L’Avent, temps de préparation à la venue du Seigneur

            Qu’est précisément pour nous l’Avent ? Le martyrologe romain annonce pour le premier dimanche de l’Avent : «Le premier dimanche du temps de préparation à la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ».

            L’Avent est donc nettement un temps de désir, d’aspirations, d’attente. Pour que la nourriture soit profitable, il faut que le corps ait la sensation de la faim. Dieu non plus ne veut pas imposer sa grâce à des âmes rassasiées. «Ceux qui ont faim, Il les remplit de biens ; quant aux riches, Il les renvoie les mains vides“. C’est là une des plus anciennes lois du royaume de Dieu. C’est pourquoi, pendant quatre semaines, l’Église nous fait ressentir la faim spirituelle, le besoin de Rédemption, afin de nous rendre dignes de recevoir la grâce de la Rédemption.

            L’on peut se demander comment éveille l’Église en nous ce sentiment de faim spirituelle. Eh bien, Elle le fait avec une grande maîtrise ; Elle nous représente dramatiquement le premier avènement du Christ et, dans ce drame sacré, Elle nous fait partager la faim spirituelle, l’ardent désir des plus nobles et meilleurs personnages qui ont attendu la merveilleuse méthode éducative dont Dieu s’est servi pour préparer l’humanité à la venue du Rédempteur.

            Cette préparation divine a été triple.

L’Ancien Testament nous conduit comme un éducateur vers le Christ.

– Quand la plénitude des temps fut arrivée, Dieu envoya un précurseur spécial : sa personne, sa vie annonçaient l’avènement du Christ.

– Enfin Dieu bâtit pour son Fils un temple de pierres précieuses : le corps et l’âme de la Mère de Dieu.

            Cette triple préparation à la venue du Christ doit nous instruire à attendre l’avènement de grâce du Christ. L’on comprend maintenant pourquoi ces trois personnages occupent une place si large dans l’Avent : l’Ancien Testament (en particulier, le prophète Isaïe), Saint Jean-Baptiste et la Sainte Vierge Marie.

1) Le porte-parole et l’interprète de l’Ancien Testament est le prophète Isaïe. Il incarne à la fois la préparation de Dieu et les désirs de l’humanité. Ce serait une méditation intéressante de parcourir tout l’Ancien Testament et d’y rechercher les prophéties messianiques. On verrait comment, après s’être présentées en quelques traits obscurs, elles deviennent sans cesse plus précises, plus claires, plus vivantes. C’est ainsi que Dieu faisait l’éducation de l’humanité pour la conduire vers le Rédempteur. On passe ainsi du Protévangile à travers Noé, Abraham, Jacob, Moïse, David, Salomon, jusqu’aux Prophètes dont Isaïe est le principal. Notre Mère l’Église a fait de cette révélation graduelle de Dieu un principe de sa Liturgie. Et nous le voyons particulièrement dans l’Avent.

            Isaïe nous présente les nobles fruits de l’Ancien Testament. Il est le représentant de tous les justes qui, avec toute l’ardeur de leur âme, ont imploré le Rédempteur. Il doit évoquer dans notre âme cette ardeur de désirs. C’est pourquoi son imploration : «Cieux, répandez votre rosée ; nuées, laissez tomber le juste (le Rédempteur) ; que la terre s’ouvre et fasse germer le Sauveur», est devenue la prière d’Avent la plus connue de la chrétienté.

2) Quel est le rôle que joue saint Jean-Baptiste dans l’Avent ? Sa vie, sa parole, sa personne sont une préparation à la venue du Christ. Dieu en a fait le précurseur, le héraut du premier avènement du Christ ; l’Église en fait le héraut et le précurseur de l’avènement du Christ par la grâce. Quand il parut jadis, il prêcha au peuple juif la pénitence et la conversion : «Convertissez-vous, le royaume de Dieu est proche». Il nous prêche la même chose aujourd’hui. L’on peut dire que c’est le Baptiste qui a fait de l’Avent un temps de pénitence : «Préparez les voies du Seigneur, rendez droits ses sentier ; toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline sera abaissée ; ce qui est courbe sera redressé». Cette parole est pour nous une exhortation à un véritable renouvellement de vie.

3) Il y a une manifestation particulière de la bonté et de l’amabilité de Dieu dans le fait qu’Il a rendu l’œuvre de la Rédemption si humainement proche de nous : le Rédempteur devait devenir un enfant des hommes, se soumettre au cours de la nature, être conçu et enfanté. Ceci nous montre la condescendance de Dieu dans l’œuvre de notre salut ; Il ne voulait pas nous apparaître comme le Dieu terrible ; Il voulait être un véritable Emmanuel (Dieu avec nous). Ainsi Dieu a introduit une noble figure de femme dans le plan de la Rédemption ; elle devait y coopérer. Tout cela est si aimable et si touchant que la chrétienté ne peut détacher son regard de ce souvenir. Elle ne cesse de voir la Mère avec son divin Enfant.

            On comprend, donc, pourquoi l’Église nous fait marcher à travers l’Avent en compagnie de Marie et nous fait puiser nos méditations dans le cœur de Marie. Si l’Avent est en premier lieu une préparation à la venue du Christ par la grâce, quel plus beau modèle pouvons-nous trouver que Marie, qui reçut corporellement le Christ, Lui donna asile et eut le droit d’être appelée sa vraie Mère ? Oui, le mystère, de la maternité divine, le plus sublime symbole de l’habitation de Dieu en nous, doit trouver une large place dans l’Avent. C’est pourquoi nous entendons sans cesse retentir la cloche de l’Ave.

            On a donc un triple accord merveilleux : Isaïe, Jean Baptiste et Marie ; une harmonie dont chaque son est d’une mélodie rare : saints désirs, pénitence, union à Dieu. Voilà ce que doit être pour nous l’Avent.

            Or, le temps de l’Avent se partage en deux grandes parties :

a) la première comprend les deux premières semaines de l’Avent. Pendant ces deux semaines, l’invitatoire salue «le Roi qui va venir».

b) à partir du troisième dimanche, l’Église accentue son attente : “Le Seigneur est tout près“.

a) Dans la première partie, les deux dimanches représentent deux étapes.

– le premier dimanche nous apporte le message : «Le Roi vient»;

– la seconde annonce est faite avec plus de précision : «Il vient vers Jérusalem» (c’est-à-dire dans l’Église).

b) La seconde partie commence immédiatement avec un chant de joie :

– «Réjouissez-vous dans le Seigneur ; je vous le dis de nouveau, réjouissez-vous car le Seigneur est proche». C’est la première étape.

– La seconde est constituée par les Quatre-Temps qui nous apportent un nouveau message : «Le Seigneur vient comme Homme». Nous entendons la préhistoire de sa naissance.

– Une troisième étape est constituée par les antiennes O. Ce sont les jours de l’attente la plus pressante de l’Avent.

Au soir de la vigile de Noël, enfin, nous nous tenons devant les portes qui s’ouvrent et donnent au monde le Sauveur.

            Dieu a révélé le Rédempteur d’une manière progressive et l’Église l’imite dans sa Liturgie. C’est ainsi également que les choses se passent dans notre vie : dans notre âme aussi, la lumière du Christ se fait de plus en plus claire jusqu’à ce que nous ayons atteint notre maturité et que nous puissions voir la face rayonnante du Rédempteur, à l’heure de notre mort.