TEMPS DE PANDEMIE : REPENSER AU SENS DE L’EXISTENCE
Le courage se voit dans l’imprévu des situations et parfois le sacrifice prend une forme inattendue, mais c’est un vrai sacrifice. Malade, notre société l’était déjà à tous les points de vue : économique, éducatif, artistique, sanitaire, social et spirituel ; mais d’un coup en quelques semaines, la société est fébrile dans son corps tout entier : tous ses membres sont exposés à la maladie.
Ce contexte de pandémie oblige à repenser au sens de l’existence, à purifier les représentations enfantines de la foi religieuse, pour se poser dans un face-à-face lucide avec l’énigme de la condition humaine. Si nous ne mourrons pas tous du covid-19, nous allons tous mourir un jour, et quitter ce monde : «c’est juste une question de jours avant que tu meurs» dit l’adage. Ce monde n’est pas un lieu où l’on reste, mais un lieu où l’on passe. Ce n’est pas la vérité des quelques-uns, c’est la vérité pour tous. Celle que nous avions si délicatement relégué aux oubliettes des réalités essentielles.
Plus à donner
La question se reporte alors sur la valeur de chaque jour. Si le temps est compté pour tous, les citoyens de confession chrétienne ont plus à donner à cette époque qui souffre. La responsabilité des chrétiens s’atteste dans l’annonce du triomphe de l’amour, celui que nous aurons su donner, celui que nous serons devenus. Une personne de confession chrétienne n’est-elle pas prophète du monde qui vient de par-delà la mort ?
Une célébration religieuse dans une église n’est pas un îlot pour s’extraire du monde, mais une assemblée où le salut du monde entier est pris en compte. Lorsque nous pourrons communier à nouveau au Corps du Christ ressuscité, nous ne communierons pas seulement pour nous, mais aussi pour les autres, et pour le monde. Plus exactement, pour que les autres trouvent ce qu’ils ont le droit de trouver dans le cœur d’un frère et d’une sœur de confession chrétienne: l’accueil, le sourire, le pardon, l’amour et la confiance.
Le pain de l’autel et le vin du calice sont devenus la chair vivifiée par l’Esprit et le sang de l’Alliance. Ils ne sont pas le fait de l’homme mais de l’Esprit de Dieu qui consacre le fruit de la terre et du travail des hommes pour qu’ils deviennent par la foi de l’Église, la manifestation de l’amour du Père pour eux. Ainsi, le corps et le sang de Jésus ressuscité reforment les cœurs et disposent le corps à incarner l’amour dont le Père aime déjà chacun irrévocablement et sans condition.
Cette soudaine privation de Messes est à recevoir comme une invitation pour chaque français de confession catholique à redécouvrir ce qu’une célébration de la Messe signifie et réalise.