Homélie donnée par Mgr Colomb pour le dimanche 1er Avril – Résurrection du Seigneur
1re lect. : Ac 10, 34a.37-43 Ps : 117, 1-2, 16-17, 22-23 2e lect. : Col 3, 1-4 ou 1 Co 5, 6b-8
Évangile : Jn 20, 1-9 ou Mc 16, 1-7 ou à la messe du soir Lc 24, 13-35
Présence de Dieu dans l’invisible
En ce matin de Pâques, quand Marie-Madeleine arrive au tombeau, “c’était encore les ténèbres” nous dit l’évangéliste Jean. Quand Jean parle de ténèbres, c’est pour les opposer à l’incomparable Lumière qu’est Jésus, vainqueur de toutes nos ténèbres. Les ténèbres, c’est l’impossibilité de comprendre l’inattendu de Dieu.
Marie-Madeleine, voyant le tombeau vide, pense de manière toute humaine. Elle demeure dans les ténèbres du deuil: “On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé” (Jn 20, 1-9)
N’aurions-nous pas pensé la même chose qu’elle à la vue du tombeau vide? Qui a enlevé le corps du Seigneur ? Pour le mettre où ? Elle doit penser à la fin des espoirs, fin de la si belle aventure commencée avec Jésus. .
Ce sont les mêmes ténèbres qui enveloppent les disciples sur le chemin d’Emmaüs, incapables de reconnaître le Seigneur dans l’homme qui les rejoint sur la route jusqu’à ce qu’il leur donne le signe de la fraction du pain.
Ce sont encore les mêmes ténèbres qui envahissent le cœur de nos contemporains, notre propre cœur parfois, quand nous nous laissons gagner par le doute, l’indifférence, le cynisme. Après 2.000 ans que reste-t-il du message du matin de Pâques ?
Présence de l’Eglise et annonce de la bonne nouvelle
Le touriste qui visite notre belle terre de France, notre département, ne voit-il dans les églises de nos campagnes et de nos villes que des témoignages architecturaux d’une histoire révolue ou sait-il que là, vivent des communautés de croyants qui se rassemblent à cause de Jésus, mort et ressuscité, à cause de la parole de témoins transmise jusqu’à nos jours ? Que donnons-nous à voir de notre foi ? L’Eglise, le corps mystique du Christ est-elle visible, reconnaissable ? L’évangile est-il annoncé ?…
Le disciple bien aimé, dans un même mouvement, voit le tombeau vide, comprend, croit et devient missionnaire. Jean dit de lui-même: “Il vit, et il crut.” A ce moment, seul Jean est capable de comprendre et d’interpréter le vide du tombeau. Il sait, en un instant, relire l’événement à la lumière de l’Ecriture et de ce qu’il connaît de Jésus pour dépasser les apparences et entrer dans la foi. Il comprend que “la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle” selon le mot du psalmiste et que désormais la mort n’aura plus le dernier mot : “Je ne mourrai pas, je vivrai”. Il sait que désormais Jésus le Messie sera présent d’une autre manière dans la vie des croyants. Il comprend que les temps ont changé. Qu’une nouvelle ère s’inaugure, celle de l’alliance nouvelle, fondée sur le sang versé pour la rémission des péchés, sur la victoire de la vie sur la mort. Aux autres disciples il faudra l’effusion de l’Esprit Saint à la Pentecôte pour entrer pleinement, de toute leur intelligence, de toute leur sensibilité, de tout leur être, dans la foi.
Nourris des sacrements, de l’enseignement de l’Eglise, c’est nous qui sommes à présent les héritiers, c’est désormais à nous qu’il appartient de transmettre ce que nous avons reçu, ce que nous croyons. Notre vie est-elle une vie de disciple transfigurée, renouvelée par la conversion du cœur et du regard et toute entière tournée vers l’annonce ?…
Pierre, resté silencieux devant le tombeau vide au matin de Pâques, ouvrira l’espérance du salut aux païens en acceptant de pénétrer dans la demeure d’un centurion de l’armée romaine pour y annoncer et témoigner du Christ ressuscité: “Quiconque croit en lui [en Jésus mort et ressuscité] reçoit par son nom le pardon de ses péchés” (Ac 10, 43).
Annoncer, témoigner de ce que nous croyons, nous envoie jusqu’aux “périphéries” selon le mot du pape François. Pour Pierre, c’était le centurion Corneille et bien d’autres qu’il croisera tout au long d’une vie toute entière donnée au Christ, jusqu’à la mort.
A qui vais-je annoncer, en ce matin de Pâques ma certitude que le Christ, invisible pour mes yeux, continue pourtant d’agir en ce monde pour lequel il a donné sa vie? A qui vais-je dire que je crois que le Christ est vivant, qu’il est présent dans les sacrements, et que si je vais à l’église, ce n’est ni pour la beauté de l’architecture, ni pour y rencontrer mes amis (quoique cela compte aussi), mais pour écouter la parole de Dieu, recevoir son pardon, me nourrir de la vraie vie en communiant au corps du Christ afin de pourvoir, à mon tour témoigner ?
Au matin de Pâques, nos frères orthodoxes ne se disent pas “bonjour”. Ils se disent “Christ est ressuscité!” et ils se répondent les uns aux autres “Oui, il est vraiment ressuscité!”. Que cette certitude soit pour vous fin des ténèbres, entrée dans la Lumière et qu’elle fasse de vous tous des disciples missionnaires au cœur de communautés paroissiales vivantes et rayonnantes !
+ Georges Colomb
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