Dimanche de la Sainte Trinité – messe célébrée à Saintes
Dt 4, 32-34.39-40 ; Ps 32, 4-5, 6-9, 18-19, 20.22 ; Rm 8, 14-17 ; Mt 28, 16-20
Il nous a fallu traverser l’épreuve de la croix, la joie du matin de Pâques et la venue de l’Esprit pour entrer un peu plus dans la compréhension du mystère de Dieu. Tout au long des âges, les hommes ont imaginé Dieu. Les chrétiens, eux, n’imaginent pas Dieu. Ils entrent humblement dans le mystère de Celui qui se révèle comme Père, Fils et Esprit.
De l’ancienne Alliance à la Pentecôte, un Dieu en sortie
Pas à pas, les hommes de l’Alliance ont dû comprendre que Dieu est le tout autre. Loin des idoles faites de main d’homme, il se révèle comme Dieu de dialogue, dialogue d’amour qui unit les trois personnes de la Trinité, dialogue avec les hommes pour les conduire patiemment sur les routes du salut, dialogue avec chacun de nous, dans la prière, dans l’oraison, dans les sacrements.
Quel intérêt présenterait un dieu qui siègerait sur un Olympe quelconque et lancerait l’univers et les hommes dans le vide de l’espace pour les abandonner à leur sort ? Le Dieu de la Bible est Dieu de compagnonnage, il est relation. Il s’est choisi un peuple auquel il s’est d’abord patiemment révélé, auquel il a parlé et qu’il a conduit vers la liberté au travers des périls et de l’esclavage et malgré l’emprise des idoles sur le monde. Plus tard, c’est Dieu qui est venu nous visiter en la personne de Jésus qui nous a apporté l’ultime preuve d’amour que Dieu voulait nous donner. Il s’est livré pour nous parce qu’il est amour, et afin que nous sachions que Dieu ne nous abandonnera jamais, il nous a envoyé l’Esprit.
L’histoire sainte nous enseigne que la vie divine est manifestation d’amour et concerne tous les hommes, ici et maintenant, puisque la vocation de cette vie divine est de se donner, de sortir d’elle-même pour se répandre sur le monde.
Nous sommes des héritiers, des hommes libres !
C’est vers la Trinité sainte que se tourne le pape François dans la prière qui conclut l’encyclique sur la fraternité et l’amitié sociale, car toute notre charité, toute notre fraternité, toute notre foi découlent de l’amour entre les trois personnes :
“Notre Dieu, Trinité d’amour, par la force communautaire de ton intimité divine, fais couler en nous le fleuve de l’amour fraternel. Donne-nous cet amour qui se reflétait dans les gestes de Jésus, auprès de sa famille à Nazareth et dans la première communauté chrétienne. Accorde aux chrétiens que nous sommes de vivre l’évangile et de pouvoir découvrir le Seigneur Jésus en tout être humain, pour le voir crucifié dans les angoisses des abandonnés et des oubliés de ce monde, et ressuscité en tout frère qui se relève. Viens, Esprit Saint, montre-nous ta beauté dont tous les peuples de la terre sont le miroir. Nous nous apercevrons qu’ils sont tous importants, que tous sont nécessaires, qu’ils sont des visages différents de la même humanité que tu aimes. Amen !” (FT 287).
Le Dieu trinitaire n’est pas un être divin méconnu ou inaccessible. Il est le Dieu de la crèche, celui de la croix, celui du matin de Pâques. Il fait de nous des fils, des héritiers, c’est à lui que vous vous adressez, chers amis, dans votre prière quotidienne. Aujourd’hui, il précède et guide l’Eglise, chacun de nous. Il nous envoie pour annoncer la Bonne Nouvelle aux hommes qui ne sont pas des esclaves, mais qui sont liés à Dieu, avec le Christ, par un lien de filiation spirituelle à condition de porter leur croix pour être dans la gloire du Christ, comme nous le rappelle Saint-Paul dans la Lettre aux Romains.
Chers confirmands de Saintes, vous entrez dans cette grande famille spirituelle et vous êtes envoyés en mission par le Christ qui est avec vous pour toujours. Prenez le temps du recueillement pour méditer et goûter la joie qui est la vôtre, celle de l’héritier que le Père envoie en mission parce qu’il a confiance en lui, en vous ! Soyez digne de cette liberté d’enfant de Dieu, ne sombrez pas dans les esclavages du temps présent que sont l’addiction aux drogues, à la pornographie… addiction qui fait la fortune de toutes sortes de trafiquants, paralyse votre liberté, fait de vous des esclaves des temps modernes et gâche vos jeunes vies ! Vous avez beaucoup mieux à faire sur cette terre ; le Seigneur vous donne un monde sans limite, toutes les nations, pour vivre l’évangile en frères. La terre est à vous, non pas en vertu de la mondialisation du commerce et de la finance, mais parce qu’elle est création divine et que vous êtes des héritiers divins. Ne demandez pas de permission à qui que ce soit puisque l’esprit fait de vous des hommes libres. La vraie vie est à vous, croquez la comme un fruit délicieux et vous irez d’idées en idées, de projets en projets, de réalisations en réalisations, pour une joie que personne ne pourra vous ravir. Elle fera votre bonheur et celui de ceux que vous aimez et qui vous aiment.