Homélie du 5ème dimanche de carême – 29 mars 2020-03-27
Beauté et secret de la vie dans l’esprit : la vraie vie !
Les dimanches de carême nous permettent de mieux connaître notre Seigneur. Il est celui qui donne l’eau vive, l’eau de la vraie vie, celui qui vient pour sauver les hommes, celui qui est la lumière du monde. Dans l’évangile de ce jour qui nous rapporte la résurrection de Lazare, Jésus nous dévoile son identité d’une manière parfaite. Il est le Christ, il dit à Marthe qu’il est la résurrection et la vie.
Jésus accomplit la prophétie d’Ezéchiel que nous rapporte la première lecture «J’ouvrirai vos tombeaux». Dans ce passage d’évangile, Jésus rejoint ses amis, il est ému par leur chagrin, par la peine qui est la leur. La beauté de l’amitié partagée autorise Marie à lui faire un reproche. Elle lui dit « Si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ». En entendant cette remarque de Marie, nous pensons aux invectives adressées à Jésus sur la croix que Saint Matthieu nous rapporte dans l’évangile « Si tu es vraiment le Fils de Dieu, descends de la croix ».
La mort de Lazare et sa résurrection anticipent ce que Jésus vivra. Contrairement à ce que pensent Marthe et Marie et à ce que pensent certains chrétiens, Jésus ne nous promet pas de pouvoir échapper à la mort biologique, il nous promet la vie éternelle, c’est-à-dire la vie après la mort biologique. Saint-Paul, dans la lettre aux Romains, nous le rappelle : « Si le Christ est en vous, le corps, il est vrai reste marqué par la mort, à cause du péché, mais l’esprit vous fait vivre, puisque vous êtes devenus des justes ».
Pensons à notre propre vie ! Nous faisons l’expérience de la mort d’êtres chers. Un jour ce sera notre tour de quitter ce monde, nous n’échapperons pas à la mort biologique, mais le Christ nous entraîne dans une vie qui échappe aux limites de notre vie biologique. La vie dans l’esprit, d’ores et déjà, n’échappe-t-elle pas à ces limites ? Le confinement que nous vivons actuellement nous donne l’expérience d’une vie de prière plus intense, en famille ou en « ermite », selon notre situation. Approfondissons et goûtons au mystère de la communion avec tous ces parents et amis que nous aimons et ne pouvons pas rencontrer physiquement. Ils sont tout de même présents dans nos vies, nous communiquons avec eux d’une autre façon, nous parlons d’eux à notre Seigneur. Cette vie dans l’esprit, nous la tenons de Dieu par le baptême, nous la nourrissons par l’eucharistie. Chaque jour, nous vivons de l’esprit, seuls, en famille, dans notre vie sociale. Au-delà de cette séparation avec le monde visible, nous savons que nous resterons ceux qui sont aimés de Dieu. Nous savons que nous retrouverons ceux qui ont vécu et ceux qui vivent de l’esprit grâce à ce beau mystère de la communion des saints. Ayons conscience de cette « double vie » bénie qui est celle des disciples du Christ, savourons la joie de cette complicité spirituelle avec le Seigneur et entre nous. Demandons lui la grâce de la joie, celle de l’espérance que la vie dans l’esprit place au cœur de notre vie et pour l’éternité.
+ Georges Colomb
Évêque de La Rochelle et Saintes