Le Château d’Oléron

Eglise Notre Dame de l’Assomption

Une Filiation Médiévale

L’église actuelle, récente, a succédé à la très ancienne église paroissiale Sainte Marie, du vieux bourg d’Oleron, la plus ancienne de l’île. Edifiée sous Pépin le Bref, vers 760, fortifiée, elle fut rebâtie en 1072, car « vieille et vétuste ». Cette église romane, curieusement orientée Nord-Sud, fut pillée lors des guerres civiles du XVI° siècle et les religieux massacrés en 1561. Convertie en Temple Protestant de 1608 à 1625, elle fut rendue au Culte en 1628 après la reddition de la Rochelle. Le sanctuaire sera reconstruit en 1680 et consacré sous le vocable de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Mère de Dieu, qui est le titre premier de l’église du CHATEAU.

En 1684, on consacra la chapelle Sainte Anne.

L’église paroissiale Sainte Marie disparaît en 1688, voué à la démolition pour réaliser les défenses extérieures de la citadelle primitive. Louis XIV fit racheter des terrains que possédaient les chanoines réguliers de l’Ordre de Saint Augustin de l’Abbaye de Sablanceaux au lieu où fut rebâtie l’église actuelle . Ceci pour dire qu’elle est la continuité de l’église paroissiale primitive, sous le même vocable. Il est tout à fait remarquable qu’elle soit bâtie sur l’emplacement du vieux Prieuré Saint-James, fondé par Aliénor d’Aquitaine et Henri II Plantagenêt en 1159. Oeuvre caritative en souvenir de son père, Guillaume X, dernier de la lignée des ducs d’Aquitaine, lequel perdit la vie en 1137 lors d’un pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle (James est la forme anglaise de Jacques). Aliénor fit don de ce Prieuré à l’Abbaye de Sablanceaux qui fut érigée en 1136 par Geoffroy de Lauroux, grâce aux dons de Guillaume. En 1689, la Paroisse utilisera la chapelle prieurale qui subsistait et on superposa les deux sanctuaires. La crypte derrière la Maître Autel attend d’être ré ouverte.

Le Chantier de la nouvelle église démarra en 1699 par la façade ouest ; la nef et les deux transepts étaient construits vers 1703. Faute de crédits pour achever l’édifice, le choeur ne sera fermé qu’après 50 ans d’attente. C’est le curé Jean-Baptiste Descordes, arrivé en 1762, qui parachèvera le travail entrepris. Orientée Ouest/Est, en forme de croix latine, disposition classique face à l’Orient (d’où le mot orientée), au soleil levant, symbolisant la lumière nouvelle, message du Christ. En 1764 et 1765, le choeur achevé reçoit le magnifique Retable, don du curé Descordes.

Le Retable en bois de sapin du Nord, qui couvre les cinq pans du choeur, s’élève jusqu’au départ de la voûte à plus de 12 mètres. Les lambris moulurés montrent un décor de faux marbre et les dorures d’origine, lesquels ornements avait été recouverts d’une peinture « faux-bois » jusqu’en 1988, date de la Restauration du Retable. Les panneaux peints évoquent des circonstances de la vie de Marie et de Jésus, ainsi que les quatre évangélistes, accompagnés de leur symbole. Evangélistes que l’on retrouve aux angles extérieurs du clocher, sous la forme d’un tétramorphe. Le Retable est classé à l’inventaire des objets mobiliers en 1975.

Le Grand tableau du centre est l’oeuvre d’Etienne Garot-Dubuisson, peintre entretenu par le Roi au port de Rochefort. Datée de 1701, cette huile sur toile représente les Apôtres autour du tombeau, étonnés qu’il soit vide du corps qu’ils y avaient déposé. La Vierge est représentée s’élevant au ciel, entourée d’anges et de chérubins sur les nuées.

Le clocher attendra plus d’un siècle encore. La façade de l’église, alors, ne présentait qu’une élévation aveugle surmontée d’un campanile. On la connaît par le dessin aquarellé daté de 1875 de l’architecte bordelais Gustave Allaux qui conçut le clocher. Cette façade ouest sera ouverte pour réaliser l’arcade au-dessus de la tribune, de manière à accéder à l’aplomb du clocher. La cloche qu’on voit au campanile doit être celle fondue en 1782 par Cornillon à Saintes. L’élévation du clocher est la belle oeuvre du curé Jean-Baptiste Jullion arrivé en 1867. Les souscriptions se firent rares dans le contexte anti clérical de l’époque. Omer Charlet, alors Conseiller Général, obtint peu du Département. Ce fut Mme de Lacarre qui obtint du Ministre de la Marine un « secours assez considérable » en raison du fait qu’un clocher peut servir d’amer pour la marins. Le clocher est inauguré le 3 octobre 1883. Quatre cloches sont hissées au second glacis (beffroi) par la trappe visible sous le porche. Une plaque de marbre blanc commémore l’achèvement du clocher, œuvre de l’entrepreneur Lafougère. Elevé à 38 mètres au-dessus du parvis, le coq de cuivre au sommet de la croix historiée culmine à quelque 46 mètres au-dessus du niveau de la mer. La pointe de la croix qui sert de paratonnerre est en cuivre, à l’extrémité en platine. Le clocher comporte 3 parties :

    • le porche et le premier glacis derrière la tribune ;

    • le beffroi où se trouvent les quatre cloches ;

    • le niveau supérieur où se trouvent les quatre horloges avec en extérieur les « gables » et leurs élégants clochetons dont les fleurons sont posés avec des goujons en zinc.

