Saint-Pierre de Saintes – Dimanche 2 mai 2021 – Saint Eutrope
5e dimanche de Pâques – Année B
Messe à Saint-Pierre de Saintes pour la fête de Saint-Eutrope.
Ac 9, 26-31; Ps : 21 (22), 26b-27, 28-29, 31-32; 1 Jn 3, 18-24; Jn 15, 1
La liturgie de ce jour nous invite à méditer sur les fruits de notre baptême, les fruits de notre foi, les fruits que nous offrons à ce monde. Tout au long de sa vie terrestre Jésus nous a montré l’importance de porter du fruit, de ne pas enterrer nos talents, de ne pas nous contenter de professer notre foi en paroles. Au moment de quitter les siens voilà qu’il leur livre la parabole de la vigne et des sarments pour leur redire que, sans lui, rien n’est possible.
Porter du fruit
Notre vie peut nous sembler bien ordinaire au regard de la vie des saints, des martyrs comme Eutrope que nous fêtons aujourd’hui. Pourtant c’est au cœur de cette vie-là que Dieu nous donne rendez-vous pour que nous portions du fruit. Il ne s’agit pas seulement d’aimer “en paroles ou par des discours”, nous dit saint Jean, mais “par des actes et en vérité”. Alors quels actes ? Avant de nous poser cette question, il faut comprendre que la fécondité de notre vie, c’est d’abord dans le cœur à cœur avec Dieu, dans l’écoute de sa Parole, dans la prière et l’oraison, que nous en creusons les fondations. Il faut “demeurer” en Dieu, c’est-à-dire, comme le sarment, rester solidaires de la vigne qui nous fait vivre. Sans moi vous ne pouvez rien, nous dit le Christ. C’est parce qu’il vivait ce cœur à cœur avec Dieu qu’Eutrope a pu venir ici, en Saintonge, annoncer le Christ à la population gallo-romaine ignorante de la bible et de l’espérance qu’elle porte. Nous sommes les fruits de cette évangélisation. C’est à nous, désormais, qu’il appartient d’annoncer le Christ pour ce temps et pour les générations futures.
Comment faire pour cette fécondité attendue par notre Seigneur ?
Bientôt, avec la solidité des sarments attachés à la vigne, nous nous mettrons en route dans chaque doyenné de Charente-Maritime pour réfléchir de manière nouvelle à des initiatives missionnaires au plus près des populations, là où bat le cœur des hommes qui travaillent, prient et espèrent.
Gageons que les questions que nous nous poserons habitaient déjà le cœur du saint évêque Eutrope, même si notre formulation sera celle du XXIe siècle : comment pouvons-nous rejoindre les non baptisés et nos frères chrétiens qui ne fréquentent plus l’Eglise ? Comment vivre la conversion pastorale nécessaire à l’évangélisation ? Comment accueillir et changer le cœur de ceux qui, comme Saül de Tarse, le futur Saint-Paul, sont des persécuteurs de l’Eglise aujourd’hui ? Un des fruits de la pandémie que nous traversons sera peut-être de nous avoir fait prendre conscience du besoin que nous avons les uns des autres pour avancer et nous soutenir, du besoin que nous avons de faire vivre des communautés ouvertes, accueillantes, généreuses et dynamiques qui célèbrent et annoncent le Christ ressuscité.
Soyons en sûrs, car c’est Dieu lui-même qui nous le dit, notre Seigneur veut faire sa demeure en nous, il veut que nous portions du fruit. Mais nous devons aussi entendre cette vérité “Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.” Demeurer loin de Dieu, loin des sacrements, éloignés de la prière, nous conduit à nous dessécher. Notre foi se tarit, s’enlise dans les “à quoi bon?” et les “pourquoi faire ?”. Notre vocation de baptisés est de ne faire plus qu’un avec le Christ pour le porter aux hommes. Il s’est donné, livré pour nous. Il nous appartient de rester greffés à la vigne, de nourrir notre foi pour faire grandir l’espérance et l’amour dans le monde.