"Pourquoi cacher les sentiments les plus précieux, pourquoi souffrir seul…" Méditation de Mgr Migliore autour de la Croix des Galets (25 août 2020)

26 Août 2020

Célébration des martyrs des pontons de Rochefort
Île Madame, 25 août 2020

En nous rendant à pied en pèlerinage jusqu’à ce lieu du martyre de tant de prêtres, il y a environ 230 ans, nous avons d’une certaine manière parcouru le chemin de Jésus au Calvaire.

Rappelez-vous ce passage de l’Évangile qui nous raconte comment un paysan, Simon de Cyrène, parcourait un jour lui aussi  ce même chemin, mais à l’inverse, parce qu’il rentrait en ville des travaux de la campagne.

Il s’arrête pour regarder cette victime qu’il ne connaissait pas : il était à moitié détruit, sanguinolent et devait encore trainer un gros morceau de bois sur les épaules. Il n’en pouvait plus. Alors les soldats l’ont forcé, lui, Simon, à porter cette croix. Initialement il se chargea de la croix à contre cœur, seulement par peur des soldats, mais la tradition nous dit qu’après avoir croisé le regard de Jésus, il ne sentait plus le poids de la croix, le regard de ce Jésus qu’il ne connaissait pas l’avait pénétré au plus profond de son cœur et lui donnait un sentiment de légèreté, de paix, de compassion, de fierté de pouvoir aider ce pauvre homme souffrant. La tradition nous dit que ce regard l’amena à devenir un chrétien fervent de la première communauté, avec ses fils Alexandre et Rufus.

Il y a quelque temps, un monsieur angoissé est venu me trouver qui me dit : « Père, je sais que demain ma femme viendra vous parler… elle ne le sait pas, mais elle a un cancer dans un état grave. C’est un secret, le médecin me l’a dit, mais pas à elle. Ne parlez pas de cela avec elle ; moi et mes enfants le savons, mais elle ne le sait pas… S’il vous plait, encouragez-la… »

Le jour suivant la femme me confiait : « Père, j’ai un cancer, mais mon mari et mes enfants ne le savent pas. Je ne veux pas qu’ils souffrent avant l’heure… »

Après de longues conversations individuelles j’ai essayé de les convaincre que nous devons faire comme le Cyrénéen, porter la croix avec Jésus, mais aussi avec ceux qui nous sont proches. Ensemble nous devons nous réjouir et pleurer, mélanger les larmes.

Aujourd’hui, durant ce pèlerinage, nous avons ramassé des galets que nous laisserons ici et qui contribueront à épaissir la croix de galets en souvenir des prêtres martyrs. C’est un geste suggestif. Mais nous pouvons aussi faire la même expérience que le Cyrénéen : porter nous-même, pendant une période de notre vie, la croix que Jésus porte encore aujourd’hui dans nos frères, chez ceux qui nous sont proches, comme ont commencé à faire à un certain moment ce monsieur et ses enfants avec la femme et la mère malade d’un cancer.

Pourquoi cacher les sentiments les plus précieux, pourquoi souffrir seul, quand tant de frères pourraient porter la croix, quand celle-ci est trop lourde ?

Le Cyrénéen, portant sur un bout de chemin la croix de Jésus, s’est aperçu que le partage avec celui qui souffre, avec une personne qu’il ne connaissait même pas, lui a fait du bien, il s’est senti envahi par une grande paix dans le cœur et a commencé à faire du bien aux autres.

Le pèlerinage que nous sommes en train de terminer signifie partager les joies et les souffrances et dépasser ce sens de l’orgueil ou de honte qui nous empêche de nous ouvrir aux frères et demander ou donner de l’aide.

Cela signifie s’éduquer à la compassion. Combien sont-ils à nos côtés, même des proches, qui connaissent des souffrances atroces et nous ne pouvons pas rester insensibles.

Prions pour que Jésus nous ouvre aux sentiments et gestes de partage et de compassion.

Mgr Celestino Migliore, nonce apostolique

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