Homélie du mercredi des cendres

27 Fév 2020

Homélie donnée par Mgr Colomb le mercredi 26 février 2020 – Cendres

Le temps du Carême qui s’ouvre aujourd’hui est une invitation adressée à chacun de nous. “Au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu” implore l’apôtre Paul. Où en suis-je de ma relation à Dieu ? Quelle place a-t-il dans ma vie ? Quelques minutes de temps à autre, surtout quand tout va mal, une heure le dimanche, un temps de cœur à cœur quotidien ? Le Seigneur, lui-même, nous invite à la réconciliation. Si nous répondons à son invitation, un chemin s’ouvre devant nous, chemin de vie et de joie.

Dieu nous appelle

Dieu cherche l’homme bien plus que l’homme ne cherche Dieu. Depuis le jardin d’Eden, comme un père aimant et inquiet il nous appelle. Il sait de quoi nous sommes faits, de quoi nous sommes capables, mais il espère encore et encore, notre réponse, une réponse qui implique tout notre être, au-delà des apparences : “Revenez à moi de tout votre cœur”, “déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements”, “laissez-vous réconcilier avec Dieu”. Ne venez pas à moi par peur ou par crainte du châtiment ou encore pour être admiré par vos semblables, non revenez à moi avec le désir sincère durable de changer votre vie. Cet appel s’adresse à toutes et à tous, des anciens aux petits enfants.

Regardons en nous quelles sont nos priorités, quelle place nous acccordons à notre famille, à notre prochain, à Dieu ?

Nous ne répondrons pas valablement à Dieu dans la précipitation. Dieu ne veut ni mail, ni SMS, il attend une relation confiante, une relation d’amour, une relation personnelle qui nous sauvrera de la solitude. Les cendres que nous allons recevoir sont signe de pénitence, d’humilité. Elles sont aussi invitation à renaître dans notre dignité de fils et filles de Dieu. Dieu attend de nous que nous entamions un chemin de conversion authentique.

La Carême, chemin de vie et de joie

Les cendres sont un  appel à revenir à l’essentiel, à se convertir c’est-à-dire à se retourner sur la route, à se laisser  aussi retourner au plus profond de notre être.  Nous vivons ordinairement à la surface de nous-mêmes, prisonniers des habitudes, des urgences réelles ou supposées. Le chemin qui s’ouvre à nous en ce mercredi est celui de la profondeur, de l’authenticité, dans les relations humaines comme dans la relation à Dieu.  Le baptisé, guidé par la Parole de Dieu et soutenu par les sacrements, est invité à reconnaître Dieu comme son souverain bien, comme seul capable de donner la vie et le pardon. Dès lors, il peut avancer d’un cœur joyeux sur le chemin qui va nous conduire à la lumière de Pâques. “Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi” dit le psalmiste mais Seigneur “Rends-moi la joie d’être sauvé ” !  “Laissez-vous réconcilier avec Dieu”, implore l’apôtre Paul.  Notre vie sur terre est brève et marquée par le péché, même si nous vivons plus de 100 ans ! Rien n’est éternel, ni la jeunesse, ni la fortune, ni la gloire.   En recevant les cendres aujourd’hui nous signifions que nous reconnaissons devant Dieu et nos frères, ce que nous sommes en vérité, des êtres humains limités par le temps. Nous exprimons aussi le besoin urgent que nous avons de la miséricorde de Dieu. Le jeûne, la prière et l’aumône sont trois signes sur notre chemin de conversion. L’aumône nous permet de voir en l’autre un frère, un égal qui est dans le besoin, besoin matériel mais aussi besoin d’écoute, d’amitié. La prière nous permet d’entrer en amitié avec Dieu, nous pouvons lui parler dans un cœur à cœur libre et confiant, nous attendons sa réponse, nous nous tenons en sa présence, silencieusement. Le jeûne creuse en nous l’attente de Dieu, la faim de sa présence, la soif de son amour. Le jeûne nous permet aussi de comprendre ceux qui ont faim de pain dans le monde, ils sont encore des millions !

Jeûne, prière, aumônes sont des réponses aux appels de l’Evangile. Par eux-mêmes, sans lien avec le Christ et la promesse de rédemption, ils n’ont que peu de valeur. Ce sont des balises sur le chemin de la réconciliation avec Dieu, ils sont signes de notre volonté sincère, durable, de nous laisser rejoindre et convertir par Dieu lui-même. 

Bonne entrée en carême et bon carême, chers frères et sœurs. Faisons un pas en avant sur le chemin de notre relation avec le Seigneur, il est avec nous dans l’intimité de notre vie quotidienne. Il attend de nous la fidélité, la sincérité, la sobriété de notre amour pour lui parce que c’est le gage de notre amour pour l’humanité.

+Georges Colomb

Évêque de La Rochelle et Saintes

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