Homélie de Mgr COLOMB à l'occasion de la messe de l'appel décisif des catéchumènes

26 Fév 2017

Voici le texte de l’homélie donnée par Mgr Colomb à la cathédrale Saint-Pierre de Saintes le dimanche 26 février 2017 à l’occasion de l’appel décisif des catéchumènes.

LES CHOIX DE NOTRE VIE SONT LES FRUITS DE NOTRE CONFIANCE EN DIEU :

 Une des phrases les plus belles de l’Ancien testament nous est proposée par la liturgie de ce jour : « Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne l’oublierai pas ». C’est à son peuple en  exil que Dieu adresse cette parole par l’intermédiaire du prophète Isaïe, il faut une certaine audace, c’est trop beau pour être vrai, cette audace, c’est celle de Dieu ! C’est une invitation à la confiance en Dieu à laquelle l’évangile répond en écho : « Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine.».
 Nous sommes invités à la confiance et à faire des choix. Le premier ne consiste-t-il pas à établir une hiérarchie des valeurs ? Nous sommes habités par un besoin de sécurité que Tocqueville au XIXème, analysait déjà dans son livre « Démocratie et Totalitarisme ». Il disait qu’à force de chercher la sécurité, les hommes finiraient par demander que leur soit ôtée la liberté de penser !  Certes nous ne demandons pas la privation de cette liberté d’une manière consciente, mais inconsciemment nous aliénons cette liberté parce que nous sommes victimes des paradigmes d’une société consumériste que le Pape François analyse fort bien dans l’encyclique Laudato Si. Le psaume 61 est un lieu privilégié de lutte contre ce soupçon qui est un poison pour l’homme à tel point que le verset « lui seul est mon rocher, mon salut, ma citadelle : je suis inébranlable est répété deux fois !
 Or la parole du Seigneur est très claire : « vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent » ! Servir comme le faisaient les esclaves à l’époque de Jésus. Les esclaves du dieu Mammon, nom araméen qui signifie la richesse élevée au rang divin. Tous les prophètes se sont élevés contre les idoles qui sont mises au même rang que Dieu. Jésus s’inscrit dans la ligne des prophètes.
Et le Seigneur ajoute : «Nul ne peut servir deux maîtres.. » ! Autrement dit, n’acceptez pas de domination. Vous connaissez la formule révolutionnaire « Ni Dieu, ni maître ». Elle est fausse car l’histoire nous le montre : les idéologies païennes, celles du XXème siècle notamment ont conduit au totalitarisme !  Le chrétien est un homme libre parce qu’il adore Dieu, uniquement Dieu et pas César et les César d’aujourd’hui !
 Mais Jésus est de son pays et, non seulement de son temps, mais de tous les temps et il précise bien : « ne vous faites pas tant de soucis.. ». Il nous le dit plusieurs fois dans l’évangile. Pas de souci pour ce que vous mangerez, boirez, pour votre corps, pour vos vêtements et il nous donne à contempler les oiseaux du ciel et les lys des champs ! En quelques mots, Jésus nous interpelle sur notre rapport à l’argent. Interrogeons-nous : mettons-nous l’argent au service de notre vie, de nos familles, est-ce un moyen pour bien vivre, pour une bonne éducation des enfants, pour le service de nos parents âgés et de nous-mêmes ? Sommes-nous au service de l’argent dans une course effrénée au « toujours plus », titre d’un livre du journaliste François de Closet ? Le saint-Père reprend cette question dans le chapitre VI de l’encyclique Laudato Si en citant une phrase de Saint-Jean Paul II qui parlait de « consumérisme obsessif ».
 Nous ne sommes pas invités à être des doux rêveurs attendant que tout tombe du ciel, mais à faire des choix dans la vie, à orienter notre vie, à lui donner un sens, à sortir de la loi de la jungle !

CHOISIR LA VIE DANS L’ESPRIT POUR UNE VIE DE QUALITÉ, UNE BELLE VIE :

 Autre invitation qui nous montre la merveilleuse actualité de l’évangile : nous sommes invités à chercher la qualité de la vie : « la vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que les vêtements ? 
Autrement dit le bonheur de l’homme, c’est en terme d’être qu’il se mesure et non en terme d’avoir. Les deux très belles comparaisons avec les oiseaux du ciel « qui ne font ni semailles, ni moissons » et avec les lys des champs « qui ne travaillent ni ne filent » ne sont pas l’éloge de la paresse ou celle des rentiers. Jésus lui-même a dénoncé le paresseux qui ne fait pas fructifier son talent. Nous devons prendre notre part au développement de nos sociétés, à la croissance de nos pays, au partage et aux échanges avec d’autres, notamment ceux qui ne sont pas nés du bon côté de la planète dans le registre du niveau de vie !
 « Hommes de peu de foi, Dieu fera davantage pour vous que pour les oiseaux et les lys des champs », nous dit Jésus. Nous sommes invités à reconnaître la bonté du Père, la bonté divine et à nous en faire les intermédiaires. C’est notre mission de baptisé, c’est votre mission dès aujourd’hui, chers amis qui vous préparez au sacrement du baptême. Vous êtes présents aujourd’hui parce que vous avez trouvé en Jésus, dans la suite de Jésus, dans le compagnonnage avec lui, un sens, une direction à votre vie. Vous avez, avec la grâce de Dieu, changé votre vie parce que vous croyez à la bonne nouvelle, à l’évangile. Vous n’entendez pas être des esclaves des idoles du temps présent, des benêts qui se réjouissent de plaisirs futiles et arrivent au soir de leur vie sans avoir goûté à la beauté de la vie fraternelle en Eglise, en jésus Christ avec la force de l’esprit, sans avoir goûté à la contemplation de la nature qui conduit à la contemplation du créateur, sans avoir rencontré le Christ en servant nos frères sur les chemins de croix de ce monde, frères dont le visage est parfois défiguré comme celui du linge de Véronique sur le chemin du Golgotha. Saint-Paul vous dit que vous êtes les intendants des mystères de Dieu. L’importance d’un intendant se mesure à la taille de la propriété qu’il gère, n’est-ce pas ? Et bien nous, nous sommes les intendants du sauveur des hommes. Intendants et serviteurs, notre mission est grande et nous la vivons dans la petitesse et l’humilité du serviteur.
Vous mesurez bien désormais, en comparaison avec cette responsabilité d’intendant des mystères de Dieu qui vous est conférée par le baptême, combien sont vaines les petites querelles qui parfois nous occupent, nous agitent, nous tourmentent. Soyez à la hauteur des enjeux de votre vie de baptisé !
 Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, chers amis et tout vous sera donné par surcroît ! Voilà un beau programme de vie chrétienne. La foi, l’espérance qui vous habitent, la charité, c’est-à-dire l’amour que vous allez vivre et partagez, l’amour du Christ que vous annoncerez par votre témoignage personnel, en famille, aux études, au travail vous permettront, par surcroît, de réussir dans la vie parce que le parfum de l’évangile vous mettra en valeur, parce que votre style de vie parlera aux hommes, parce que l’éducation que vous donnerez à vos enfants, le souci que vous aurez de vos parents âgés, tout ce qui caractérise votre vie familiale, votre vie sociale, sera coloré par l’évangile et marqué de l’empreinte de l’esprit saint comme vous le serez vous-même le jour de votre baptême. Tout vous sera donné par surcroît parce que vous avez fait le choix de Dieu !
 + Georges Colomb
 Retrouvez le reportage de FR3 et l’interview de Mgr Colomb ici
Photo: Mgr Colomb entouré des catéchumènes @ Dominique Marouby
 

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