Extraits de l’homélie donnée par Mgr Colomb le 9 juillet, messe du 14 ème dimanche du Temps Ordinaire à La Rochelle pour le 70 ème anniversaire de l’AED (Aide à l’Eglise en Détresse).
Libérés par le Christ
Au début de la domination grecque suite à la conquête d’Alexandre, il peut paraître surprenant que le prophète Zacharie annonce à la Fille de Sion, c’est-à-dire à Jérusalem, la venue d’un roi, monté sur un âne, pauvre roi d’humilité. Isaïe nous annonce aussi un serviteur souffrant, mais ici ce sont les deux figures du roi et de l’humilité qui sont associées et de plus, non seulement il libérera Jérusalem de ses occupants, mais il proclamera la paix aux nations. Nous pouvons faire assez facilement le parallèle avec le récit de l’entrée de Jésus à Jérusalem. C’est donc un message d’espérance qui est adressé au peuple au moment où il en a le plus besoin…
N’est-ce pas ce message d’espérance que l’Aide à l’Eglise en Détresse annonce depuis sa fondation aux peuples, aux nations aux communautés chrétiennes qui étaient avant 1989 derrière le rideau de fer, du mauvais côté de ce rideau, exposés aux persécutions. Aujourd’hui encore même si le rideau de bambous laisse passer un peu de lumière, nous avons bien que l’Eglise ne vit pas sous le régime de la liberté en Chine, dans le Sud-est asiatique, malgré les progrès accomplis dans cette partie du monde. Il est inutile de parler de la Corée du Nord où sévit un régime à la tête duquel se trouvent des criminels et ne parlons pas des pays musulmans dans lesquels toute conversion est interdite et dans certains pays subsiste le crime de blasphème qui permet de faire condamner à mort des Innocents. C’est la force de la Parole de Dieu de consoler le peuple, de lui donner l’espérance. …
L’esprit habite en vous !
Les versets émerveillés du psaume sont une louange à la royauté du Dieu de l’Alliance qui viennent nous rappeler les attentes de l’humanité hier et aujourd’hui, ses espoirs pour demain. Ce psaume 144 nous dit que la plus grande justice dans le monde n’est pas celle des hommes. Ce qui compte ce n’est pas la chose jugée par les tribunaux, c’est la justice de l’amour. La justice, ce n’est pas Jésus crucifié, cela c’est l’injustice ! Jésus crucifié, c’est l’amour !… Nous pouvons faire un lien entre ce psaume et la prière que Jésus nous a enseignée : le Notre Père. Ce que les peuples opprimés attendent, c’est la justice de Dieu, c’est l’amour. Ce que les peuples attendent, ce ne sont pas des institutions nouvelles, dont ils se méfient malgré les efforts des hommes de bonne volonté pour changer le destin des peuples, ce que l’humanité attend, c’est son renouvellement, c’est l’homme nouveau, fruit du baptême. C’est pourquoi Saint-Paul peut écrire aux Romains « vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, vous êtes sous l’emprise de l’esprit ». Saint-Paul insiste sur la liberté qui est la nôtre, car c’est l’esprit qui libère ! Vivre sous l’emprise de la chair pour Saint-Paul, c’est vivre sans Dieu et, pire que cela, comme le fit Adam, se prendre pour Dieu ! La grande nouvelle que nous donne Saint-Paul est que Dieu habite en nous ! Nous avons à faire le choix de la liberté, il faut le renouveler chaque jour. Nous connaissons les fruits de l’esprit ; dans la lettre aux Galates, Paul les énumère : « joie, paix patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi ». Saint-Paul, hériter de la tradition prophétique, veut nous dire que notre relation à Dieu se vérifie dans notre relation aux autres et qu’il ne faut pas chasser l’esprit qui est en nous…
Trouver le repos pour son âme
Jésus nous invite à prendre son joug, il nous dit qu’il est léger. Il parle à des Juifs pour lesquels prendre le joug de la Torah est une bonne chose, parce que c’est faire alliance avec Dieu. On parlait d’ailleurs de la joie du joug car suivre la torah est un chemin de bonheur. Jésus fait le lien entre le joug de la Torah et le repos « prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples et vous trouverez le repos ». Jésus ajoute « Venez à mois vous tous qui peinez sous le fardeau et moi je vous procurerai le repos ». Il adresse cette invitation à ceux qui sont victimes des exigences excessives de certains pharisiens qui imposaient des obligations tatillonnes aux Juifs qui étaient méprisés parce qu’ils ne parvenaient pas à respecter tous les commandements imposés par les Autorités locales….. Chers frères et sœurs, trouver le repos, c’est entrer dans la Terre promise pour les Juifs, trouver le repos de notre âme, de notre cœur, c’est pour nous avoir la conscience en paix et cela n’a pas de prix ! Suivre Jésus c’est prendre le chemin de ce repos, de cette paix intérieure à laquelle aspirent tant de personnes qui s’égarent dans des groupes sectaires ou payent très cher pour participer à des séances d’initiation à des pseudo sagesses. Trouver ce repos, c’est aussi le communiquer aux autres, dans notre famille, aux enfants, à l’époux, à l’épouse et à nos frères et sœurs dans nos communautés chrétiennes. Allez vers Jésus, c’est se libérer des fardeaux que nous portons, c’est trouver cette paix du cœur, ce repos intérieur qui nous permet d’orienter notre vie, de faire des choix. Notre mission première est de conduire nos frères sur ce chemin de compagnonnage avec Jésus où c’est lui qui conduit l’attelage si nous sommes attelés à lui et son joug est léger. C’est lui qui nous conduit pour une vie plus belle, plus juste. Rendons grâce à Dieu et demandons lui de nous garder dans la paix de l’esprit.
+ Georges Colomb