    • La flèche elle même, aux arêtes ornées de nervures avec écailles en saillie.

Le tétramorphe Aux quatre angles du clocher, à mi hauteur, l’architecte Allaux a fait réaliser des sculptures en pierre, lesquelles, selon son thème de prédilection, représentent les figures symboliques des quatre évangélistes 

    • une tête de lion pour Saint-Marc ;

    • une tête de jeune homme pour Saint-Mathieu ;

    • une tête de taureau pour Saint-Luc ;

    • un aigle pour Saint-Jean.

Les voûtes Le plafond de l’église, à l’origine lambris fragile, fut refait en 1895, selon les plans des Architectes bordelais Lamy et Cloader. Une voûte en béton armé fut posée sur une armature métallique, procédé assez novateur (voûte en anse de panier). Les poutres qui soutiennent la charpente et reposent sur les murs latéraux de la nef sont des arbres entiers d’une section de 60 cm donnant une idée de la taille des arbres dans lesquelles elles ont été façonnées.

L’escalier à vis L’escalier tournant au sein d’une tourelle conduit à la tribune puis au second niveau du clocher, à la charpente, aux cloches et aux horloges. Cette tourelle est contemporaine de la construction primitive de l’église. Le raccordement des appareillages des pierres est visible de l’extérieur.

Les graffiti de militaires Modestes sans doute, mais attachants pour révéler un peu de l’histoire de leurs auteurs, nombre de graffiti, tracés au canif dans la pierre, ornent les parois de l’escalier à vis, vaisseaux de haut bord, barques, voilures, mâtures, vergues, dessins naïfs, esquisses inachevées, témoignages du passage en ces lieux de vétérans et canonniers de marine qui servaient les pièces de la citadelle.

Les graffiti de 1945 Les parois du premier glacis, derrière la tribune, comportent des graffiti tracés au crayon noir par les soldats français ayant libéré l’île le 1er mai 1945. Ils marquent un moment historique ressenti avec allégresse par des millions de gens à travers le monde. L’un porte ces mots : « Le 7 Mai 1945, nous sonnons les cloches du CHATEAU à 9h en l’honneur de la Paix pour l’Europe – signé : Un Caporal du 1/131° Mathieu R…. ».

Le Cadran solaire Le grand cadran solaire apposé sur le mur extérieur de la nef, exposé au Midi comme il se doit, date de 1881. Son inscription proposée à la méditation du passant relativise bien notre état : « COMME L’OMBRE QU’ICI L’ON VOIT FUIR A GRANDS PAS, AINSI PASSENT NOS JOURS ET NOUS N’Y PENSONS PAS ».

Les cloches Au nombre de quatre 

– Jacques-Françoise, datée de 1782, inscrite à l’Inventaire des Monuments Historiques ;

    • Omer-Elisabeth, datée de 1883, parrain Omer Charlet ;

    • Thérèse-Emilie, datée de 1883, à qui incombe la sonnerie de l’Agélus ;

    • Marie- Madeleine Raoul, datée de 1955. Cette dernière a remplacé la cloche offerte par le Comte et le Comtesse Belhomme de Franqueville, pesant 229 kg. Atteinte par les tirs des libérateurs français du continent, elle se brisa le 7 Mai 1945 lorsqu’on l’actionna à l’annonce de la Victoire sur l’Allemagne.

Les chapelles Les deux chapelles latérales dates de 1701 et 1703. A droite, la chapelle de la Vierge, dédiée à Marie, protectrice des Marins, étoile de la Mer qui les guide. Le nom de Marie, qui signifierait « Etoile de la Mer », désigne l’étoile polaire dans la littérature latine, repère fixe des navigateurs. Dans l’Antiquité, cette étoile est déjà associée au culte d’Isis, déesse égyptienne qui préside à la navigation et la force vitale féminine. Les Romains avaient déjà adopté ce culte et l’avaient associé aux cérémonies annuelles d’ouverture de la Mer. Le personnage chrétien de Marie a tout naturellement repris les fonctions de patronne des Mers et des marins sous le vocable de « Stella Maris » que lui ont donné les marins de CHATEAU d’OLERON . Cette chapelle, restaurée en 1854, elle est inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques.

On a voulu reproduire dans cette église reconstruite les mêmes dédicaces que celles de Sainte-Marie, avec la seconde chapelle dédiée à Sainte-Anne au Nord.

La chapelle du Saint Sacrement Cette chapelle de Sainte-Anne pouvait comporter des ornementations disparus, ordre toscan, fleurs de lys, pampres, denticules). Toutefois, la grille qui l’entoure a été conservée ; les deux portes du milieu comportent encore le motif central représentant l’Agneau étendu sur le livre aux sept sceaux. C’est en cette chapelle que se réunissait la Confrérie du Saint Sacrement de l’Autel de la Paroisse, de très ancienne fondation dans l’église Sainte-Marie, nouvellement érigée ici le 2 février 1839.

