Homélie du jour de Noël à St Denis

Qu’avons-nous fêté cette nuit ? Noël ! Oui, bien sûr ! Mais quel genre de Noël ? La célébration de la Nativité du Seigneur ou l’anniversaire de la naissance de l’enfant Jésus ?

Dans l’Eglise hier, nous avons bien chanté, et nous pouvons continuer :

Il est né le divin enfant, jour de fête aujourd’hui sur terre ;
Il est né le divin enfant, chantons tous son avènement.
De la crèche au crucifiement…

Nous célébrons bien là la Nativité du Seigneur qui nous fait entrer dans un profond mystère qui se révèle, là, aux hommes, et cela jusqu’à la fin des temps.

Mais si nous avions rejoint les périphéries qui entourent notre Eglise nous aurions pu chanter :

Il est né le divin enfant, chantez transistors, résonnez cassettes
Il est né le divin enfant, magnétoscopons cet évènement.

C’est le Noël du monde, ce monde qui nous entoure et auquel nous participons même si nous prétendons le contraire. J’exagère ? Regardez donc le nombre de selfies, de vidéos et de photos qui auront circulé de portable en portable sur les réseaux sociaux cette nuit ! A vrai dire on est loin de la célébration de la nativité.

Dans le film « deux heures moins le quart avant Jésus Christ » Jean YAN tient ce propos devant la crèche : « un enfant qui naît dans une étable ! Est-ce que cela va changer la face du monde ! Se reprenant, Jean YAN ajoute aussitôt : « quoi ! j’ai dit une bêtise ? »

Et bien oui, Monsieur Jean YAN, vous avez sans doute dit là une bêtise car la venue de l’enfant-Dieu dans le monde par sa glorieuse naissance a fait que tout est bouleversé par la foi de ceux qui ont reçu cet enfant, et cela, qu’on le veuille ou non ! Mais est ce que nous nous en rendons bien compte ? Finalement ne sommes-nous pas comme Jean YAN ? peut être ne faisons-nous pas assez attention à ce que nous ne fêtons pas seulement la naissance d’un enfant en cette nuit de Noël, mais surtout que nous célébrons la nativité du Seigneur comme promesse de vie éternelle.

La naissance d’un enfant ? Pour nous aujourd’hui, cela se passe en maternité : les relations des familles sont emprunts du poids des conditions sanitaires. Il n’y a pas si longtemps qu’on naissait chez soi. Et là résonne le vers célèbre de Victor Hugo : « Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille fait briller tous les yeux…… ». Alors le cercle de famille se retrouvait autour de la table ou au bistrot pour fêter l’évènement autour du père. La mère, elle, restait en retrait jusqu’à la fin des relevailles ; elle avait le temps de méditer sur sa condition.

Mais justement l’évangile de la messe de l’aurore ne nous présente pas une ambiance de fête à la crèche : pas de cercle de famille qui applaudit ; mais plutôt une attitude de contemplation nous invitant à entrer dans le grand mystère de l’incarnation de Dieu dans l’humanité, dans le mystère de la nativité.

Et si les bergers exultent en rendant gloire à Dieu, Marie, elle, « médite tous ces évènements dans son cœur » et cela, comme toutes les mères, n’en finissant jamais de reconnaître et de recevoir leur enfant. Mais la méditation de Marie n’est pas tout à fait celle de toutes les mères. Sa méditation ne peut que reprendre ce qu’elle a vécu lors de l’annonciation et de la visitation, ainsi que l’histoire du salut pour laquelle elle est devenue « la servante du Seigneur, celle que nous présente Saint Jean dans l’évangile de ce jour. Il suffit de reprendre chacun des versets de ce prologue pour y retrouver comment ce qu’a vécu marie s’y retrouve : foi en le Dieu unique, créateur, Dieu qui est la vie des hommes, qui parle par ses prophètes sans être accueilli par le monde et reçu par les siens ; foi dans ce Dieu qui a pris chair en elle pour que soit révélé le Père afin que ceux qui l’auront reçu soient nés de l’Esprit et soient enfants de Dieu. La méditation de Marie ne peut que nous rappeler la prière sacerdotale de Jésus après le lavement des pieds et au moment où Jésus entre dans sa passion à laquelle elle sera pleinement partie prenante jusqu’au pied de la croix dans l’Espérance de la résurrection.

Souvenons nous que le prologue de Jean était proclamé à la fin de chaque messe ; peut être pour nous rappeler que nous avions à méditer la révélation de l’histoire du salut comme le fit Marie, elle la première en chemin.

Dominique