26e dimanche TO
Nb 11, 25-29; Ps : 18B, 8, 10, 12-13, 14; Jc 5, 1-6; Mc 9, 38-43.45.47-48
Décidément ils ont bien du mal à comprendre ces disciples de Jésus et c’est heureux pour nous car, reconnaissons-le, nous aussi nous avons du mal ! Nous voudrions tellement faire rentrer Dieu dans nos catégories. Mais rien ne peut contenir Dieu qui est souverainement libre. Le vœu de Moïse a été exaucé “Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes !”. Mais attention à ce que nous disons, à ce que nous faisons, nous qui, par notre baptême, somme prêtres, prophètes et rois, nous devrons rendre compte de nos paroles et de nos actes !
La jalousie est un vilain défaut !
Comme nous aimerions privatiser les dons de Dieu ! Comme nous aimerions nous constituer en arbitres de la distribution aux hommes de ces dons ! Or les dons de Dieu sont pour tous les hommes car tous sont également aimés de lui. Les dons de Dieu ne peuvent être privatisés par une poignée d’hommes ou des institutions. Son Esprit, Dieu le donne à qui il veut, quand il le veut, même à ceux qui sont “hors de la tente”, c’est-à-dire hors du lieu officiellement désigné pour les manifestations de la présence divine. La bonne nouvelle est que Dieu n’appartient à personne. Il se donne librement à tous les hommes de bonne volonté, à tous ceux qui sincèrement cherchent sa volonté pour l’accomplir.
Si quelqu’un doit scandaliser l’un de ces petits…
Tout homme qui agit dans le sens de l’amour de ses frères, qui se fait, à l’imitation de Dieu, généreux, miséricordieux, doux et humble, cet homme recevra sa récompense, nous dit Jésus. Cela serait de nature à nous réconforter si cette bonne nouvelle n’était immédiatement suivie d’une mise en garde à l’adresse de ceux qui seraient “occasion de chute”, cause de scandale “pour un seul de ces petits qui croient en moi.” Combien cette mise en garde résonne aujourd’hui douloureusement à nos oreilles alors que nous prenons connaissance des scandales dont certains ont pu se rendre coupables au sein même de l’Eglise. Jésus s’adresse à ses disciples, c’est-à-dire à nous, et, parmi eux, aux apôtres, pointant la responsabilité de ceux qui sont justement les « premiers de cordée », ceux à qui est confié le peuple, ceux qui précisément s’interrogeaient dans l’évangile de dimanche dernier pour savoir qui parmi eux serait le premier ! Cette question du scandale est difficile. Jésus lui-même n’a-t-il pas provoqué le scandale parmi les scribes, les pharisiens, même parmi ceux qui le suivaient, sa famille, ses proches ? Le scandale que provoque Jésus vient de la dureté du cœur de ceux qui l’écoutent. Il est signe d’un manque d’ouverture, d’une appropriation de Dieu ramené à ce que nous en savons ou croyons savoir. Il n’a rien de commun avec l’autre scandale, celui qui consiste à être pour soi-même et pour son prochain occasion de chute. Etre complice du mal, s’en accommoder, le relativiser pour s’en faire le complice, voilà ce qui est scandaleux aux yeux de Dieu à défaut de l’être aux yeux des hommes. Les deux grandes encycliques du pape François, Laudato Si et Fratelli Tutti nous rappellent la place de l’homme et celle de Dieu dans la création. Allons-nous laisser monter en nous la jalousie, l’envie d’accaparer pour nous, notre groupe, notre paroisse les richesses que Dieu donne en abondance pour le bien de l’humanité toute entière ? Allons-nous fermer notre cœur et notre intelligence pour nous construire un Dieu à notre image, au lieu de nous laisser transfigurer par le Tout autre ?