4e dimanche de Pâques
Journée de prière pour les vocations – dimanche du Bon Pasteur
Ac 2, 14a.36-41 Ps : 22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6; 1 P 2, 20b-25; Jn 10, 1-10
« C’est pour vous que Dieu a fait cette promesse, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin,tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera«
Pierre, celui-là même qui avait renié Jésus, qui avait pris la fuite devant les persécuteurs se tient debout devant ses frères le jour de Pentecôte qui, chez les juifs, commémore le don de la Loi à Moïse. Ce qu’il annonce, c’est l’Alliance nouvelle et éternelle en Jésus le Christ, car les promesses sont accomplies, le Messie s’est révélé et « Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié ».
Le salut est désormais offert à l’humanité toute entière. Il n’y a plus ni juifs ni païens, seulement des hommes capables de se laisser toucher et de se convertir. Alors ces hommes interrogent « Que devons-nous faire ? ». Maintenant que le Christ, berger de l’humanité, s’est manifesté, nous devons nous convertir et prendre notre place dans la longue chaîne des témoins missionnaires au service de la foi, car nous savons désormais que, à la suite du Christ, le prix de la vérité, c’est la croix !
Que devons-nous faire ?
A la question « que devons-nous faire ? » maintenant que nous avons reconnu en Jésus le Christ, le messie de la promesse, Pierre répond aux juifs de Jérusalem : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit ». C’est de sa propre expérience dont témoigne Pierre, expérience d’une rencontre personnelle, essentielle, avec Jésus. Il sait, car l’Esprit Saint le lui a révélé, que le Salut est désormais donné à tous les hommes : « Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera ». C’est pour nous tous que le Christ a souffert et il nous a « laissé un modèle afin que nous suivions ses traces ». Portant nos péchés sur le bois de la croix, Jésus nous a rendu libres afin que nous « vivions pour la justice ». Lui le bon pasteur a donné sa vie pour ses brebis. Elles le reconnaissent comme berger et gardien de leurs âmes. Eclairées par l’Esprit-Saint, elles délaisseront celui qui pénètre dans la bergerie par effraction, le voleur, le menteur. Jésus est la porte qu’empruntent les juifs pour sortir de la bergerie, la porte qu’empruntent les païens pour avoir part au Salut. Il est la porte empruntée par Pierre et par les disciples « Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage », explique Jésus dans l’Evangile. Les gardiens zélés de la Loi de Moïse avaient rendu le salut inaudible pour le commun des mortels. Multipliant préceptes et interdits, ils étaient devenus de faux bergers, porteurs de mort. En Jésus, c’est toute l’espérance d’Israël qui renaît pour être offerte au genre humain, à nous aujourd’hui.
Que devons-nous faire, catholiques français aujourd’hui ? Tout d’abord, avoir le courage de s’affirmer comme disciple du Christ et témoigner de notre foi selon les charismes que le Seigneur donne à chacun d’entre nous. Portons l’espérance à ce monde désenchanté, cette société déboussolée qui pensait que le progrès lui garantirait bonheur et sécurité sanitaire !
Quelle est ma place ?
Brebis égarée, nous avons besoin de toute la sollicitude de Jésus pour nous sauver. Le bon pasteur ne dort que d’un œil, attentif à tout moment à ce qu’aucune des brebis ne se perde. Chacun, chacune a une place unique dans le cœur de Dieu et il n’est pas question pour lui de l’abandonner aux bêtes sauvages. Fidèle à son Alliance, fort de sa miséricorde, Dieu veut sauver non pas tous les hommes, mais plutôt chaque homme en particulier. Dieu est à la tête d’un peuple en marche, d’un peuple confronté aux difficultés du chemin, aux chutes, aux maladies, aux égarements. A la brebis perdue et enfin retrouvée, à la brebis blessée, il offre sa main tendue. Mais « pendant qu’il recherche la brebis égarée, il invite les quatre-vingt-dix-neuf autres à participer à la réunification du troupeau. Alors non seulement la brebis portée sur ses épaules, mais tout le troupeau, suivra le pasteur chez lui pour faire la fête », nous dit le pape François (audience générale du mercredi 4 mai 2016).
Quelle est ma place, dans le troupeau avec les quatre-vingt-dix-neuf brebis chargée de la réunification du troupeau, ou pour un temps du moins, sur les épaules du Seigneur pour refaire mes forces ?
Peuple en marche, Dieu nous attend, Dieu nous appelle et chacun a une vocation particulière. Sachons accueillir cette vocation, sachons faire silence, prendre conseil, prier, méditer en Eglise pour entendre l’appel de Dieu et y répondre.
En Eglise, aujourd’hui, nous sommes appelés! Le monde a faim et soif. Il y a de plus en plus de brebis égarées et les loups sont nombreux. Nous avons reçu le baptême pour le pardon des péchés, nous avons les sacrements pour nourriture et la Parole du Dieu vivant, il nous appartient maintenant de mettre en œuvre ce que nous avons reçu au service de nos frères pour le salut du monde dans la vocation propre qui est la nôtre, évêque, prêtres, diacres, consacré(e)s, laïcs en mission, époux, parents et grands-parents….
Le Prix de la vérité, c’est la croix !
Pierre présente Jésus à ses auditeurs en citant le texte d’Isaïe où le messie attendu est comparé à l’agneau conduit à l’abattoir. Nous touchons le cœur du paradoxe chrétien, la vérité que Pierre avait si longtemps refusé d’admettre : le maître du troupeau s’est fait victime. De la mort, reçue avec amour, a jailli la vie. Désormais, tous ceux qui croient au Dieu de Jésus Christ forment le peuple de Dieu rassemblé autour de son véritable et unique berger, puis dispersé et envoyé dans le monde entier pour annoncer la bonne nouvelle de la résurrection, c’est-à-dire, celle de la victoire de la vérité sur le mensonge, de l’amour sur la haine. Cette victoire est actualisée chaque jour par le sang des martyrs, de la Corée du Nord aux autres pays qui écrasent l’homme, sa conscience, sa nature crée à l’image de Dieu.
Chers Jeunes qui vous interrogez sur le sens à donner à votre vie, suivez le Christ sur ce chemin de vérité, c’est celui du risque, c’est celui de la vraie vie !
+ Georges Colomb
Évêque de La Rochelle et Saintes