Epiphanie
« Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi ».
Oui, vraiment, que l’Eglise entière tressaille d’allégresse en ce jour béni de l’Epiphanie : la gloire de Dieu s’est manifestée à tous les hommes. La Bonne Nouvelle du Salut ne tient compte ni de notre histoire, ni de notre culture, mais de notre capacité à reconnaître dans le cours des événements, la main de Dieu qui nous guide, nous rassure, nous protège et nous aide à devenir, jour après jour, plus fidèles à ses promesses, à sa parole, à ses vérités. Tel est le secret de la joie baptismale, le secret d’une vocation épanouie.
L’évangile que nous venons d’entendre nous montre le cortège des mages venus d’Orient progresser avec une certaine solennité des confins de la terre jusqu’à l’Enfant Roi. Le spectacle de ces mystérieux savants inclinés devant un pauvre poupon a profondément marqué l’imaginaire de notre société, peut-être parce qu’il représente avec une grande perfection le changement d’économie accompli par le christianisme. La figure des mages a été une source d’inspiration féconde pour la littérature et les arts. On sait, au fond, peu de choses de ces mystérieux visiteurs, mais cela nous suffit à mettre en relief l’enseignement contenu dans l’évangile de saint Matthieu : les Mages, premiers d’entre les païens à découvrir le Christ, ont reçu trois grandes grâces en venant à Bethléem, et ces trois grâces correspondent à trois grandes missions.
1) Une grâce d’illumination : Jésus est venu confondre les ténèbres du doute et de l’ignorance ; à sa suite, chaque baptisé doit prêcher la bonne nouvelle du salut à tous les hommes, les éclairer des richesses, des beautés et de la sainteté de notre foi.
2) Les mages reçurent également une grâce d’oraison, et c’est ce que signifie leur adoration ; il nous appartient d’aider nos frères à vivre plus intensément de la vie sacramentelle.
3) Enfin, les Mages ont reçu une grâce de conversion, ainsi que le laisse entendre l’évangéliste saint Matthieu, lorsqu’il écrit qu’ils revinrent chez eux par un autre chemin.
Etre confronté à l’hostilité du monde, ou même à son indifférence, ne doit pas nous détourner de notre route.
Notre mission reçue au baptême, c’est de connaître et reconnaître en l’enfant de la crèche, dans l’homme cloué sur le bois de la croix, notre sauveur et le sauveur du monde. Sans cesse nous sommes envoyés pour l’annoncer à nos frères. Quand les mages « avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode » rentrent chez eux « par un autre chemin », n’en doutons pas, ce détournement aura été pour eux l’occasion de faire connaître dans les pays traversés la gloire de Dieu venu en notre humanité pour nous sauver. L’adoration de l’Enfant Jésus, l’adoration du Seigneur présent dans le Saint Sacrement nous fait prendre, comme aux mages, un autre chemin, le chemin de la vérité !
Il appartient à chaque baptisé de communiquer les dons précieux que l’Eglise donne. Ces grâces reçues par les mages sont les nôtres aujourd’hui et ces trois missions se résument en une seule : annoncer l’amour de Dieu pour le monde par une plus grande douceur, un plus grand amour, une plus grande humilité.