En parallèle de la démarche synodale missionnaire diocésaine, plusieurs dizaines d’équipes se sont constituées pour réfléchir autour des dix thèmes proposés dans le cadre du synode “communion, participation,mission” qui a été proposé par le pape François en octobre 2021.
Après une première phase “nationale” (dans chaque diocèse jusque fin mars 2022, puis un long et patient travail de synthèse national), c’est à l’échelon continental que ce processus se poursuivra jusqu’au printemps 2023. Enfin, la phase de l’Église universelle s’ouvrira à Rome en octobre 2023, avec le synode proprement dit.
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Synthèse du diocèse de La Rochelle – Synode romain 2023
En guise d’introduction à cette synthèse, il est à signaler que notre Eglise diocésaine vit elle-même une démarche synodale actuellement. Reportée plusieurs fois à cause de la pandémie, celle-ci a commencé à la Pentecôte 2021 et se poursuit jusqu’au mois d’octobre 2022. Les documents ci-joints apportent toutes les précisions au sujet de cette démarche synodale qui a pour thème la mission (« En Christ, vers le frère ») et pour caractéristique d’être vécue en doyenné. 1600 personnes (ministres ordonnés et laïcs) sont impliquées dans celle-ci.
Le processus de consultation a été le suivant dans notre diocèse :
– il a été demandé aux paroisses de réfléchir aux thématiques de ce synode romain, en équipe pastorale et/ou en conseil pastoral. 11 paroisses ou secteurs pastoraux sur 44 ont répondu à cet appel.
– les chefs de services diocésains et les membres des équipes pastorales de paroisses ont effectué le même travail durant une journée diocésaine de réflexion.
– des chrétiens voulant se saisir des questions proposées pour ce synode se sont constituées localement en équipe en lien avec leur paroisse. Ces groupes sont seulement au nombre de 6, dont 2 équipes d’ACO.
Les comptes-rendus envoyés au-delà des délais n’ont pu être pris en compte.
Pour une plus grande clarté dans la réflexion et les échanges, il aurait été utile de définir le contenu et le sens de certain termes ayant trait à la vie de l’Eglise présents dans le questionnaire. A titre d’exemple : « autorité » ; « gouvernance », « hiérarchie », participation active de tous les fidèles à la liturgie », « style synodal », coresponsabilité ». « Le processus synodal est d’abord et avant tout un processus spirituel, il ne s’agit pas d’un exercice mécanique de collecte de données ou d’une série de réunions et de
débats » (Vademecum pour le synode sur la synodalité, 2.2).
Cette dimension spirituelle synodale a été pleinement vécue lors de la démarche synodale missionnaire actuellement en cours dans notre diocèse. Dans la perspective du synode romain, il s’est agi d’abord de la saisie des thématiques proposées sur lesquelles ont eu lieu des échanges et des débats à partir de la réalité ecclésiale locale. Les chrétiens du diocèse de La Rochelle se sont davantage impliqués à vivre l’esprit synodal en participant activement à la démarche synodale missionnaire (en doyenné), plutôt que d’y réfléchir dans la perspective du synode romain. C’est une autre manière d’emprunter le chemin synodal souhaité le Pape François.
1. COMPAGNONS DE ROUTE : TOUS FRERES SUR LE CHEMIN DE LA SAINTETE
Nous sommes tous des compagnons, car nous sommes en chemin : un chemin vers la sainteté. Sur ce chemin, nous retrouverons enfants, jeunes, couples, familles en général, collègues de travail, membres de l’équipe de sport, etc. La marche ensemble est édifiante et fraternelle car nos compagnons de route peuvent être les membres habitués de la communauté, les néophytes, les personnes âgées, les voisins et voisines. Cette marche a plusieurs points d’arrêt, pour la réflexion, à savoir la célébration liturgique, les démarches synodales, les repas fraternelles partagées et la réflexion dans le cadre de formations. Le compagnon de route peut être le prochain en devenir comme nous, une personne qui malgré le poids du jour s’efforce comme nous de relever le défi d’aimer malgré la différence, le défi de servir malgré les indifférences, le défi de secourir malgré le silence des uns et des autres. Cela peut-être un défi pour notre engagement baptismal : la relation horizontale et la relation verticale dans les états de vie (prêtre, laïc, etc). Nos compagnons de route sont aussi les gens qui partagent le même banc avec nous à l’église. Ai-je ce souci de les regarder pour dire un bonjour, un bonsoir ou plus ? Nos compagnons sont des gens qui nous aident à sortir de nous-même, de nos conforts, de nos sécurités, pour construire l’Eglise de demain plus sainte et plus humaine. La spiritualité de communion permet à ceux et celles qui sont sur la route de connaître le Christ et de leur donner la joie et le bonheur de croire d’une part et d’autre part de constituer un miroir par lequel les personnes avec qui nous marchons rencontrerons notre joie à la suite du Christ. Les compagnons de route sont les membres de nos familles (parents, époux, enfants, les divorcés en nouvelle union, etc). Être chrétien, c’est marcher avec d’autres à la suite du Christ. Comme le dit si bien Saint Jean Chrysostome, l’Eglise et synode sont synonymes. Pour grandir ensemble, nous essayons de nous constituer en famille et comme dans chaque famille nous tenons compte de tout à chacun (malade, faible, petits, divorcés, etc). Les permanences paroissiales d’écoute sont à la disposition pour un accueil, un accompagnement dans le discernement à la lumière de la parole de Dieu. Notre assemblée dominicale se veut fraternelle, amicale, où chacun se réalise pour la gloire du Seigneur.