Le Maître-Autel du choeur En bois mouluré, peint, doré et décoré. Il est dit « principal » car il n’est pas accolé au fond du choeur, contrairement aux autels secondaires. L’encadrement central comporte le symbole christique de l’Agneau couché sur une croix au-dessus d’un livre. La réalisation du Maître-Autel serait du début du XIX°, postérieure à celle du Retable.

Le tabernacle La porte du beau tabernacle est ornée d’un motif en bois doré mouluré représentant le bon Pasteur. Autour de la porte, sur le fronton, une colombe symbolisant le Saint-Esprit. Au-dessus du tabernacle, le dais en bronze et laiton abritait autrefois l’ostensoir et remplacé par une croix en bronze.

Les fonts baptismaux Situés au fond de l’église, selon l’usage du temps, ils occupent un espace semi circulaire au centre duquel se trouve la cuve en pierre sur socle. Un couvercle en bois peint et doré surmonté d’une pomme la recouvre. A l’arrière, en hauteur, le mur s’incurve pour former une demie voûte ornée d’une multitude de caissons avec en leur centre une rosace. Une colombe, aujourd’hui disparue, était suspendue à la voûte, symbole de l’Esprit Saint, rappelant son apparition lors du baptême de Jésus par Jean-Baptiste au bord du Jourdain.

Les peintures Offertes le plus souvent par de généreux donateurs, elles étaient plus nombreuses qu’aujourd’hui. La nef en comportait 11 ou 13 . Omer Charlet, natif du CHATEAU, est l’auteur d’un certain nombre. Né au CHATEAU en 1809, élève à Paris du baron Gros et aussi d’Ingres, Pierre Louis Omer Charlet (1809- 1882), décédé à Hyères mais enterré au CHATEAU, n’est pas exactement bien représenté par ces tableaux ici, quoique deux fassent exception. .

La statuaire Malgré les ravages du temps et l’évolution de certaines mentalités qui considèrent le dépouillement des murs de nos églises comme plus conforme à l’esprit de notre temps, quelques pièces subsistent. Pourtant, la présence de ce mobilier avait été réfléchi afin de rappeler les modèles de vertus aux fidèles et non de vouloir verser dans l’idolâtrie.

La statue de Sainte-Anne est représentée tenant dans sa main un nid de colombes, car, rapporte -t-on, Anne était désespérée de n’avoir pu encore enfanter, ce qui fut, mais déjà âgée.

Jeanne d’Arc, patronne de la France au point qu’elle était fêtée par la République le 1er Mai. Son épée, sortie de la chapelle du village de Fierbois portait sur son pommeau les cinq petites croix, symbole du Saint Sépulcre.

Notre Dame du Sacré Coeur, Offerte le 3 octobre 1883 par la Comtesse Belhomme de Franqueville, cadeau de marraine d’une nouvelle cloche qu ‘elle fit fondre et offrir à l’église.

Notre Dame de Lourdes, Statue offert en 1890 par ladite Comtesse de Franqueville.

Sainte Germaine Par les vertus qu’elle incarne et le merveilleux que l’histoire de sa courte vie raconte, la petite bergère Germaine Cousin (1579-1601) à Pibrac fut un modèle de vie de travail, de pauvreté et de souffrance.

Saint Joseph Le père putatif de Jésus est indissociable de la statuaire de la Vierge Marie, mais toujours plus discret .

Les Verrières Elles ne furent posées qu’à partir de 1890, jusqu’en 1896. Ce sont deux Maîtres-Verriers bordelais qui ont été sollicités, G P Dagrand et Henri Feur.

Sur les 23 vitraux existants, 15 méritent l’attention et 11 présentent un décor plus ou moins recherché. Le choeur en comporte 6, les transepts 2, le nef 2 remarquables et 1 au clocher.

    • Le vitrail Est du choeur évoque le couronnement de Marie (1890) ;

    • Le vitrail Nord du choeur représente l’Assomption de Marie ( ) ;

    • Sainte Elisabeth de Hongrie (1890) ;

    • Sainte Amélie ;

    • Saint Louis ;

    • Saint Jean Baptiste ;

    • Notre Dame du Rosaire (1896) au transept Nord, offert par la famille Charlet-Boutiron ;

    • Saint Charles Borromée (1896), au transept Sud, offert par la famille Lafutzun de Lacarre ; tous ces vitraux sont de GP Dagrand.

    • Les deux vitraux de la nef sont dus à Henri Feur, Saint-François d’Assise (1895) et Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, ce dernier restauré en 1954 par F Bazin, verrier d’Art à Nantes, pour réparer les dommages dus aux bombardements

Les piliers de soutien de la tribune offrent les noms des soldats châtelains morts pour la France durant la Grande Guerre 1914-1918, ainsi que la liste des prêtres qui se sont succédé dans l’église de la Paroisse du CHATEAU.