Jésus est de retour à Nazareth après avoir parcouru les routes pour annoncer le Royaume. A Nazareth, il retrouve sa famille, il retrouve celles et ceux qui l’ont connu enfant, puis jeune adulte au travail, dans l’atelier de Joseph, ou à la synagogue au moment des fêtes et du shabbat. Cet homme qui revient aujourd’hui, tous pensent le connaître. Homélie de Mgr Colomb du 4 juillet 2021.
“N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ?” Et les voilà plongés dans l’étonnement, un étonnement qui, très vite, laisse place au scandale : “ils étaient profondément choqués à son sujet”, nous rapporte l’évangéliste Marc. Nous qui avons entendu résonner la question adressée aux disciples : “qui dites-vous que je suis”, aurions-nous su reconnaitre dans le charpentier de Nazareth le Fils du Dieu vivant ? Savons-nous aujourd’hui le reconnaître dans le pain et le vin consacrés ? Avons-nous le courage des prophètes ?
Dieu est source de nouveauté
Les habitants de Nazareth ont gardé en mémoire une certaine image de Jésus, une image finalement rassurante parce que familière. Ils n’imaginent pas, qu’en l’homme Jésus, c’est Dieu qui se révèle. Ils sont incrédules. Comme nous, ils ont du mal à consentir à se laisser bousculer, à dépasser les apparences pour accepter le mouvement de la vie. Ils ne comprennent pas que Jésus, le fils de Marie de Nazareth, élevé par Joseph, le charpentier, puisse faire le bien. La bonté de Dieu les surprend !
Dieu vient à nous en Jésus, il vient à nous dans le pain et le vin, il vient à nous ici et maintenant sur l’autel aujourd’hui consacré dans la belle église de Saint-Georges des bois. La terre et le ciel se rencontrent, le pain et le vin deviennent corps et sang pour le salut du monde. Sachons découvrir la bonté de Dieu à l’œuvre dans l’Eglise, sachons nous laisser surprendre ! Chaque jour est une page d’évangile à écrire.
“Ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux”
Dieu vivant veut demeurer au milieu de son peuple. Dans le Temple de Jérusalem la présence de Dieu était manifestée par un vide. Le Saint des saints était un lieu d’où toute présence était bannie, le peuple de la première Alliance refusant de donner visage au créateur. En Jésus, nous est révélé le visage de miséricorde et de tendresse de Dieu, un visage vers lequel nous pouvons nous tourner pour l’implorer et lui rendre grâce : « vers toi j’ai les yeux levés », prie le psalmiste. Jésus est au milieu de nous en vérité, il est même dans le bâtiment qu’est l’église de pierres, l’unique raison de nos rassemblements. L’autel, le tabernacle, ne sont pas seulement des éléments du mobilier rituel. Ils signifient la présence de celui qui a dit “je suis avec vous jusqu’à la fin du monde” (Mt 28, 20).
Sans le Christ, sans sa présence réelle et agissante au milieu des disciples réunis, présence offerte pour le salut de tous les hommes, le bâtiment et le mobilier ne valent rien. Les reliques qui sont déposées à l’intérieur de l’autel rappellent que nous formons, les saints d’aujourd’hui et ceux d’hier, une seule et même communauté non pas de gens parfaits et irréprochables, car nous portons tous une ou des “échardes”, mais une communauté d’hommes et de femmes, disciples du Christ et qui veulent partager avec lui une vie d’intimité et de confiance sous la mouvance de l’Esprit-Saint. Nous sommes conscients, à la suite de Saint-Paul, d’être les héritiers, les successeurs de ceux qui ont reçu une révélation extraordinaire qui nourrit notre foi, notre espérance, notre amour pour l’humanité. Notre vie est une vie de prières, des prières qui montent jusqu’au Père avec l’encens.
Si aujourd’hui nous sommes rassemblés en fils et en filles réconciliés, c’est parce que Jésus a donné sa vie, victime et prêtre, pour le salut du monde, parce qu’il a osé nous offrir l’impensable, c’est-à-dire lui-même en nourriture. Alors soyons dans la joie et ouvrons grands nos cœurs pour accueillir ce don inouï qui nous sauve. Oui, Dieu est au milieu de nous, au-delà des apparences, il nous fait signe et nous attend. Nous n’avons pas le droit de nous taire, quel que soit l’environnement qui est le nôtre, qu’il soit bienveillant ou hostile, qu’il soit fait de saints ou de rebelles en révolte contre le message de l’évangile, notre baptême a fait de nous des prophètes, alors répondons présent pour l’annonce de l’évangile !
+ Georges Colomb,
Evêque de La Rochelle et Saintes
Ez 2, 2-5 – Ps : 122 – 2 Co 12, 7-10 – Marc 6, 1-6