Extraits de l’homélie donnée par Mgr Colomb pour le 16ème Dimanche du TO – dimanche 23 juillet
1° La bonté de Dieu est le fruit de sa puissance
2° Confiance, patience et humilité
3° Le regard de l’homme sur ses frères change
La bonté de Dieu est le fruit de sa puissance
L’auteur du Livre de la Sagesse, un Juif d’Alexandrie qui rédige ce livre quelques décennies avant Jésus-Christ veut transmettre la foi de ses pères à ses contemporains. Il leur rappelle que Dieu seul possède la vraie sagesse, les secrets de la connaissance. Ce faisant, comme il connaît bien son public, il prend en considération l’intérêt des Grecs pour la philosophie au sens propre du terme, l’amour de la sagesse. Notons la finesse et le sens missionnaire de l’auteur du livre.
Dans cette lecture qui nous est proposée aujourd’hui, nous voyons le rapprochement qui est fait entre la bonté de Dieu et sa puissance. L’indulgence de Dieu est liée à sa puissance. L’auteur du livre compare la puissance de Dieu et la volonté de puissance des hommes : « Il montre sa force l’homme dont la puissance est discutée », écrit-il…. Autorité légitime de Dieu d’une part et autoritarisme de l’homme qui a besoin de montrer qu’il est le chef, d’autre part. Observons le fonctionnement de nos institutions, de notre vie publique, de notre vie personnelle et nous verrons que cela est vrai parfois ou souvent !
2° Confiance, Patience et humilité
L’Ancien testament nous présente un dieu qui est à la fois puissant et bon grâce à la révélation patiente des prophètes et l’homme prenant au sérieux sa ressemblance avec Dieu change son regard sur ses frères les hommes ! L’idéal de l’homme évolue. Si Dieu est bon, (amour, tendresse), il nous faut peu à peu abandonner toute idée de violence et de puissance. C’est ce que nous appelons « changer son cœur », « se convertir », « changer sa vie ». Nous lisons dans la première lecture de ce jour : « Tu as enseigné à ton peuple que le juge doit être humain ». Nous pouvons faire le rapprochement avec l’évangile de Matthieu : « Les chefs des nations les dominent en maîtres, les grands les tiennent sous leurs pouvoirs, il ne doit pas en être ainsi parmi vous ». Alors comment doit-il en être entre nous, chers amis ? D’où vient notre bonté ? Vient-elle de notre puissance ? Non ! Elle vient de la connaissance que nous avons de Dieu, de la connaissance que nous avons de nous-même, et qui nous conduit à l’humilité, à la patience, à la confiance. C’est en quelque sorte la pédagogie de Dieu pour nous que nous devons mettre en pratique dans nos relations aux autres.
La semaine dernière, Saint-Paul dans la lettre aux Romains nous parlait de l’enfantement de la création, des douleurs de cet enfantement comparables aux douleurs d’une maman qui donne la vie, qui met au monde un bébé. Aujourd’hui il nous parle (dans la lettre aux Romains) de la prière. Prier comme il faut, c’est entrer dans la volonté de Dieu, nous dit-il. Vouloir ce que Dieu veut, c’est regarder le monde, c’est ne pas se décourager devant les lenteurs des progrès de l’humanité, c’est persévérer fidèlement dans le service, c’est se rapprocher et rapprocher nos frères du cœur de Dieu. Nous l’exprimons dans la prière du Notre Père : « Que ton règne vienne, que ton nom soit sanctifié, que ta volonté soit faite » et le meilleur modèle pour notre prière c’est Jésus lui-même, conduit par l’Esprit saint.
3° Le regard de l’homme sur lui-même et sur son frère change
Ce thème de la grandeur et de l’indulgence de Dieu dans la première lecture, nous le retrouvons dans le psaume avec le thème de l’universalité dont les Juifs ont pris conscience au cours de l’exil à Babylone. Dans les autres religions, Dieu crée le bien et le mal. L’auteur du livre de la Genèse (1,31) nous dit que tout ce que Dieu fait est très bon… Jésus s’inscrit dans cette lignée en affirmant que le maître de la moisson n’a semé que du bon grain. Si nous replaçons la parabole de l’ivraie dans le contexte du chapitre 13 de Saint Matthieu, nous voyons que cette parabole suit la parabole du semeur (dimanche dernier) qui nous montrait que les semailles ne produisent pas toujours du fruit ! Autrement dit, l’annonce de la bonne nouvelle ne rencontre pas toujours des oreilles attentives. La question qui nous est posée aujourd’hui est la suivante :
– puisque nous identifions les causes de l’échec de la mission, pourquoi ne pas prendre des mesures appropriées tout de suite ?
La parabole fait intervenir un ennemi qui sème une mauvaise herbe au milieu du blé : l’ivraie, (En grec on dit « Zizanion », c’est de ce mot que vient l’expression « semer la zizanie »), voilà l’ennemi ! Dans la parabole du semeur, il était difficile de changer la nature du terrain. Dans celle de l’ivraie, il semble possible de supprimer la mauvaise herbe, mais le propriétaire s’y oppose. C’est au maître de la maison qu’il revient de faire le tri, c’est-à-dire à Dieu. Jésus nous invite à accepter comme faisant partie de notre condition humaine, ce mélange de bien et de mal (sans doute vise-t-il les pharisiens tentés par l’élitisme..). En fait il nous dit que la frontière qui sépare le bien et le mal passe au milieu de nous…
Les deux autres paraboles (grain de moutarde et levain dans la pâte) nous parlent de la puissance intérieure du royaume. Graine et levain disparaissent pour donner un grand arbre et la pâte qui lève ! Nous voyons les fruits de la mission lorsque nous savons prendre patience, lorsque nous utilisons la pédagogie de Dieu ! La graine meurt mais devient un grand arbre, le levain disparaît mais la pâte monte !
Nous sommes invités à ne pas prendre le risque d’arracher les bonnes gerbes en voulant enlever l’ivraie, c’est le travail du maître, c’est l’affaire de Dieu. Nous sommes invités à transformer l’ivraie de nos vies en bon grain ! Cela commence par une meilleure connaissance de nous-mêmes. Et pour cela, dans la prière, dans l’intimité et la réconciliation avec Dieu, dans la méditation de l’écriture, dans la communion au Corps du christ, nous progressons dans la connaissance de Dieu car c’est l’intimité avec le Seigneur qui rejaillit sur nous et qui permet une meilleure connaissance de nous-même, un bon discernement pour les décisions à prendre.
C’est cette communion avec lui qui nous rappelle que le juste doit être humain. Soyons des justes, mes frères !
+ Georges Colomb