La paroisse est un lieu central

6 Juil 2021

La crise du Covid-19, avec ses confinements et restrictions diverses, a eu de lourdes conséquences sur les paroisses. On estime à 40 % le nombre de fidèles qui ne sont pas revenus lorsque le culte a été de nouveau autorisé. Pourtant, comme l’explique Mgr Colomb, évêque de La Rochelle et Saintes, les paroisses ont joué un rôle essentiel pendant la crise : des lieux de foi et de générosité d’une Église vivante pour les catholiques… et pas seulement !

Monseigneur, après un an de crise et de restrictions, de nombreux diocèses observent une baisse significative des dons – illustrant peut-être une baisse de fréquentation des paroisses. Sont-elles devenues « non-essentielles » ?

Il y a eu en effet une baisse du casuel, tout simplement en raison des célébrations moins nombreuses en 2020, des restrictions touchant le nombre de personnes pouvant assister aux célébrations, aux baptêmes, aux mariages… D’autant qu’en période de confinement, certaines funérailles furent seulement civiles, les pompes funèbres n’ayant pas toujours renvoyé vers l’Église. Tout cela explique cette baisse ressentie par les paroisses. Cependant, après le deuxième confinement, les fidèles ont fait preuve d’une grande générosité, « rattrapant » en quelque sorte les mois de confinement. Quant à la fréquentation des messes, elle n’a pas encore retrouvé son niveau antérieur. Sans doute peut-on l’expliquer par la peur, beaucoup de gens n’étant pas rassurés par le contexte sanitaire. Les statistiques ont montré qu’en France, à la reprise des messes publiques, 60 % des pratiquants habituels sont revenus dans les paroisses. Il en manque donc à l’appel, souvent des personnes âgées : on va les chercher, mais cela prend du temps.

La résignation au virtuel, en confinement, a-t-elle abîmé la centralité de la paroisse ?

Les fidèles ont certainement découvert que les paroisses, les rencontres, les célébrations leur manquaient. Cependant, dans nos diocèses, les prêtres ont pris de nombreuses initiatives, sous diverses formes, en visitant les personnes, en portant la communion, en administrant les sacrements, et en maintenant le lien en recourant aux nouveaux modes de communication (diffusion des homélies par Internet). Toutefois, cela n’a pas fait perdre à la paroisse sa centralité, car ce sont justement les prêtres qui, avec leur intuition et leurs charismes propres, ont pris le taureau par les cornes. Les paroisses, justement : beaucoup sont demeurées ouvertes afin que les fidèles puissent, dans le respect des distances, continuer à prier, à se confesser, à adorer le Saint-Sacrement, parfois communier après un temps de prière. La paroisse est ainsi demeurée centrale dans ces crises.

Face au reflux de paroissiens, que faire ? Votre démarche synodale diocésaine (de septembre 2021 à septembre 2022) doit-elle répondre à cette question ?

À vrai dire, cette démarche synodale était prévue dès avant la crise, mais celle-ci l’a évidemment retardé. Ce grand rassemblement, dans un esprit missionnaire, de tous les acteurs, va nous amener à réfléchir ensemble – le synode signifie, littéralement, « marcher ensemble » –, pendant un an, au plus près des fidèles. Car, dans une société fragmentée, divisée et frappée par la peur, nous avons, plus que jamais, besoin de faire savoir que le Seigneur veille sur nous et que, dans ce monde où l’on nous invite à se méfier de l’autre et à le mettre à distance, nous avons au contraire besoin les uns des autres. Concrètement, ce synode va mobiliser nos huit doyennés, au sein desquels sont réparties nos 46 paroisses, en comptant l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon. L’échelon paroissial y sera majeur, non seulement autour des prêtres et diacres, mais aussi des équipes pastorales et des conseils assistant le prêtre au plus près des fidèles. Outre la prière, la lecture et le partage de textes, il s’agit de s’interroger sur les besoins des fidèles, de voir précisément qui fréquente les paroisses : nous ne voulons oublier personne. Nous irons à la fois vers les baptisés qui ne pratiquent plus régulièrement, et vers les non-baptisés.

Quel visage vos paroisses offrent-elles à nos contemporains ?

Nos paroisses sont enracinées sur un département dont la population fait plus que doubler en période estivale : 640 000 habitants à l’année, deux millions l’été. Aussi, si le territoire diocésain est plutôt marqué par la ruralité, le tourisme est un fait majeur, auquel nous nous adaptons. Nous parlions d’esprit missionnaire : au cœur du vieux port de La Rochelle, si touristique, nous avons une paroisse, l’église Saint-Sauveur, bordée de cafés qui, en temps normal, ferment à minuit. Nous avons donc décidé que la paroisse serait, elle aussi, ouverte jusqu’à cette heure-là, demeurant un lieu d’accueil et, au milieu du bruit, un havre de silence et de paix pour tous ceux qui en ressentent le besoin. D’abord lieu de prière et d’adoration, elle attire à elle pour son patrimoine, par les rencontres qu’on y organise, par les films parfois diffusés par la paroisse. Bref : en proposant des activités « pour tous les goûts », la paroisse est attractive. Évidemment, ces choix dépendent des pasteurs, qui peuvent opter pour une pastorale « classique », où l’on attend du fidèle qu’il nous rejoigne, ou bien pour un élan missionnaire où l’on suscite davantage l’événement. En voyant nos paroisses ouvertes, nos contemporains redécouvrent une Église vivante et insérée dans la société.

La démarche missionnaire, justement, vous est familière, puisque vous venez des Missions Étrangères de Paris et avez officié en Asie. En pays de mission, la paroisse est-elle une réalité différente ?

Le maillage paroissial y est bien sûr moins serré qu’en France. On n’y trouve pas un calvaire à chaque carrefour… Mais, dans les paroisses d’Asie, la pratique religieuse des baptisés est proportionnellement plus for te qu’ici, et la distinction entre croyants et pratiquants inexistante. Certes, à première vue, en Asie, la vie des paroisses ressemble à la nôtre, avec ses patronages ou mouvements de jeunes. Mais ce qui caractérise la paroisse asiatique – je pense à une paroisse de Singapour –, c’est son dynamisme extraordinaire. En France, on a parfois tendance à quitter l’église sitôt la messe dominicale achevée… Tandis qu’à Singapour, après la messe, on sort son repas, on le partage, on enseigne le catéchisme : c’est, véritablement, le jour du Seigneur, vécu en paroisse. Car en Asie confucéenne, les notions de communauté et d’harmonie sont cruciales, la personne devant se fondre, en quelque sorte, dans la communauté. Alors qu’en France, les personnes sont vues comme de simples individus.

Vous êtes aussi un pasteur du grand large, en Amérique.

En effet, le vicariat apostolique de Saint-Pierre-et-Miquelon a été supprimé et rattaché au diocèse de La Rochelle en 2018. Dans cet archipel de 6 500 habitants, dont une majorité de fonctionnaires, nous avons une seule paroisse, la cathédrale Saint-Pierre. Je m’y rends deux fois par an en temps normal et deux prêtres servent en permanence la communauté : un curé charentais et un vicaire originaire d’Haïti. Le taux de pratique religieuse y est sensiblement le même qu’en métropole, et la paroisse tient une part importante dans la vie locale de l’archipel, une partie de la population descendant des Bas ques, Bretons ou Normands qui, jadis, pêchaient sur les Bancs.

Propos recueillis par François La Choüe pour L’Homme Nouveau

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