2. ECOUTE
L’écoute est la première étape de notre « vivre ensemble ». Elle exige une ouverture d’esprit et de cœur sans préjugé. Alors, quelle place occupe-t-elle dans nos communautés chrétiennes ? Nos communautés chrétiennes sont à l’image de nos familles, de nos sociétés. Pas de temps pour l’autre, internet et les messages prenant la place d’une vraie discussion. Que c’est dommage, surtout pour la génération future. L’écoute mutuelle dans le respect et la discrétion a perdu sa valeur dans nos assemblées saintes. Néanmoins, certaines paroisses de notre diocèse réservent une place importance dans l’accueil de toutes personnes, familles, jeunes, divorcés en nouvelle union, etc … pour les réconforter dans un esprit de discrétion et de fraternité. Notre écoute doit être bienveillante et charitable. Un paroissien qui se confie à son curé doit se sentir libre et confiant, et vice versa. Pour cela, une formation à l’écoute est primordiale, tant pour les pasteurs que pour les laïcs. Ne pas écouter, c’est un manque de respect et de tolérance. Se méfier des préjugés, respecter les règles du jeu … Dans une famille, comme dans nos mouvements chrétiens, on a besoin de s’écouter surtout lorsqu’un membre a des difficultés particulières : handicap, maladie, chômage, divorce … Bref, nous ne savons pas écouter, au mieux nous écoutons ce que nous voulons écouter. Nous passons ainsi à côté de la profondeur de l’échange. Que le Seigneur nous donne lagrâce d’écoute mutuelle.
3. PRENDRE LA PAROLE
Prendre la parole requiert une formation. Savoir parler en publier, c’est un art. Comment bien parler si on ne s’écoute pas ? Comment prendre la parole, si on n’est pas recueilli ?
Nos communautés doivent réapprendre le savoir vivre. Quand et comment prendre la parole dans une réunion ou dans une assemblée chrétienne. Si tout le monde parle en même temps, c’est du désordre. Certes, la société dans laquelle nous sommes est ainsi, mais nous les chrétiens nous devons faire la différence :
– Favoriser le climat de paix
– Favoriser des temps de rencontre pour permettre aux gens de s’exprimer
– Favoriser le dialogue
– Aider les gens à expérimenter la vertu de l’amour.
A cet effet, ne faut-il pas passer d’un dialogue consultatif à la codécision ?
Les moments n’en manquent pas pour se parler franchement : temps de convivialité et de partage, rencontre en petite équipe de réflexion, sur le parvis de l’église, etc … Il faut qu’il y ait la confiance et la compréhension afin de s’exprimer librement et sans jugement. Devant les médias, nous devons oser dire notre foi sans ambigüité. Nous avons le droit de nous affirmer au nom de la communauté chrétienne en lien avec la paroisse.
4. CELEBRER
La célébration doit être active, vivante, participative, attractive, priante et accueillante. La liturgie doit être belle, doit donner envie à la personne qui arrive. Dans ce sens, comment notre célébration liturgique inspire et oriente notre « marche ensemble » ? La liturgie nous réunit. Elle permet d’entendre une même mélodie des cantiques qui nous connectent au divin. Elle donne la joie lorsque les acteurs sont en harmonies. Le groupe des lecteurs est à soigner, les servants de messe sont à former pour une belle et priante liturgie. La liturgie a des gestes, des rites, des symboles que les chrétiens doivent chercher à comprendre. Pour rendre accessible la liturgie, il faut mettre en place une initiation à celle-ci pour les participants mais aussi pour les chrétiens peu habitués à la célébration. L’ouverture des ministères institués de lectorat et d’acolytat pour les laïcs peut être une chance pour l’Eglise tout entière pour qu’elle prenne conscience de la beauté de celle-ci. La liturgie est un lieu de célébration des divins mystères du Christ. Nous devons en prendre conscience et bien soigner ce lieu pour que tous, d’un même langage, nous pouvons louer Dieu.
