Homélie donnée par Mgr Colomb en la fête de l'Assomption 15 août 2017

18 Août 2017

Marie, victoire sur le mal, victoire sur le néant. A la suite de Marie nous sommes les visiteurs de l’espérance

 
Depuis le vœu du roi Louis XIII les chrétiens, en France, se réunissent pour célébrer l’Assomption de la Vierge Marie. Nos parents, nos familles ont confié notre pays, leur propre sécurité personnelle, l’avenir des leurs à l’intercession de la Vierge glorieuse. La ferveur qui nous habite aujourd’hui se manifeste en beaucoup d’autres hauts lieux de notre pays, lieux de pèlerinages, notamment à Lourdes. Nous nous unissons à l’espérance qui conduit de nombreux chrétiens sur les routes de nos sanctuaires, les places de nos villes et de nos villages. L’assomption, c’est le calme au coeur de l’été, procession, fête familiale… La liturgie nous dit que Marie dans son assomption est parfaite image de l’église à venir. Regarder Marie c’est découvrir ce que veut le Christ pour son Eglise : Sainteté, simplicité, humilité sans zone d’ombre ! Comme l’écrit Mgr Le Gal, Responsable des O.P.M. : “L’Eglise est un grand pressoir divin qui accueille tout un chacun,  même les plus vils pécheurs pour les conduire au ciel”. Vous êtes obnubilés par le ramassis de pécheurs qui rentre dans le pressoir, voyez plutôt les fils de Dieu qui en sortent purifiés, transformés, sanctifiés”.

Marie, victoire sur le mal, Marie victoire sur le néant !

Le livre de l’Apocalypse nous présente la femme couronnée d’étoiles qui enfante le Messie : « l’enfant mâle qui sera le berger de toutes les nations. » Le face à face entre la femme qui enfante et le dragon, symbole de Satan et de l’esprit du mal, représente  le salut de l’humanité qui est assuré par  la victoire de Dieu lequel « enlève l’enfant auprès de son trône. » Cette vision est une prophétie de la victoire de la foi sur les forces du mal. C’est une vision d’espérance et de force : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu et le pouvoir de son Christ ! » L’avenir des hommes n’est pas voué à la fatalité et aux forces du mal. Il y a une espérance de vie et de bonheur. Nous avons besoin d’entendre de nouveau ce message d’espérance aujourd’hui, nous qui sommes confrontés au défi d’une violence diabolique que nos sociétés ne parviennent pas à juguler, à anéantir.
Nous vivons dans un monde paradoxal. Depuis des siècles, nous faisons des progrès scientifiques et technologiques grâce à l’ingéniosité de l’homme. Des épidémies, des maladies, des fléaux ont disparu, mais d’autres apparaissent. En Europe, nous vivons mieux que dans le passé. Le niveau de vie a augmenté et cependant nous observons un grand désenchantement, une angoisse même face au futur. Nous avons cherché et trouvé des formes de réussite qui sont réelles, appréciables, mais cela ne nous suffit pas. Nos contemprains sont à la recherhe d’un vrai bonheur et sont en quête de sens. Nous découvrons que l’existence de bonnes conditions de vie ne donne pas forcément sens à notre vie.
Cela nous pose la question fondamentale de l’enjeu de la vie humaine. Quel est-il ? Est-ce  la nourriture, le logement, la sécurité, la santé, le bien-être ? Non, c’est important, c’est primordial dans certains pays, mais l’enjeu est d’une autre nature, l’enjeu c’est la vie elle-même qui passe par les épreuves de la maladie et le passage de la mort. Tous ceux parmi nous qui ont perdu un être cher mesurent avec retard parfois que le grand défi de la fraternité entre humains se joue dans ces moments cruciaux de la maladie et de la préparation à la mort.  Nous ne pouvons pas guérir de la mort, c’est notre ultime épreuve à tous, épreuve pour le mourant, épreuve pour ceux qui l’aiment et l’accompagnent pendant ce passage. La victoire du Christ sur la mort nous permet d’affronter cette épreuve ultime. Saint-Paul nous le dit dans la lettre aux Corinthiens que nous venons de lire : “le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds”. C’est la foi au Christ qui nous permet de vaincre la mort, qui nous permet de croire en la vie.

