Homélie donnée par Mgr Colomb dimanche 26 novembre 2017

26 Nov 2017

Homélie donnée par Mgr Colomb pour le 34ème dimanche du Temps Ordinaire 26 novembre 2017, solennité du Christ Roi de l’Univers. 

 

DIEU VEILLE SUR NOUS

Pour clôturer le temps ordinaire de cette année liturgique nous célébrons Jésus-Christ roi de l’univers. C’est une royauté humble et pleine de sollicitude qui est dépeinte ici.  Les attributs de cette royauté-là sont la compassion, l’amour et la miséricorde.
Le peuple de Dieu s’est égaré. Dispersé, il erre dans la nuit sans guide auquel il puisse faire confiance.
La situation est grave.  Que vont devenir ces hommes et ces femmes livrés à eux-mêmes dans la nuit ? Devant l’urgence, Dieu intervient directement : “Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau”, dit le Seigneur. La compassion de Dieu s’étend à tous les membres du troupeau, sans exception. La “brebis perdue…égarée.. blessée, malade” comme  celle qui se porte bien sont l’objet de la sollicitude de Dieu. Dieu se fait berger qui soigne, guide, remet sur le chemin de la vie.
Le monde d’aujourd’hui n’est pas très différent de celui dépeint par Ezéchiel. Nos nuits et nos errances sont multiples. Nous, les brebis “grasses et vigoureuses”  avons souvent perdu nos repères.  Nous nous satisfaisons de l’herbe grasse qui nous nourrit et nous nous endormons dans notre confort. D’autres, nos frères en humanité, errent sur les routes du monde à la recherche d’une terre d’accueil. Beaucoup se perdent sur des voies sans issues.  A tous, Dieu promet son salut. Il vient nous délivrer de notre confort anesthésiant comme de notre misère déshumanisante. Quand et par quels chemins ? Nul ne le sait mais chacun peu en faire l’expérience.  Le texte d’Ezéchiel  est porteur de cette bonne nouvelle : nous ne sommes pas condamnés à errer. Dieu lui-même intervient en ce monde et nous envoie en Jésus le vrai berger.

LA PAROLE DE DIEU, NOTRE BAPTÊME, NOUS POUSSENT POUR ANNONCER LA BONNE NOUVELLE

“Le Seigneur est mon berger….”  Si nous le voulons, tous, nous sommes invités à parcourir  le chemin de la vie en amitié avec Dieu. Dieu nous accompagne dans les moments de paix et de sérénité comme à l’heure de l’épreuve :  “Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure”. Le bâton qui guide et rassure est pour nous la Parole de Dieu. Cette Parole est force de vie. Elle n’est pas discours politique et langue de bois propre à séduire, à endormir, à rassurer à peu de frais. C’est une Parole vivante qui bouscule, interroge, met en route. Nos “prés d’herbe fraiche” où nous faisons halte ce sont nos familles, nos amis, mais aussi nos communautés chrétiennes qui doivent être des lieux  de repos, de partage et de fraternité où les disciples se réconfortent et s’encouragent avant de partir vers les frères à évangéliser. Nous avons été immergées dans “les eaux tranquilles qui font revivre” le jour de notre baptême. Parole de Dieu, soutien des frères, force reçue au baptême, voilà ce qui nous a préparés à rayonner au-delà de nos familles, de nos églises, pour annoncer la Bonne Nouvelle.
” Le Christ est ressuscité d’entre les morts”, voilà la nouvelle !  Le Christ, nouvel Adam, nous ouvre les portes de la vie nouvelle. La mort est vaincue, “le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort” et un jour, quand tout sera accompli, “Dieu sera tout en tous”. Cela est difficile à comprendre dans notre monde marqué par le matérialisme  mais ne nous laissons pas enfermer “dans la tombe de la limitation de [notre] compréhension”  (Pape François, 29 avril 2017 au Caire). Ouvrons nos cœurs à l’espérance. Vivons d’ici là dans la confiance et faisons rayonner cette bonne nouvelle afin que par nous, quelque chose du Royaume de Dieu qui vient soit annoncé aujourd hui. Voilà notre mission, notre belle mission !

NOUS POUVONS VOIR LE CHRIST, ROI D’HUMILITÉ

 “Recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde”. Réjouissons-nous de cette condition d’héritier et acceptons l’héritage qui nous donne des racines, une paternité spirituelle, un avenir ! Nous sommes héritiers d’un Royaume en gestation depuis le commencement du monde. Quel est-il et comment y entrer ? Nos yeux cherchent dans un au-delà du temps et de l’espace la réalisation des promesses. Or le Royaume de Dieu est déjà au milieu de nous. Dieu est présent chaque jour de notre vie, il est l’ami, le guide, le berger. Partout où sa Parole est accueillie dans la joie, la foi et l’humilité quelque chose du Royaume est déjà présent.  Une seule condition : la conversion de nos cœurs  et de nos pratiques.
“Les justes” invités  à la vie éternelle sont ceux qui auront agi avec générosité envers ceux qui ont faim, soif, ceux qui sont nus, malades, prisonniers, étrangers”. Ceux qui, loin des calculs mercantiles, auront servi leurs frères, particulièrement les plus petits et les plus faibles.
Allant plus loin encore, Matthieu nous enseigne qu’à travers le service de nos semblables, c’est Dieu lui-même que nous servons.  Se mettre au service du frère, c’est entrer mystérieusement en relation  avec Dieu lui-même et cela même si nous n’en avons pas conscience : “‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu…? Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?”. Ainsi, tout ce qui s’accomplit de bon, de généreux, de fraternel sur cette terre dit quelque chose du Royaume de Dieu.
Se désoler du mal que nous voyons et de celui dont nous entendons parler chaque jour dans nos médias est bien naturel, mais que cela ne nous aveugle pas. Les solidarités vraies existent. Nous les voyons se manifester dans nos mouvements comme le Secours Catholique, l’ordre de Malte. Nous voyons des jeunes et des moins  jeunes se mettre au service de la mission, au service des pauvres, au service des malades…et puis il y a tous ceux que nous ne voyons pas et qui construisent le royaume de Dieu !
Le monde contemporain nous conduit aussi à inventer de nouvelles solidarités. Nous grandissons,  notre cœur et notre intelligence  s’élargissent quand nous devenons capables de voir autour de nous ou plus loin des frères à aider, à accueillir, à aimer. Il en est de même lorsque nous travaillons à construire la paix dans nos familles, sur nos lieux de travail, dans notre monde, dans notre paroisse ou notre aumônerie.
Ne tardons pas ! Aujourd’hui même, soyons un peu plus attentifs à nos frères. Il y a la dame à la caisse du super marché qui parfois a l’impression d’être devenue une machine, il y a le SDF à ma porte, il y cette famille en difficulté dans ma rue… tous sont aimés de Dieu même si ils ne semblent pas toujours aimables !
Pensons aussi à rendre grâce à Dieu quand nous reconnaissons l’œuvre de la générosité humaine qui travaille au cœur de notre monde. Des générations d’hommes et de femmes avant nous, en Eglise ou ailleurs, se sont mises au service des malades, des enfants, des pauvres. Ils disent quelque chose du Royaume de Dieu.
Nous, agissons au nom du Christ. Témoignons par nos actes de Celui qui nous fait vivre. Prolongeons en ce monde en souffrance l’œuvre d’amour et de miséricorde qui témoigne de notre filiation, nous qui sommes appelés “les bénis” de Dieu.
+ Georges Colomb
 
 

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