5. CORESPONSABLES DANS LA MISSION
La mission est une affaire de l’Eglise, c’est une affaire de tout à chacun. Nous devons la porter à bras le corps. Comment être missionnaire là où non vivons ? La mission nous invite à sortir de nous-même et à aller vers l’autre, pour le connaitre, l’aider, témoigner de Jésus. Tous missionnaires, tous unis au Christ, nous sommes invités à aller vers le frère. Nous sommes missionnaires en témoignant de notre foi : à la maison, au marché, au bureau … à travers des petits gestes simples. Le curé est missionnaire en se sacrifiant pour le troupeau qui lui est confié. Chacun à son niveau est responsable de la mission.
Ma mission peut être juste :
– Visiter un malade
– Faire les courses à un voisin
– Être bénévole à la paroisse
– Parler de Dieu à ses enfants
– Encourager les prêtres, les consacrés, les personnes engagées …
– Prier pour les séminaristes et leurs accompagnateurs
– Prier pour les familles, pour aider les couples à avoir des enfants …
– Accueillir l’étranger … (celui qui est différent de moi) – – – – Assister aux messes diocésaines pour louer ensemble le Seigneur autour de notre évêque
– Prendre des risques au nom de sa foi
Cependant certains domaines à ne pas négliger :
❖ Le milieu scolaire
❖ Le monde de la santé
❖ Le Secours catholique
❖ La famille, surtout les jeunes couples et les personnes divorcés
❖ La vocation en générale (famille, consacré, prêtres, …)
❖ La catéchèse
❖ Les cellules d’écoute
6. DIALOGUER DANS L’ÉGLISE ET DANS LA SOCIÉTE
Le dialogue est présent lorsque des sujets, tels que l’urgence climatique, la politique, concernent non seulement l’Eglise mais toute la société. Au sein de l’Eglise, le dialogue est présent dans les conseils pastoraux de paroisses, les instances des différents mouvements chrétiens. Mais le manque de communication freine ce dialogue. L’Eglise peut parfois être maladroite dans la gestion des conflits. Les laïcs ne sont pas toujours écoutés, sont souvent seulement de simples exécutants. Il est souligné l’importance de savoir discerner avant de donner une mission afin de ne pas surcharger une seule personne.
Au sein de l’Eglise, il est important de mettre Dieu au cœur de nos relations et d’être en vérité. Un gros effort de dialogue est à vivre entre les différentes générations de chrétiens. En effet, les approches de l’Eglise et de la société, et leurs rapports mutuels, sont différentes selon les âges des chrétiens, laïcs comme prêtres. Il est aussi nécessaire d’aller à la rencontre des personnes hors de l’Eglise, car vivre en chrétien c’est vivre en frères dans tout groupe et avec tous. Grâce aux différents mouvements et services diocésains, les liens se font entre les diocèses. Les prêtres fidei donum et les missionnaires nous rejoignant apportent une dimension universelle.
Dans cette mise en valeur du dialogue, il est nécessaire également de favoriser l’œcuménisme entre les chrétiens.
La présence de la pastorale de la santé comme de celle des migrants sont importantes dans les institutions publiques et permet de créer des liens plus élargis avec la société. Force est de constater que l’Eglise grandirait si elle n’était pas enfermée dans ses problèmes internes. Il nous faut des prêtres et des laïcs au contact des réalités sociales, politiques et économiques. En ce sens, il est nécessaire dans nos diocèses de relancer une pastorale rurale. Pour un meilleur dialogue, certains soulignent l’importance de la confiance mutuelle et de l’acceptation des points de vue avec humilité. Ainsi, il est important de mettre en place une formation générale à l’écoute. Historiquement, l’Eglise a eu le mérite de porter des projets de développement humain : éducation, santé, foyers de jeunes travailleurs, etc, mais au fil des temps, les services publics ont repris à leur charge beaucoup de ses institutions assurées par les catholiques. Comment l’Eglise peut-elle trouver sa place dans notre société actuelle en prenant en compte et en servant tous ceux qui sont laissés de côté ?
7. AVEC LES AUTRES CONFESSIONS CHRÉTIENNES
Unis par le baptême, nos relations avec nos frères des autres confessions chrétiennes sont fréquentes. Certains groupes œcuméniques existent depuis longtemps dans notre diocèse avec des échanges sur des thèmes et groupes communs ou des partages sur des textes bibliques. Un certain nombre de prêtres sont engagés dans cette pastorale. La difficulté se trouve dans la grande diversité des protestants, ce qui ne permet pas d’approfondir ces rencontres, car ils n’ont pas entre eux les mêmes réponses à certaines questions. Certaines personnes expriment leur regret que l’Ecriture commentée par un pasteur ou un laïc au Temple ne soit pas commentée de la même manière à l’Eglise. Agir ensemble est un point essentiel de l’œcuménisme.
