de Judée et en Samarie grâce à la persécution. Après cette persécution qui a visé les chrétiens hellénistes (de langue grecque) et notamment Etienne, Philippe, l’un des sept choisis pour le service des tables, arrive en Samarie où il va annoncer la bonne nouvelle. Notez qu’il n’a pas été envoyé pour cela puisqu’il était attendu pour le service des tables !
Ce sont les besoins de la communauté qui commandent et qui orientent la mission et les hommes ! C’est bien sûr une invitation pour nous aujourd’hui à nous sentir libres d’innover dans nos missions respectives. Notez que Philippe garde le lien avec la communauté qui l’a envoyé et c’est ainsi que Pierre et Jean quittent Jérusalem pour le rejoindre et vont imposer les mains sur les Samaritains qui recevront l’Esprit saint.
Elle n’est pas banale cette mission auprès des Samaritains considérés comme des hérétiques par les Juifs et qui se convertissent. Saint – Luc nous rapporte qu’il y eut une grande joie dans cette ville. Jésus avait déjà changé le cœur de la Samaritaine et les évangiles nous habituent à voir des humbles qui se convertissent. C’est une source d’espérance et de joie pour nous aujourd’hui. J’étais vendredi soir à Royan avec une petite dizaine de personnes adultes qui demandent le sacrement de la confirmation, qui recevront l’esprit saint la semaine prochaine par l’imposition des mains comme ce fut le cas pour les Samaritains. La plus jeune de ces personnes doit avoir la quarantaine, la plus âgée a plus de 70 ans ! Je peux vous assurer que dans notre lieu de rencontre, à proximité de l’église du parc à Royan, il y avait une grande joie comme dans la ville de Samarie dont nous parle le livre des Actes des Apôtres.
Les lectures de ce jour nous montrent aussi la nécessité de la prière. Le psaume plus particulièrement fait mention de la prière pour le salut des hommes, le nôtre, celui de nos contemporains. De quoi avons-nous besoin d’être sauvés ? Ce psaume nous indique un chemin, il fait référence à l’Exode, cette traversée du désert qui permit la libération du peuple, la libération d’Israël (Il changea la mer en terre ferme, ils passèrent le fleuve à pied sec). Nous avons besoin d’être libérés de nos peurs, de certaines haines dont nous sommes peut-être inconscients, des guerres et des conflits dont les medias nous donnent sans cesse de tristes nouvelles.
La prière à laquelle fait référence le psalmiste, c’est la prière de tout un peuple (Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu…). L’enfant juif entrait tout naturellement dans cette prière dans le cadre familial, dans le cadre de la vie communautaire. Est-ce le cas pour nos enfants aujourd’hui ? Je n’en suis pas sûr, je pense que nous avons perdu le sens de l’appartenance à la communauté chrétienne. L’individualisme a pris le pas sur la vie en communauté. Il nous faut retrouver la prière en famille et l’identité catholique qui est la nôtre. Ce n’est pas du communautarisme, c’est être soi-même dans la diversité de la Société qui est la nôtre et que nous respectons.
Cette prière de la communauté concerne toute l’humanité (Toute la terre chante pour toi, elle chante pour ton nom..). L’appartenance à la communauté, l’enracinement dans une Eglise locale permet de porter dans la prière nos frères et sœurs quel que soit leur pays, même le plus éloigné des pays ! N’est-ce pas le sens de notre prière aujourd’hui pour nos amis qui vont être envoyés en mission à la fin de cette célébration par notre Eglise locale, à Jérusalem, en Roumanie, dans un pays d’Asie. N’est-ce pas le sens de la prière de nos frères prêtres venus de l’Inde, d’Haïti et de pays d’Afrique qui servent dans notre diocèse. Pensons à eux et remercions les communautés sœurs qui les envoient chez nous. C’était le sens de notre prière ce matin à la Cathédrale pour nos frères chrétiens du Moyen-Orient ?

