TOUSSAINT

Il y a dans le nom de la fête de ce jour quelque chose d’éclairant !

Le terme même de TOUSSAINT est composé, en un seul mot, à la fois d’un singulier et d’un pluriel :

  • D’un pluriel : TOUS, au sens où personne n’est exclu de cet appel ;
  • D’un singulier : SAINT, car la vocation ici évoquée est celle de l’unique sainteté.

TOUS APPELES A LA SAINTETE, nous le sommes ; alors mettons immédiatement de côté l’image de super-héros parfaits que certains se font des saints.

Pour nous en persuader encore, écoutons l’une des plus grandes saintes des temps modernes, Sainte Thérèse de Lisieux, s’adressant à la mère de son carmel : « J’ai toujours désiré d’être une sainte, mais hélas, quand je me suis comparé aux saints, j’ai constaté qu’il y a entre eux et moi, la même différence qui existe entre une montagne dont le sommet se perd dans les cieux, et le grain de sable obscur foulé sous les pieds des passants. Au lieu de me décourager, je me suis dit : le Bon Dieu ne saurait inspirer des désires irréalisables ! Je puis donc, malgré ma petitesse, aspirer à la sainteté ! ».

Oui, vraiment, dans le peuple de Dieu en marche, en avant, les saints nous entrainent,  nous stimulent à aller plus loin, à aller plus profond dans notre suite du Christ. Et pour cela ils nous appellent avant tout à une attitude intérieure, celle de l’accueil.

Pourquoi je parle ici d’accueil ?

Le secret de la sainteté de tous ces hommes et toutes ces femmes que nous fêtons en ce jour, c’est l’accueil du Christ dans leur vie !

Ils ont cru en cet Amour du Christ !

Ils ont été saisis intérieurement par le Christ, expérience unique, personnelle, profonde et surtout superbe ! Soudainement, comme Saint Paul, ou après de nombreuses années de recherche comme Saint Augustin.

Le Christ vivant est devenu leur Ami ; ils ont rencontré ce Seigneur qui habite et anime leur vie.

Ils ont gouté cette bonté de Dieu, dans la prière ; ils ont pris le temps de s’asseoir pour l’écouter ; ils ont nourri et renouvelé ce lien, en vivant cette union au Christ, dans les sacrements. Et cette relation au Christ a suscité en eux des conversions, non sans combat, des renoncements, des choix, des engagements.

Ainsi ils sont entrés dans une vie nouvelle.

Finalement, façonnant leur cœur, jour après jour, avec le OUI de leur foi et de leur liberté, le Seigneur leur a donné d’aimer comme lui, rien de moins.

Le Seigneur a réalisé dans leur vie, ce qui semble impossible raisonnablement, à vue humaine : AIMER COMME LUI

Oui la sainteté n’est pas quelque chose qui se conquiert, mais une réalité vivante que l’on accueille.

Quelque soit son âge, sa vocation, sa culture, son époque, chacun des saints nous dit à sa façon, à la manière de Saint Paul : « Pour moi, vivre c’est le Christ. »

Comment alors ne pas entendre un appel pour nous à aller au large, à avancer en eau profonde, dans notre vie spirituelle, dans notre lien personnel avec le Christ ?

Et cette vague de sainteté ramène au rivage toutes nos hésitations, nos habitudes, nos faux-prétextes, notre médiocrité et notre bonne conscience, pour qu’ils y restent (sur le rivage), échoués pour de bon.

En effet, ici, il ne s’agit plus de rester avec le Christ dans une relation d’extériorité, de le laisser à la périphérie de notre vie, « en plus du reste », comme quelqu’un parmi d’autres. Il a son tour de dialogue ; Il a son tour d’attention ; Il a son tour de présence… mais pas plus, pas moins !

Et j’ai aussi besoin qu’il me laisse des plages libres, sans lui, comme les périodes de vacances au travail ; il y a tellement d’autres choses à faire, à vivre !

Aujourd’hui, la foule des saintes nous invite à quitter ce rivage où notre foi vivote.

Comment ne pas les entendre nous appeler à laisser au Christ la première place, à lui laisser le cœur dans notre vie ?

Alors nous connaissons ce bonheur, cette béatitude promise.

Pour laisser le Christ nous saisir, nous toucher au plus profond de nous-mêmes, et pour cela, comme avec un ami, un époux, donnons-lui du temps dans nos journées.

  • La joie, non pas de savoir des choses sur Dieu, mais de gouter sa présence en nous ;
  • La sérénité de connaitre sa fidélité ;
  • La paix de trouver en lui notre appui ;
  • La liberté intérieure pour le choisir et témoigner de lui avec audace ;
  • L’amour qui grandit, en se donnant.

Oui, ce matin, nous voulons faire monter avec toute l’Eglise vers le Seigneur une joyeuse louange, un acte de grâce émerveillée devant l’œuvre superbe réalisée dans la vie de tant d’hommes et de femmes.

Selon les paroles d’une préface de la messe : « dans la vie des saints, le Seigneur  nous procure un modèle, dans la communion avec eux, une famille et dans leur prière, un appui. Soutenus par cette foule immense de témoins nous hâtons le pas, dans notre suite du Christ pour lui ouvrir tout grand notre cœur, notre vie, lui qui nous appelle tous à ce bonheur de sainteté. Amen

                                                           P. Bertrand MONNARD