Homélie donnée par Mgr Colomb le 8 décembre à l'église St-Louis de Rochefort en présence des équipes Notre Dame

12 Déc 2017

Extraits de l’homélie donnée par Mgr Colomb le 8 décembre à l’église St-Louis de Rochefort en présence des équipes Notre Dame.

 

Le soupçon dans le cœur de l’homme

Comment comprendre ce récit du péché originel dans notre monde ? Nous ne devons pas lire ce texte comme un récit historique.  C’est un texte de sagesse, œuvre de croyants, qui se réfère à l’expérience humaine et qui tente de répondre à la question du mal.  Adam, l’homme en hébreu, est une figure patriarcale qui représente l’humanité. Le drame peint par la Genèse se noue au sein d’un couple. La confiance a déserté ce premier couple. A l’appel de Dieu, Adam se cache. Interrogé sur sa désobéissance, il accuse la femme qui elle-même dénonce  le serpent.
L’amour au sein du couple, sanctifié par le sacrement du mariage,  est pour nous image de l’amour trinitaire. Il est source de sainteté et de fécondité. Le couple est la première communauté de vie et d’amour où, dans la confiance, toute la vie est partagée, le spirituel, le charnel, le temporel.  Le couple crée un espace de sanctification pour lui-même, pour chacun des époux, pour les enfants à naître et finalement pour l’humanité entière. Dans le récit de la Genèse, nous voyons où se situe la chute. Elle est dans le fait, pour l’humanité de faire advenir l’ère du soupçon.  Le couple ainsi atteint est signe de la chute de l’humanité toute entière.
Refusant de recevoir sa vie de plus grand que lui, l’homme se voulant créateur de lui-même, se découvre nu. Sa nudité physique n’est que la manifestation de sa vacuité intérieure. Le serpent lui avait promis qu’il serait  égal à Dieu “Dieu sait que, le jour où vous en mangerez [de l’arbre de la connaissance] , vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal” (Gn 3,5). Il découvre par som impuissance qu’il n’est qu’un orgueilleux qui se prend pour Dieu. Voilà le péché originel qui a ensanglanté  le XXème siècle par la folie de tyrans qui ont voulu prendre la place de Dieu, qui ont voulu se faire adorer par les hommes. On ne dira jamais assez la force de l’eucharistie, la force de l’adoration du corps du Christ qui met l’homme à sa juste place en en faisant un adorateur et qui rappelle au monde que Dieu, seul est adorable, car il est mort, seul, pour tous !
L’intention créatrice de Dieu et la volonté de l’homme s’affrontent au cœur même de ce qui est le fondement de toute société : le couple constitué d’un homme et d’une femme. Entré dans l’ère du soupçon, le couple sera soumis à la double loi de la séduction et du pouvoir. Mais la condamnation n’est pas définitive. Le péché des hommes n’aura pas raison du plan d’amour de Dieu pour notre monde.
Ecoutons les anges de Dieu ( Ses envoyés) : ils nous apportent la confiance en Dieu
Ce plan d’amour, Paul, dans la lettre aux Éphésiens, nous rappelle que Dieu l’a conçu  avant la création du monde : “Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ avant la fondation du monde”.
Lorsque le temps fut venu, Marie, pleinement fille de cette terre, fut pourtant préservée du péché originel. C’est pour cela qu’elle fut capable du “fiat” qui devait faire repasser l’humanité de l’ère du soupçon à l’ère de la confiance. Eve avait écouté le serpent. Marie accueille la salutation de l’Ange qui  fait jaillir en notre monde l’inconcevable, l’Incarnation et par elle la rédemption.
“Je te salue, Comblée-de-grâce,le Seigneur est avec toi.” En Marie nous sommes invités à contempler l’accomplissement du dessein d’amour de Dieu pour l’humanité.  Marie est le signe du renouvellement de la création.  Pour nous chrétiens, baptisés dans la mort et la résurrection  de Jésus-Christ, Marie nous précède sur le chemin de la sainteté. Elle nous ouvre la voie, éclaire le chemin, soutien notre marche.
Dans la Charte des Equipes Notre-Dame de 1947 dont vous célébrez cette année le 70ème anniversaire, le Père Caffarel invitait les couples à “aller jusqu’au bout des engagements de leur baptême” et il plaçait pour cela les Equipes “sous le patronage de Notre-Dame” car “Il n’est pas de meilleur guide, pour aller à Dieu, que la Mère de Dieu”. L’amour de Dieu vient irriguer et nourrir l’amour de l’homme et de la femme.
Cet amour n’est pas repli sur soi. Les époux membres des END “entendent être partout les missionnaires du Christ” (Charte de 1947). Quand Marie accueille la salutation de l’Ange, elle “est bouleversée” nous dit Luc. Bouleversée d’être celle par qui les Promesses vont s’accomplir, bouleversée aussi car elle n’ignore pas que l’enfant à venir est livré par avance pour le salut du monde: ” Il sera grand,il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin.”
Ainsi en est-il de l’amour du couple. Il est tourné vers le conjoint, tourné vers les enfants à naître, tourné vers la famille qui s’agrandit, vers les amis que l’on accueille.
Quand le père Caffarel parlait des Equipes Notre-Dame il n’usait pas de périphrases rassurantes ! Il disait : “Leurs équipes ne sont pas des garderies d’adultes, bien-pensants, mais des corps francs, composés de volontaires.”
L’Annonciation renferme déjà le mystère de la croix. Le Fiat de Marie est acceptation de sa maternité, acceptation du trouble de Joseph, acceptation de voir grandir un enfant qui “sera occupé par les affaires de son Père”  (Luc 2,  49), acceptation de la mort de son fils Jésus pour le salut du monde, entrée dans le mystère de la résurrection et dans la foi de l’Eglise naissante.
Tout cela Marie le reçoit au jour de l’Annonciation. Si elle fut préservée par Dieu de la faute originelle, ce n’est ni pour sa propre gloire terrestre, ni pour son “confort” aurait-on envie de dire. L’Immaculée Conception est nécessaire à l’entrée dans le mystère de l’Incarnation.
De la même manière et dans l’humilité de notre condition pécheresse rachetée, dans le couple humain les époux se reçoivent l’un l’autre pour se tourner vers l’au-delà d’eux-mêmes. C’est bien à cela que les invitait le Père Caffarel. C’est en la fête de l’Immaculée Conception, 8 décembre 1947 qu’il donnait aux premiers couples venus à lui pour vivre la plénitude des fruits de leur baptême la “Charte des END”. Cette Charte guide aujourd’hui encore la vie de vos équipes.
L’intuition du père Caffarel permet aux couples de vivre une vraie spiritualité conjugale. Elle a aussi ouvert une voie spirituelle pour les veufs et les veuves car l’amour est plus fort que la mort. Alors que s’ouvre au Collège des Bernardins le colloque intitulé “Le Père Caffarel, Prophète pour notre temps, apôtre du mariage et maître de prière” je vous invite à vous unir par la prière aux participants de cette rencontre et à demander avec eux, par l’intercession de la Vierge Marie, que vienne le jour où l’Eglise proclamera la sainteté de sa vie.
+ Georges Colomb
 

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