8. AUTORITÉ ET PARTICIPATION
Les situations et les constats sont différents selon les paroisses. Dans certaines paroisses, il peut y avoir un certain « cléricalisme » opposé à toute démarche synodale. Certains considèrent les décisions de l’évêque comme parfois arbitraires. Cela manifeste le manque d’information sur les différents conseils entrant dans les processus de décision. Il est constaté parfois un manque de communication et d’écoute de la part des prêtres vis-à-vis d’initiatives de laïcs. Sur d’autres paroisses, il y a très peu de participation de laïcs et d’initiatives de leur part. En outre, il est constaté une grande difficulté de renouvellement pour des responsabilités à prendre. Cette diversité de situations concerne aussi la place et le rôle de l’équipe pastorale. Il est important de tenir compte des propositions des laïcs et leur donner des responsabilités selon leurs charismes, leurs capacités, en particulier pour les plus jeunes. Il est à rappeler que la vie comme les engagements des fidèles laïcs s’enracinent de manière primordiale dans leur vocation de baptisé-confirmé. Certains affirment qu’il s’agit de donner plus d’autonomie et de responsabilités aux engagements laïcs pour encourager les fidèles. Ceux-ci sont appelé à mieux découvrir que leur sacerdoce baptismal peut se déployer largement dans la société comme dans l’Eglise, bien au-delà d’une collaboration étroite avec un prêtre. Il est à noter que les baptisés qui s’engagent au service de l‘Eglise sont souvent difficiles à trouver. Certains réclament une charte des bénévoles, mais celle-ci existe déjà dans le diocèse. Elle mériterait d’être mieux connue. Les laïcs en responsabilité doivent aussi savoir accepter de changer, d’être secondés ou tout simplement d’être remplacés. La vie du baptisé ne se réduit pas au service accompli pour un temps. Il y a souvent la nécessité de mettre en place une formation pour les chrétiens recevant une responsabilité. Le conseil pastoral de paroisse doit se réunir régulièrement. L’équipe pastorale est un rouage essentiel et manifeste cet esprit synodal.Pour la nomination d’un nouveau curé, un groupe suggère qu’un questionnaire soit donné aux paroissiens afin de leur permettre d’exprimer leurs attentes. De manière fondamentale doit être souligné le fait que nous sommes tous frères dans l’Eglise quel que soient les responsabilités ou ministères reçus. La vie fraternelle est à développer dans nos communautés chrétiennes. En ce sens, à la suite du Pape François, il s’agit de dénoncer tout « cléricalisme » qui peut concerner et les clercs et les laïcs en responsabilité.
9. DISCERNER ET DÉCIDER
« Dans un style synodal, les décisions sont prises suite à un processus de discernement, sur la base d’un consentement qui jaillit de l’obéissance commune à l’Esprit ». Cette phrase, d’un texte sur la synodalité, souligne l’importance du discernement. Celui-ci est difficile dans un monde aussi complexe que le nôtre. Dans le dialogue, il s’agit de discerner le vouloir divin « en découvrant Dieu en toute chose » (Saint Ignace de Loyola). Il a été souligné que pour discerner et décider, il fallait d’abord se rencontrer et parler en vérité. C’est tout le contraire des jugements tout fait portés par des groupes autours de mêmes idées et approches. L’Action catholique a remis un document au Pape François : « Être apôtre aujourd’hui ». Il rappelle que la démarche du « voir, juger, agir » reste toujours pertinente pour transmettre la foi et vivre de l’Evangile. Elle rejoint aussi la démarche et l’esprit synodaux. Les équipes pastorales, le conseil pastoral, sont des lieux paroissiaux de discernement et de prises de décisions. Il s’agit de vivre une écoute attentive, de laisser chacun s’exprimer et faire des suggestions pour arriver à un consensus. Cet échange se doit d’être constructif, nourri de l’Esprit saint plutôt que de préjugés personnels.
10. SE FORMER À LA SYNODALITÉ
Tout fidèle en charge d’une mission a le devoir de se former. Le diocèse doit pouvoir faire des propositions de formation dans les différents domaines : accueil, préparation aux sacrements (pour des chrétiens non pratiquants), catéchèse des adultes et des jeunes, écoute, etc. Certains pensent qu’une Eglise synodale s’oppose à une Eglise hiérarchique. Il est nécessaire de poursuivre une réflexion et une formation à ce sujet pour une meilleure compréhension.
Il est possible de prendre connaissance des synthèses des autres diocèses de France, en cliquant sur la carte interactive des diocèses, que l’on trouve ici