A la suite de Marie, nous sommes les visiteurs de l’Espérance

Nous sommes nombreux réunis pour célébrer l’Assomption de Marie, pour rendre grâce à Dieu. Ceux d’entre vous qui participent à des pèlerinages et qui accompagnent des personnes malades peuvent constater la foi de nos frères les plus petits, les plus handicapés, et le rayonnement de leur visage transfiguré par le service des hospitaliers, par l’amour que ces derniers donnent à nos frères âgés ou malades. Le témoignage de ces amis handicapés est sans équivoque, très clair. Je l’ai entendu lors de notre pèlerinage diocésain à Lourdes : leur vie est changée ! Ils ne sont pas des numéros devant lesquels on passe, ils deviennent des êtres aimés, ils retrouvent leur dignité d’êtres humains et ceci grâce à la foi de ceux qui les servent ! Sachons regarder autour de nous, chers frères et soeurs, les nombreux signes de foi vécue. Regardons autour de nous aujourd’hui en ce jour de fête de l’Assomption. Nous sommes nombreux, nous portons les uns et les autres, nos joies, mais aussi nos soucis, nos échecs, nos misères plus ou moins grandes, nos peurs pour demain. Parfois, nous sommes désarmés à vue humaine mais, L’heure de la visitation vient pour nous aussi ! Nous contemplons Marie en disant comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur.
La joie de la foi n’a de sens pour nous et les amis qui nous observent en tant que chrétiens que si nous faisons des choix de vie en chrétien, que si nous prenons des décisions qui orientent notre vie de chaque jour dans la fidélité à l’évangile. Nous ne pouvons pas nous contenter de nous réjouir de la résurrection du Seigneur, de l’assomption de la Vierge Marie, nous devons nous laisser entrainer par le dynamisme de cette victoire sur la mort pour être des porteurs de vie dans notre entourage, porteurs de vie sous toutes ses formes, pour tous les âges et toutes les situations. Faire le choix de la vie, c’est s’élever et élever nos frères à un autre niveau, vers une autre logique qui libère l’homme de toute culpabilité,  toute complicité avec les logiques de mort et les chemins sans issue. Le Seigneur a donné sa vie par amour des hommes, c’est l’amour de nos frères qui doit orienter nos choix essentiels. Marie nous dit encore aujourd’hui :”Faites ce qu’il vous dira”. A sa suite, soyons les visiteurs de nos frères, soyons les visiteurs de l’espérance, de l’évangile !
Quelques pistes de réflexion peuvent nous être utiles pour ces choix de vie que nous avons à faire :
– suis-je prêt pour des renoncements, des sacrifices et pour quelles causes le suis-je ?
– en tenant compte de mon devoir d’état et des obligations qui en résultent, est-ce que dans ma vie j’assume le service, la solidarité avec mes frères ?
– est-ce que je proclame ma foi, est-ce que je suis un témoin du Christ par la participation à l’eucharistie, la prière, la vie en Eglise, la visite de mes frères ?
– est-ce que ma vie familiale est cohérente avec la foi que je proclame ? Est-ce que je montre à la jeune génération la joie de la vie familiale ?
– est-ce que je prends les moyens et le temps pour vivre sérieusement mes engagements de citoyens ? Est-ce que je m’informe et échange avec d’autres qui ne partagent pas mon opinion afin de préparer l’avenir de mes enfants dans la société de demain ?
La Vierge Marie s’est donnée sans hésitation par amour et par obéissance à Dieu. Elle nous donne l’exemple, à sa suite, disons : nous sommes les serviteurs et les servantes du Seigneur, qu’il nous soit fait selon sa parole. Que Notre Dame entende aujourd’hui notre prière et intercède pour nous.
+ Georges Colomb
 

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