Pâques – Homélie du père Monnard

Christ est ressuscité,

                   Il est vraiment ressuscité

   Voici l’extraordinaire annonce qui nous réjouit ce soir, grâce aux témoins qui l’ont transmise depuis 2000 ans.

Mystère central de notre foi chrétienne qui vient éclairer notre vie d’une espérance unique et indépassable !

Bien évidemment ce mystère de la résurrection du Christ dépasse notre raisonnement humain, qui voudrait tout comprendre à partir de nous-mêmes. Mais on n’approche pas de Dieu, on ne connaît pas Dieu, comme un objet d’étude, une réalité de ce monde dont on puisse s’emparer ou encore en se disant : « est-ce-que cela correspond à mes idées ? »

        Non, cela ne marche pas comme cela, pour vraiment connaître Dieu : immanquablement, ce serait Dieu à notre façon.

         Si le Seigneur, comme le révèle Jésus, est essentiellement comme quelqu’un que nous prions, que nous pouvons nommer avec Jésus, comme étant notre Père, nous ne pouvons le connaître, dans ses profondeurs, que s’il se révèle lui-même, s’il nous adresse la Parole.

          Cela est déjà vrai dans nos relations entre personnes humaines, cela est encore plus vrai avec le Seigneur.

          Le Seigneur a choisi de nous dire son nom, de se révéler en la personne et la vie de Jésus, partageant notre expérience humaine.

           Et pour bien accueillir ce mystère de la résurrection, il faut le mettre en lien avec toute l‘existence terrestre de Jésus.

                                 Quelle a été cette vie du Christ ?

Une vie entièrement donnée pour celui qu’il appelle son Père et pour les autres – résumée, ressaisie en son dernier repas= Ceci est mon corps, ma vie livrée pour vous.

      Cette existence achevée par ce sommet= le don de sa propre vie sur la croix.

«  Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »

On ne peut rien faire de plus. En langage humain, en expérience humaine, le Christ en croix nous dit l’infini de l’Amour de Dieu pour chacun de nous.


Si Dieu est cette plénitude d’amour, notre Père choisissant de venir parmi nous en Jésus le Christ, celui-ci ne peut être limité par la mort. D’une manière positive, le désir de ce Seigneur d’Amour est ce projet de communion avec lui, dès maintenant et pour l’éternité, et c’est bien le don de l’Esprit Saint qui réalise cette communion.

Oui avec Jésus ressuscité, l’Amour de Dieu l’emporte sur toutes les nuits de notre vie, le mal, la souffrance et même la mort comme rayonne le cierge pascal dans l’obscurité de cette église.

Le point d’aboutissement de notre vie n’est plus le néant, l’absurde, la mort, mais bien cette vie en Dieu= Amour de don et de communion que nous n’aurons jamais fini de découvrir et de goûter dès ici-bas mais encore dans l’au-delà de notre mort.

Cette vie de Dieu déjà en nous depuis notre baptême et qui ne demande qu’à grandir, grâce à notre foi

                      « Grâce à notre foi »

Car vous l’avez remarqué, la résurrection du Christ ne s’est pas imposée de manière éclatante, merveilleuse, comme une évidence que l’on serait obligé de constater.

Non, avec les apôtres, le Christ renoue une relation, réveille leur foi. L’Amour, plus fort que la mort, ne peut s’imposer.

Le propre de l’Amour est de faire signe, de se proposer pour être accueilli, reconnu librement par chacun d’entre nous.

                     « Seul l’Amour est digne de foi »

Cette foi, c’est fonder toute notre vie sur le Christ mort et ressuscité qui nous conduit au Père dans l’Esprit.

Nous sommes des baptisés, plongés dans ce sublime mystère de Dieu qui n’est qu’AMOUR :

                        Père, Fils et Esprit

Fêter Pâques, c’est inscrire ce mystère dans notre vie et laisser le Christ nous entraîner,

A mourir à tout ce qui nous centre sur nous- même,

Pour naître à la joie du don : ouvrir  notre vie à la gratuité, au service

A mourir à la peur, à la tiédeur de notre foi,

Pour naître au bonheur de la foi où notre audace, notre force se trouvent d’abord dans le Christ qui fonde notre vie= notre seul appui

A mourir aux conformismes « Les autres ne sont pas chrétiens, je ne me manifeste pas, je fais comme les autres, je suis le mouvement.

Pour naître à la vraie liberté dans notre amitié avec le Christ, l’unique référence pour choisir de vivre vraiment l’Evangile

Fêter Pâques, c’est encore éliminer de notre vie, ce qui est ancien, vieux, ce qui relève de l’homme ancien, selon l’expression de St Paul

Ce qui est ancien c’est de penser accéder à Dieu, par nous-mêmes, nos pensées, nos mérites, c’est introduire du donnant-donnant dans notre vie avec Dieu (Si je fais ceci, tu me donnes cela) Vieille religion naturelle !

Ce qui est nouveau c’est de nous laisser saisir par le Christ, d’être tout accueil à ce Seigneur qui vient nous dire la vérité de son Amour, vivre une disponibilité du cœur, un accueil comme des mains qui s’ouvrent, qui reçoivent, qui prient.

Ce qui ancien c’est de considérer notre corps, comme celui des autres,  comme des objets ; ce corps humain que nous pouvons d’ailleurs négliger ou bien au contraire idolâtrer, ce corps humain, atteint, blessé, éliminé, lorsque la mort est donnée : de l’avortement à l’euthanasie.

Ce qui est nouveau c’est de respecter l’incomparable dignité du corps humain. Selon St Paul le corps est le temple de l’Esprit promis à la résurrection. Il est en effet l’expression de notre personne, comme sujet de relations aux autres et au monde.

Ce qui est ancien, c’est de penser que nous ne pouvons pas dépasser nos pêchés mais aussi nos limites, y compris la plus grande, celle de la mort. C’est de manquer d’espérance, pour les autres, comme pour le monde.

Ce qui est toujours nouveau, c’est de nous appuyer sur le Ressuscité dont rien n’arrête l’Amour, cet Amour qui veut transfigurer notre vie et d’abord les aspects les moins glorieux de celle-ci.

Oui, avec le Christ mort et ressuscité pour nous, passons, dans notre vie, de l’ancien au nouveau, de la mort à la vie.

En ce sens, nous pouvons nous souhaiter mutuellement de Joyeuses Pâques.

Amen, Alléluia

                                                                       Père Bertrand MONNARD

                                                                       Pâques 2024