Nous sommes envoyés pour témoigner   

 Saint-Pierre dans sa lettre est clair (Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous). Présenter une défense, cela veut dire que les destinataires de la lettre de Pierre ont été attaqués et de fait le Seigneur nous a prévenus ! Nous serons persécutés comme lui-même l’a été, accusés comme lui-même l’a été. Saint-Pierre le rappelle (Jésus a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit). Oui, chers amis, l’esprit d’amour est plus fort que la mort et c’est cet esprit que nous avons reçu le jour de notre baptême, le jour de notre confirmation.
La vie est plus forte que la mort, nous l’annonçons cette vie chaque fois que nous célébrons l’eucharistie (il est grand le mystère de la foi), elle est plus forte que le violence. C’est cela l’espérance dont parle Pierre, l’espérance dont nous avons à rendre compte. Et il y a deux étapes dans ce témoignage de foi,  d’espérance, d’amour, auquel nous sommes invités :

  • premièrement il faut connaître Dieu dans son cœur, dans sa prière (Honorez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur, le Christ). Nous devons tous entendre l’appel à cette vie intime avec le Seigneur, par l’oraison, l’adoration, la méditation de l’écriture, le silence. Sans cette vie intime avec lui, pourrions-nous dire en conscience que nous l’aimons, qu’il vient en nous, que nous sommes en communion avec lui ? Sans cette vie intime avec notre Seigneur, nous prendrions le risque d’être des figurants, des acteurs !
  • deuxièmement il faut avoir le courage de parler, mais nous dit l’apôtre, il faut le faire avec douceur. La difficulté du témoignage, nous le savons bien, c’est qu’il doit être naturel, il ne doit pas être artificiel, monté de toute pièce. Le saint- Père nous l’a dit (L’Eglise ne grandit pas par prosélytisme, elle grandit par attraction). Autrement dit, il faut que nous-mêmes, nos communautés, nous soyons attrayants ! Quel défi, n’est-ce pas ? Quelle responsabilité ? Et bien, sachons-le, nous n’avons pas le choix et malheur à nous si nous n’annonçons pas l’évangile ! En fait un sage nous l’a dit « Ne parle que si l’on t’interroge et vis de telle manière que l’on t’interroge ». nous avons dans cette formule lapidaire la clef de l’évangélisation en paroles et en actes. Le Pape Paul VI nous l’a dit aussi « Nos contemporains ont besoin de témoins et non de maîtres… et ils n’écoutent les maîtres que s’ils sont des témoins ».

C’est l’Esprit de vérité et non l’esprit mondain qui nous donne la force de vivre en témoins du Christ

 Les apôtres attendaient la présence de Dieu au milieu de son peuple, présence annoncée par les prophètes (Ezechiel, Joël). Jésus au soir du jeudi saint, leur rappelle le lien qui les unit à son père et à lui. Il s’apprête à les quitter et ils auront besoin de cet esprit qu’il appelle le défenseur. Il ne les laissera pas seul, il ne les abandonnera pas. Les apôtres savaient que l’Alliance promise par l’Ancien Testament était destinée à l’humanité. Jésus tout au long de sa vie publique leur avait annoncé le salut du monde entier. Jésus leur avait dit que le monde est incapable de recevoir l’esprit parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas, mais il avait ajouté « mais vous,  vous le connaissez parce qu’il demeure auprès de vous et qu’il est en vous ».
Dieu était dans la tente de la rencontre pendant l’Exode, dans le temps de Jérusalem, mais l’Alliance nouvelle attendue arrive, le temple de Dieu, c’est l’humanité ! Alors à nous de faire connaître l’esprit de vérité au monde qui ne le connaît pas. Notre mission c’est d’être témoins de l’esprit d’amour. C’est cet esprit qui doit prendre place dans le cœur de nos contemporains comme il est dans le nôtre et cet esprit est  vérité, d’une vérité exigeante, d’une vérité incomparable parce qu’elle est unique, la vérité de la croix, la vérité du mystère de la Résurrection ! Pour cette vie en Christ, nous ne sommes pas seuls, le Seigneur ne nous a pas laissé orphelins. Nous vivons dans l’esprit, il demeure en nous et nous demeurons en lui !
 
+ Georges Colomb


 

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